- mer, 06/11/2024 - 15:37
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1623|MERCREDI 6 NOVEMBRE 2024.
Il s'imaginait (peut-être à tort) que le dossier était à jamais clos. L'ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon (qui fut aussi ministre des Finances, en même temps, au même moment, n'ayant imposé qu'un ministre délégué aux Finances, son ancien conseiller, sans pouvoir, dépendant strictement de lui) vit certainement le moment le plus libre, le plus rêvé de ses années récentes. La justice qui avait promis de fixer son affaire traîne bizarrement les pas...
Et, du coup, l'homme a retrouvé ses airs d'antan, multiplie les apparitions publiques, les discours, vante ses œuvres, en premier, celle iconique, son Université de Kindu (créée dans une période hautement suspecte), dans le Maniema, sa province d'origine, des professeurs d'exception amenés de toutes parts, de la terre entière, des diplômes d'exception délivrés à des étudiants d'exception ! Quel mot a-t-il malencontreusement placé le 31 octobre lors de son intervention à la plénière de l'Assemblée Nationale?
OU SONT PARTIS CES MILLIONS ?
Cela lui a valu d'être littéralement recadré par «l'Alligator» congolais, le Chef anti-fraude congolais, l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, Jules Alingete Key. Dans un texte paru sur son compte X (ex-Twitter) qui a fait le buzz, Alingete écrit : «#RDC J’ai suivi avec étonnement l’intervention de l’honorable MATATA PONYO à l’Assemblée Nationale ce 31 octobre 2024, lors de la plénière consacrée à l’examen et à l’adoption de la Loi des Finances 2025, quand il a affirmé qu’il n’avait jamais été au courant des conclusions de sa gestion à la tête du Gouvernement. Je me fais le devoir de lui rappeler que, selon le rapport de l’IGF, il est l’auteur présumé de malversations financières de 208 Millions de dollars des fonds publics destinés au projet BUKANGA LONZO». 7:10 PM. 31 oct. 2024. @ALINGETEJULES_K
Sur le dossier Bukanga Lonzo, qui fit couler de longs mois tant d'encre, et qui paraît curieusement s'éteindre jour après jour, au grand bonheur de l'ancien Premier ministre congolais, il existe une question de fond.
Si Augustin Matata Ponyo Mapon a, un jour, misé sur le fait que jamais, au Congo, un ancien Premier ministre ne pourrait être traîné devant un juge pour être entendu sur des actes répréhensibles qu'il aurait commis à l'époque où il était en fonction, qu'en dirait-il sur le fond? En clair, ces 208 millions de $US que l'Inspection Générale des Finances a documentés et qu'elle estime que l'ancien Premier ministre a empochés depuis un compte bancaire logé en Afrique du Sud, au fond, Matata Ponyo les a-t-il empochés, oui ou non ?
Si l'ancien Premier ministre ne les a pas pris pour lui, pourrait-il dire aux Congolais où ces sommes sont passées? Est-il possible que lui, Augustin Matata Ponyo Mapon, qui fut en réalité à la tête de cette entreprise, le Parc Agro-Industriel de Bukanga Lonzo, disposant de tous les pouvoirs, ne puisse pas ne pas savoir quel (s) chemin (s) ces sommes ont prises ?
Si, Augustin Matata Ponyo Mapon, aidé par ses avocats prétend, devant les Hauts juges, que sur la forme, le législateur congolais dont le texte - la Constitution du 18 février 2006 - est au débat, l'a mis totalement à l'abri de toute poursuite, et qu'il n'est justifiable devant personne, pourrait-il au moins dire un mot quant au fond, sur ces fonds ? Il y va de la crédibilité de notre pays.
Il faut souligner qu'une séance de travail a réuni lundi 4 novembre, l’Inspecteur Général Chef de service et la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Au menu : le renforcement de la contribution de l’Inspection Générale des Finances, IGF, à l’action gouvernementale, a communiqué la Primature.
«Nous avons rencontré la Première Ministre, Cheffe du Gouvernement, pour apporter la contribution de l’Inspection Générale des Finances à l’action gouvernementale dans les volets des finances publiques, de la gestion des établissements et entreprises publics, ainsi que de l’économie nationale, en général. Nous avons abordé des questions en rapport avec l’organisation des recettes, la gestion des établissements et entreprises publics, ainsi que certains problèmes économiques», a déclaré Jules Alingete.
Il a été aussi question des défis liés au projet de loi de finances pour l’exercice 2025. Selon Jules Alingete, l’apport de l’IGF est fondamental pour assurer une mise en œuvre réussie de ce budget, tant en termes d’optimisation des dépenses publiques que de collecte des recettes.
«Nous avons suivi les débats à l’Assemblée nationale. En tant qu’Inspection Générale des Finances, service d’audit placé auprès de l’Exécutif, nous avons identifié les actions à mener pour garantir le succès du budget 2025. C’est également l’une des préoccupations que nous avons partagées avec l’autorité. Quelle peut être notre contribution à la bonne exécution du budget exercice 2025, tant en ce qui concerne la rationalisation des dépenses publiques que la mobilisation des recettes», a affirmé Alingete.
Judith Suminwa Tuluka a exprimé sa volonté de travailler main dans la main avec l’IGF pour garantir une gestion rigoureuse des finances publiques. Les discussions ont mis en lumière la nécessité de prendre des mesures concrètes afin d’améliorer la gestion des finances publiques et celle des entreprises publiques, en vue de favoriser une économie nationale plus dynamique.
ALUNGA MBUWA.