La voix du Congo est-elle mieux entendue à Washington?
  • lun, 31/10/2022 - 16:34

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1564|LUNDI 31 OCTOBRE 2022.

On n'aurait jamais imaginé cela ! Washington qui s'en prend nommément au Rwanda et, plus grave, à son armée, dans le dossier Congo et dans les Kivu, en citant le mouvement rebelle M23 ! Il y a quelques années, qui l'eût cru? Dans une prise de parole écrite lue mercredi 26 octobre 2022 lors d'une réunion du Conseil de sécurité des Nations-Unies consacrée à la région des Grands Lacs, l’ambassadeur américain Robert Wood, représentant alternatif pour les Affaires politiques spéciales au sein de la Mission des États-Unis auprès des Nations unies, a clairement évoqué le rôle du Rwanda dans la résurgence du M23, et condamné les violences dans l’Est du Congo, les qualifiant d’«inacceptables».
La parole du Congo, dans le contexte de la guerre en Ukraine et, du coup, russo-américaine, est-elle désormais mieux entendue à Washington ?

Robert Wood a indiqué que les États-Unis d'Amérique exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables du Congo.

«Ces violences sont inacceptables, et les États-Unis exigent des groupes armés qu’ils mettent fin à leurs attaques contre les populations les plus vulnérables du Congo. Nous appelons également les acteurs étatiques à cesser de soutenir ces groupes, notamment l’aide apportée par les Forces de défense rwandaises au M23», a déclaré le diplomate américain.

Il a souligné que la MONUSCO, la Mission de l’Organisation des Nations-Unies pour la Stabilisation du Congo, reste essentielle pour ramener la paix dans l’est du Congo et dans la région au sens large, et elle mérite le soutien total et sans équivoque.

« Elle aussi a subi des pertes au fur et à mesure de la dégradation de la situation en matière de sécurité, avec notamment la mort d’un Casque bleu pakistanais le mois dernier dans une attaque odieuse. Je présente mes condoléances à la mission, au Pakistan et à la famille du Casque bleu », a ajouté l’ambassadeur américain.

Il a fait savoir que la rhétorique anti-MONUSCO augmente le risque déjà important pour les Casques bleus. «Nous sommes donc préoccupés par les appels à son retrait immédiat et nous exhortons la RDC à travailler avec la MONUSCO en vue d’un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les critères du plan de transition conjoint. Personne ne plaide en faveur d’une présence permanente de la MONUSCO en RDC.

Mais, elle sert un objectif important qui rejoint les intérêts de la région des Grands Lacs dans son ensemble : protéger les civils, perturber les réseaux illicites et contribuer à stabiliser les institutions de gouvernance et de sécurité », a-t-il martelé.
Il s'est montré prudent face au déploiement des troupes de la Communauté d’Afrique de l’Est, CAE, en sigle.

« Les États régionaux, de manière bilatérale et par le biais de la CAE, ont également déployé des soldats pour faire face à l’insécurité croissante dans l’est de la RDC. Alors que ces actions progressent, il est impératif qu’elles n’aggravent pas une situation déjà tendue».

DÉJÀ EN JUIN 2022.
Et de poursuivre:
« À ce titre, nous demandons aux dirigeants régionaux de veiller à ce que les forces bilatérales et multilatérales respectent les droits humains, donnent la priorité à la sécurité des civils et s’abstiennent de toute activité illicite, telle que l’extraction de ressources naturelles.

Il est tout aussi essentiel qu’ils se coordonnent avec les Forces armées de la RDC, la MONUSCO, les organismes humanitaires des Nations unies et les organisations non gouvernementales, et qu’ils complètent leur travail important».

Les États-Unis relativisent même l’option militaire : « Les États doivent également notifier formellement cette assistance au Comité des sanctions 1533, conformément aux résolutions existantes du Conseil de sécurité, y compris les forces burundaises déployées bilatéralement et dans le cadre de la Force régionale de la CAE.

Comme c’est souvent le cas, nous avons passé beaucoup de temps aujourd’hui à parler de solutions militaires à un problème politique. Il va de soi que l’instauration de la paix dans les Grands Lacs ne passera pas par la force. La paix dépend d’un processus politique, d’une volonté politique et de solutions politiques », a t-il ajouté.

Robert Wood a également souligné le soutien de son pays à la mission onusienne.
« La MONUSCO reste essentielle pour ramener la paix dans l’est de la RDC et dans la région au sens large, et elle mérite notre soutien total et sans équivoque. Elle aussi a subi des pertes au fur et à mesure de la dégradation de la situation en matière de sécurité, avec notamment la mort d’un Casque bleu pakistanais le mois dernier dans une attaque odieuse. Je présente mes condoléances à la mission, au Pakistan et à la famille du Casque bleu ».

Puis : « La rhétorique anti-MONUSCO augmente le risque déjà important pour les Casques bleus. Nous sommes donc préoccupés par les appels à son retrait immédiat et nous exhortons la RDC à travailler avec la MONUSCO en vue d’un retrait progressif, responsable et conditionnel, guidé par les critères du plan de transition conjoint. Personne ne plaide en faveur d’une présence permanente de la MONUSCO en RDC.

Mais elle sert un objectif important qui rejoint les intérêts de la région des Grands Lacs dans son ensemble : protéger les civils, perturber les réseaux illicites et contribuer à stabiliser les institutions de gouvernance et de sécurité ».

Le 29 juin 2022, le représentant adjoint des États-Unis d'Amérique auprès des Nations-Unies, Richards Mills, avait exprimé les regrets de son pays face aux déclarations du gouvernement rwandais qui remettait en cause l'impartialité de la MONUSCO dans le cadre du conflit qui l'oppose au gouvernement congolais.

Lors d'une réunion au Conseil de Sécurité des Nations-Unies, mercredi 29 juin 2022 à New-York, il avait eu ces mots :
« Nous sommes extrêmement troublés par les déclarations du Rwanda mettant en cause l'impartialité de la MONUSCO. La mission a travaillé dur pour mener à bien les objectifs de son mandat de manière impartiale dans un environnement de plus en plus complexe. De telles déclarations encouragent l'hostilité envers les soldats de la paix de la MONUSCO et elles sont inacceptables », a-t-il dit.

Puis : « Pour être clair, toute rhétorique incitant à la violence ou augmentant autrement les risques pour le personnel de la MONUSCO et sa sûreté et sa sécurité est inacceptable ».

Les États-Unis ont également appelé à bannir toute rhétorique susceptible de déclencher des violences contre les locuteurs du Kinyarwanda ou les personnes d'origines rwandaises vivant dans l'est de la République démocratique du Congo.

En juin 2022 aussi, l’ambassade des États-Unis à Kinshasa s’était démarquée de toutes les autres chancelleries sur les combats dans le territoire de Rutshuru. Sans langue de bois, la représentation américaine avait évoqué ouvertement la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais rejoignant la position du gouvernement congolais.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par les récents combats dans l'est de la RDC et par la présence signalée de forces rwandaises sur le territoire de la RDC. Les comportements provocateurs et les propos incendiaires doivent cesser», avait écrit l'ambassade américaine, dans un tweet, sur son compte Twitter.
avec AGENCES.


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