Rarement janvier a été politiquement aussi actif
  • lun, 31/01/2022 - 18:18

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1545|LUNDI 31 JANVIER 2022.

Quel sort attend désormais l'homme fort de l'UDPS, Jean-Marc Kabund a Kabund ? Qui en la matière pourrait s'avancer ?

Certes, dès le lendemain de son tweet du 14 janvier, annonçant sa décision «de démissionner» de ses fonctions de 1er Vice-président de l'Assemblée nationale, des réactions de compassion ont fusé de toutes parts, sa villa à Kingabwa, commune de Limete, a été prise d'assaut par ses soutiens comme par des partenaires politiques.

Mais depuis, c'est à un reflux que l'on assiste autour de Jean-Marc Kabund quand les déclarations politiques n'arrêtent de tomber comme jamais auparavant en janvier.

Janvier est un mois de congé pour les élus. C'est la période des vacances parlementaires après la clôture le 15 décembre de la session ordinaire.

Cette année, il n'en est rien.
Après l'incident du 12 janvier survenu sur la Route des Poids Lourds au cours duquel la patrouille de police commise à la garde du 1er Vice-président de l'Assemblée nationale désarme un militaire de la Garde présidentielle, GR, dont le véhicule roulait en sens inverse, le lendemain, 13 janvier, c'est un escadron de GR armés qui se rend, à bord d'une jeep de service, à la résidence de Jean-Marc Kabund a Kabund pour régler ses comptes.

En dehors d'une communication officielle, c'est aux réseaux sociaux que le pays se fie. Des éléments de la GR, l'unité de l'armée en charge de la sécurité du Président de la République et de sa famille, furieux de l'humiliation publique subie par l'un des leurs, auraient enlevé la police au domicile du 1er Vice-président de l'Assemblée nationale qui est aussi président a.i de l'Union pour la démocratie et le progrès social, le parti présidentiel.

Pis que ça : des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des images largement partagées de ce domicile faisant état d'une mise à sac : cuisine, salle à manger, bureau, etc.

Diverses sources assurent que du personnel civil employé à la résidence de Jean-Marc Kabund ont été arrêtés et emmenés sous bonne escorte. Des témoignages des riverains assurent cependant que les éléments de la Garde présidentielle ne se seraient jamais introduits dans la maison!
Il n'empêche.

TON D'UN «PROCHE».
Le 14 janvier, un jour après cette mise à sac, le tweet tombe : «En ce jour, je prends la décision de démissionner de mes fonctions de 1er VP de l'AN. Ainsi s'ouvre une nouvelle page de l'histoire, qui sera écrite avec la sueur de notre front, qui coulera chaque jour qu'on affrontera les brimades, humiliations et tortures ».

Au 29 janvier, ce texte enregistrait 7189 likes, un chiffre qui dépasse le double des likes réalisés à ce jour par le compte @kabund_jmkkrock.
Mais c'est le même 14 janvier que tout va basculer.
Le ton est donné par un proche du Président de la République, l'avocat député Peter Kazadi.

Sur une radio privée à Kinshasa, l'homme autrefois DirCaba du président de l'UDPS alors Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, répond à un journaliste qui l'interrogeait sur cette démission comme signe de «fragilisation du régime».
«Pourquoi ça va fragiliser le régime? Nous sommes un parti de masse. Nous avons connu beaucoup de départs, d’éminentes personnalités qui pensaient qu’après elles, ça serait la mort de l’UDPS, encore que M. Kabund n’a pas annoncé son retrait de l’UDPS». Puis : «Le parti a d’autres députés qui vont combler ce poste et la vie va continuer.
C’est sa liberté. C’est en toute conscience qu’il a pris sa décision, qu’il n’a pas motivée du reste. Je constate et je m’incline».

Quatre jours après, le 19 janvier 2022, à la tête d'un groupe de députés provinciaux de Kinshasa membres de l’UDPS,
Kazadi donne lecture d'un communiqué demandant «instamment» aux députés nationaux de l'UDPS d’engager la procédure de remplacement de Jean-Marc Kabund.

