La prise de la cité minière de Rubaya par la coalition M23-RDF-AFC explique la guerre du Rwanda
  • lun, 20/05/2024 - 11:14

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1609|LUNDI 20 MAI 2024.

Le 30 avril, les rebelles du M23 et les militaires rwandais qui se battaient aux côtés d'eux, ont pris le contrôle de Rubaya, la cité minière congolaise d'importance planétaire pour sa production du minerais du coltan, dont elle détient 50 à 60% de la production mondiale. La cité est tombée après plusieurs jours de combats intenses entre les FARDC et ces hommes du président rwandais Paul Kagame.

Le coltan est principalement utilisé dans la fabrication de condensateurs au tantale, indispensables aux téléphones portables et à de nombreux appareils électroniques.

Willy Ngoma, porte-parole militaire du M23 dirigé par les Tutsis, a déclaré à l'agence de presse britannique Reuters que la cité, située à à environ 40 kms au nord-ouest de Goma, était désormais sous le contrôle de la coalition M23-RDF-AFC.

Du coup, les hommes de Kagame ont établi un comptoir à Rubaya, mais n'achetait pas ce minerais qui voulait. Toutes les transactions minières sont surveillées depuis la mine jusqu’au comptoir, aucun minerai ne peut être vendu en dehors de ce système, a expliqué un négociant local, cité par le journaliste Daniel Mishombero sur X.

Selon ce journaliste témoin, « depuis trois jours, tous les minerais qui étaient dans les dépôts et d’autres qui ont été extraits sont transportés vers Mushaki jusqu’au Rwanda. Nous avons appris qu’ils vont dicter une nouvelle loi sur les minerais à Rubaya. Ils ont fixé leur prix pour l’achat des minerais. 1kg du manganèse est passé de 85 à 50 $US ».

Chef du bureau de la division minière de la province du Nord-Kivu basé à Goma, Raphaël Mboko Kaponyola a déclaré que « le trafic de minerais vers le Rwanda s’est intensifié depuis que la coalition M23-RDF-AFC a pris le contrôle, l’année dernière, des principales routes d’exportation de la région, à partir de la mine de Rubaya, le plus grand producteur de coltan du Congo ».

KINSHASA INTERPELLE APPLE.
A Kinshasa, le ministère des Mines a exprimé sa préoccupation face à l'introduction de nouvelles taxes par la coalition M23-RDF-AFC sur l'exploitation des minerais congolais dans la mine de Rubaya. Cette dénonciation a été formulée dans un communiqué publié le mardi 14 mai.

Sur le site minier de Rubaya, actuellement sous occupation du M23-RDF-AFC soutenu par le Rwanda, les négociants et les creuseurs artisanaux se voient contraints de verser une taxe unique de 3000 $US par tonne pour le coltan et 2000 $US par tonne pour la cassitérite, indique le communiqué du ministère des Mines. Le paiement de ces taxes s'effectue à Kigali, la capitale du Rwanda, après la vente des minerais, précise le document.

Le ministère des Mines souligne que le M23 a réuni tous les négociants et creuseurs artisanaux dépendant du site minier de Rubaya pour fixer de nouvelles modalités de travail et obtenir l'autorisation de poursuivre leurs activités. C'est lors de cette réunion que la nouvelle tarification leur a été imposée.

Le ministère des Mines affirme que la rébellion acquiert les minerais produits sur ce site, les stocke dans son dépôt de Mushake, avant de les exporter vers le Rwanda. Cette pratique constitue une violation flagrante des dispositions internationales et régionales en la matière.

Le ministère appelle ses partenaires, notamment les Nations Unies et la CIRGL, la Conférence internationale pour la région des Grands-Lacs, à imposer un embargo au Rwanda pour violation des accords internationaux sur l'importation et l'exploitation de minerais extraits dans des zones de conflit. Le ministère espère un engagement ferme de tous les acteurs, y compris les consommateurs finaux des produits miniers, en faveur d'un approvisionnement en substances minérales sain et responsable.

Il n'est plus de doute aux yeux d'observateurs extérieurs. La guerre à l'Est du Congo et ses millions de morts est justifiée par le commerce illicite de minerais critiques, étain, or, coltan et tantale, extraits du Congo, qui passent en contrebande au Rwanda, en Ouganda, au Burundi.

La cité de Rubaya était donc dans le viseur des stratèges du Rwanda.
Du coup, le Congo a demandé à la firme américaine Apple de fournir davantage d’informations sur sa chaîne d’approvisionnement, craignant qu’elle ne soit contaminée par des minéraux issus de zones de conflit.

Apple a affirmé qu’aucun élément ne prouvait que les fonderies ou raffineries de sa chaîne d’approvisionnement finançaient de groupes armés au Congo ou dans les pays voisins ou que ces groupes armés tiraient profit de ces fonderies et raffineries.
La mine de Rubaya est située à l’Ouest du lac Kivu, Golfe de Kabuno, à la limité du Rist Est Africain dans le Nord Kivu, territoire de Masisi.

Cette mine reconnue grâce par sa grande production du minerais du coltan, est développée à partir de l’exploitation souterraine artisanale avec la Société Minière de Bisunzu, SMB.

Les problèmes hydrologiques dans cette mine demeurent cependant préoccupants. Chaque année plusieurs cas d’inondation de la mine et des glissements de terrain sont enregistrés occasionnant des pertes en vie humaine. Du point de vue géologique, la mine est constituée par un terrain de soubassement caractérisé par le Kibarien (Méso Protérozoïque) de direction NE-SW qui couvre une grande partie de terrain du Kivu.

Le terrain Ruzizien (Paléo Protérozoïque, le plus bas) de direction NW-SE (Paléo protérozoïque) est peu représenté. La minéralisation en coltan est exploitée dans les pegmatites. Une forte intrusion granitique (granite du mont Hango) caractérise cette mine. Le sol de cette mine est saturé et son état de contrainte du sol est défini par le tenseur en 2D.

La mine est au-dessus d’une nappe peu profonde dont le niveau piézométrique est situé à environ 105 m de profondeur. La porosité est faible car toutes les fissures sont colmatées par les remplissages (argile et granite). Cette porosité est calculée par le volume des vides sur le volume total de la roche. Le coefficient de perméabilité est fonction du fluide avec l’eau comme élément important suivi de la viscosité.

Dans cette mine, l’écoulement est unidirectionnel. Pendant les travaux d’exhaure dans la mine, les eaux sont évacuées et rejetées non loin de la limite de la nappe souterraine. Toutes les quatre heures d’exhaure la mine est toujours inondée.

Etant donné que les études sur la répartition des charges hydrauliques, la géométrie et la perméabilité de la nappe n’ont pas encore été approfondies pour des raisons d’ordre technique, il a été évoqué une hypothèse que la cause de noyade régulière de la mine serait la mauvaise orientation des eaux refoulées lors des travaux d’exhaure avec comme conséquence les eaux rejetées à la surface s’infiltre progressivement et atteignent de nouveau la nappe d’origine.

Pour protéger la mine, des travaux d’exhaures sont à envisager en tenant compte du coefficient d’emmagasinement, du débit d’eau et du temps requis pour le fonctionnement du système sans pompage. La suite de travaux consistera à déterminer le dimensionnement de puisard et les installations de circuit d’exhaure dans le but de faire fonctionner le système d’exhaure dans les meilleures conditions.
ALUNGA MBUWA.


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