Le Congo joue gros
  • ven, 30/08/2013 - 05:28

Dernières nouvelles de la ligne de front:
- De nouvelles bombes sont tombées sur Goma.
- De nouvelles morts au Congo et au Rwanda.
- Kigali bloque des sanctions contre le M-23.
- Face à l’évident double langage de l’Occident, nos réponses sont-elles vraiment appropriées?
- La France appelle à la tenue urgente d’une réunion du Conseil de Sécurité à New York.

Pour les Nations Unies, la question ne se pose plus désormais. Le M23 est responsable des tirs sur son allié rwandais. «Le secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a confirmé à l’instant que le M23 avait tiré de manière répétée et délibérée sur des civils de Goma et sur la Monusco», a rapporté jeudi au micro de Rfi Alexis Lamek, adjoint de l’ambassadeur français à l’ONU. «Edmond Mulet a également souligné que le M23 tirait sur le territoire rwandais, à partir de positions qu’ils tiennent sur le territoire de la République démocratique du Congo. Edmond Mulet a par ailleurs précisé que les seules observations de tirs qui sont effectués sur le territoire rwandais viennent des positions tenues par le M23».
Tout est donc clair comme l’eau de roche. On comprend pourquoi le Rwanda a bloqué mardi ai Conseil de sécurité une proposition franco-américaine de sanctions contre deux responsables du M23. Le Rwanda s’est aussi opposé, rappelle-t-on, depuis une semaine à plusieurs projets de déclaration du Conseil sur la situation à l’est de la RDC, qui dénonçaient les tentatives du M23 pour avancer sur Goma et les attaques contre les Casques bleus de la Monusco.

Des blindés rwandais font mouvement.
Du côté du Rwanda, on ne l’entendait pas de cette oreille. C’est le Congo qui a tiré des obus sur le Rwanda.
«Une ligne a été franchie par le Congo. Les civils rwandais sont pris pour cibles par les forces armées congolaises. Nous ne pouvons pas tolérer cette provocation plus longtemps, et nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire», a déclaré Olivier Nduhungirehe, ambassadeur adjoint du Rwanda à l’ONU. Le maire adjoint de la ville rwandaise de Gisenyi, Ezechiel Nsengiyumva Buntu, a indiqué qu’une Rwandaise avait été tuée et son enfant grièvement blessé jeudi matin par un obus tiré «volontairement» du Congo.
«Cette provocation ne peut plus être tolérée. Nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire», a renchéri la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo. «Nous avons les moyens de déterminer qui a tiré sur nous et nous n’hésiterons pas à défendre notre territoire. Le Rwanda a la responsabilité de protéger sa population», a-t-elle ajouté, dans un communiqué.
Et des véhicules militaires rwandais, dont des blindés, ont été vus jeudi soir sur la route reliant Kigali à Gisenyi, en direction de la frontière avec le Congo. C’est sans doute à la suite de la dégradation de la situation militaire que la France a réclamé la tenue urgente d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée au Congo. Après cette escalade verbale et militaire, une guerre ouverte est donc à nos portes En fin de semaine dernière déjà, la pluie d’obus tombée sur Goma jeudi et dimanche, a fait six morts. Et l’ONU dit avoir des «informations crédibles et cohérentes» sur un soutien de l’armée rwandaise aux rebelles du M23. Pourtant, la communauté internationale paraît toujours aussi désemparée face à Kigali. Aux accusations s’ajoutent des accusations contre le Rwanda. Des troupes rwandaises se sont infiltrées au Congo «durant ces derniers jours», explique l’ONU. Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a ainsi contacté le président rwandais Paul Kagame pour «lui demander instamment de faire preuve de retenue».
Quand des bombes continuent de tomber à l’est du pays, à Kinshasa, les hommes politiques s’apprêtaient à se rendre - comme si de rien n’était - aux Concertations nationales qui doivent s’ouvrir le mercredi 4 septembre et chacun exige de s’y rendre. A quoi peut servir cette rencontre qui fait courir à Kinshasa les hommes politiques si elle ne peut régler la question de l’est du pays? Certes, nos jeunes ai front se battent avec bravoure. Le porte-parole militaire au Nord-Kivu des FARDC, le colonel Olivier Hamuli, a assuré que l’armée gardait ses positions depuis le déclenchement des hostilités, à Kibati, à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma.
Mais face au double langage des Occidentaux, les réponses que nous apportons sont-elles appropriées? Quand les Occidentaux parlent de «solution politique» (lire article page 5, de mal en pis), parlent-ils d’une rencontre locale dans la Capitale d’hommes politiques ou veulent-ils nous pousser à «mieux entendre» les revendications présentées - en leur nom ? - par le M23 à Kampala? Il est clair - et comme c’est souvent le cas - notre pays connaît une passe délicate de son histoire. Dans cette phase, notre pays mise gros. A lui de bien manœuvrer, en renforçant le front diplomatique qui seul permet de contourner les pièges.

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