« Prenons acte de la décision de démission de l’honorable Jean-Marc Kabund du poste du 1er vice président de l’assemblée nationale telle qu’annoncée sur son compte Tweeter officiel et demandons instamment aux députés nationaux de l’UDPS d’engager les procédures de son remplacement ; invitons la convention démocratique du parti de se réunir sans délai en vue de prendre des sanctions exemplaires et de restaurer la légalité durablement foulée aux pieds par l’honorable Jean-Marc Kabund».

Les députés nationaux ne sont pas fait prier. Comme concomittamment, ils déclarent le même jour, dans un communiqué : «Désavouons notre collègue Jean Marc Kabund et prenons acte de sa décision de démissionner des fonctions de 1er vice-président de l’Assemblée nationale au nom de l’UDPS et non pas à titre personnel et de ses autres fonctions au sein du parti que nous devons continuer ensemble pour servir l'intérêt de notre peuple».

BIEN MALIN QUI PREDIRA.
Puis : « Demandons aux structures compétentes de l’UDPS d’intervenir sans délai afin de tirer toutes les conséquences qui s’imposent pour la bonne marche du parti au pouvoir, la réussite du mandat présidentiel en cours, ainsi que le succès et la conquête du second mandat».

Le 17 janvier, les présidents des groupes parlementaires de la majorité à l’Assemblée nationale réaffirment leur loyauté au Chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, «seul Chef et visionnaire de l'Union sacrée de la nation». Ces élus déclarent que «l'Union Sacrée de la Nation reste une, unie et indivisible pour l'accomplissement de sa vision au bénéficie du peuple».
Le 21 janvier au tour des Secrétaires nationaux du parti présidentiel.

«Prenons acte de la démission unilatérale de M. Jean-Marc Kabund (sans consulter ni le Chef de l'Etat ni le Parti) à la 1ère vice-présidence de l'Assemblée Nationale, cela constituant un manque de respect et/ou un chantage à l'endroit de la Haute Autorité de Référence du Parti. Pour ce motif, nous condamnons cette attitude et le désavouons. Par conséquent, lui retirons toute confiance».

Puis : « Demandons à nos députés nationaux et provinciaux ainsi qu'à toute la base de l'UDPS d'en tirer toutes les conséquences de droit et politique».

Lundi 24 janvier 2022 au tour des leaders des regroupements politiques membres de l’Union Sacrée de la Nation rassemblés avec, à leur tête, les deux présidents des Chambres et le Premier ministre, de s'exprimer sur le sujet. «L’occasion a été mise à profit pour passer en revue, très brièvement, la situation politique du moment.

Il a été convenu, après avoir analysé brièvement ce qui se passe au pays, que les chefs des regroupements politiques de l’Union sacrée de la Nation puissent se décider d’exprimer en cette circonstance, leur attachement à son Excellence Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, chef de l’État et fondateur de l’Union sacrée de la nation». La liste est loin de se terminer.

Le 27 janvier, profitant d'une cérémonie d’échange des vœux, les sénateurs UDPS et Alliés et les démocrates, déclarent «réitérer leur soutien à Félix Tshisekedi» tout en «déplorant les deux années perdues dans une coalition improductive CACH et FCC». «Ils invitent les membres de l'Union Sacrée de la Nation et toute la majorité autour du Chef de l'Etat à rester mobilisés face aux enjeux et à l'agenda politique devant conduire le pays aux prochaines élections, et proposent in fine la tenue des assises de l'Union Sacrée de la Nation pour une structuration inclusive et plus efficace en vue d'accompagner le Chef de l'Etat dans la mise en œuvre de sa vision pour le Peuple d'abord ».

Cerise sur le gâteau, le 29 janvier, une structure de l'UDPS - la Convention Démocratique du Parti - ayant réuni députés nationaux et provinciaux, ministres nationaux et provinciaux, mandataires publics membres de l'UDPS, a publié un communiqué dans le «dossier disciplinaire» qui était sous examen depuis quelques jours. En plus de destituer Jean Marc Kabund de ses fonctions de président a.i de l'UDPS, la CDP l'a définitivement exclu de l'UDPS.
Le désaveu est total. Mais est-ce la fin de l'affaire? Bien malin celui qui pourrait prédire la suite...
D. DADEI.


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