Fayulu rejoint Fatshi
  • jeu, 03/07/2025 - 16:41

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1638 | LUNDI 09 JUIN 2025.

Nul doute, l’opposant Martin Fayulu Madidi en a eu marre de l’opposition…

Lorsque jeudi 13 avril 2023, Fayulu se rend à Lubumbashi, résidence principale du puissant ancien gouverneur du Grand Katanga, Moïse Katumbi Ch apwe, avec deux autres candidats présidents déclarés Augustin Matata Ponyo Mapon et Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu, nul ne cache rien devant les médias après deux jours de rencontre. Pas un doute, pour Martin Fayulu Madidi, les carottes sont cuites. Si, à la présidentielle de décembre 2023, certains avaient rêvé d’une candidature unique de l’opposition, ce fut le chacun pour soi, Dieu pour tous. Félix Tshisekedi, le président sortant arrache la mise avec 73,34% des voix exprimées. Suivi de Katumbi, 18,08%. Le volubile « homme de la vérité des urnes », n’apparaît qu’à la troisième place, 5,33%. Suivi de son ex-frère Adolphe Muzito Fumutshi, 1,12%. Débat clos. Fayulu se rapproche plus que jamais de Fatshi. La politique est une realpolitik.

Deux heures de rencontre jeudi 5 juin 2025 à Kinshasa au Palais de la Nation. C'est dans le bureau officiel du Chef de l’État et dans le salon des ambassadeurs où le Président de la République reçoit ses homologues quand ils viennent en visite au Congo qu'est reçu Martin Fayulu Madidi et une délégation de son parti politique Engagement Citoyen pour le Développement ECIDé notamment en tête-à-tête. Une rencontre qui survient dans un contexte sécuritaire tendu, marqué par des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles de l'Alliance Fleuve Congo AFC/Mouvement M23 soutenus par le Rwanda.

C’est la deuxième fois depuis 2018 que les deux ex-amis se voient en public. La dernière fois, ce fut lors de la campagne présidentielle de 2023 quand la Commission Électorale Nationale Indépendante, CÉNI, avait, dans un «cadre de concertation des candidats Président», réuni tous les candidats pour fixer les règles du jeu. La poignée de main avait fait parler à l’époque. «Une simple courtoisie», avaient rétorqué les partisans de Fayulu.
Pas de poignée de main le 5 juin 2025 mais une chaude et franche accolade sur les images prises au début de la rencontre. «Je suis content de vous voir et nous allons échanger à cœur ouvert», lance le Chef de l’État d'entrée de jeu. Tina Salama, sa porte-parole décrit sur son compte X (ex-Twitter) une rencontre sollicitée par le leader du parti politique ECIDé, qui «se déroule dans une atmosphère conviviale en vue de la cohésion nationale ».

Une occasion de balayer un grand nombre de sujets, la crise sociale, la crise politique et surtout la crise sécuritaire que traverse le pays avec toutes ses conséquences, précise Fayulu aux médias à la sortie. Il évoque la gravité de la situation actuelle. « Le pays est dans une phase très difficile. Nous sommes attaqués de partout. Nous avons besoin de la cohésion nationale. Je suis venu pour lui dire que nous n’avons pas trente-six solutions. Nous devons créer un camp de la patrie. Il faut que l’on se voit dans le cadre d’un dialogue. Et celui qui ne vient pas n’est donc pas un patriote ».

Il a plaidé pour un « dialogue social » et a appelé le président de la République à rencontrer les responsables religieux, notamment ceux de la CÉNCO, la Conférence Épiscopale Nationale du Congo et de l’ÉCC, Église du Christ au Congo, porteurs d’une proposition de pacte social.
Selon Fayulu, le président a promis de recevoir les religieux à son retour de Kolwezi, capitale du Lualaba, dans le Haut Katanga. Interrogé sur une éventuelle entrée de son camp dans les institutions, l’opposant précise que ce sujet n’avait pas été abordé.

EST-CE LE BON INTERLOCUTEUR ?
Trois jours avant, le 2 juin, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, il avait décrit la situation actuelle comme l’une des périodes les plus sombres de l’histoire du Congo, appelant au dialogue et à un «sursaut d’honneur et de responsabilité» pour préserver l’unité et l’intégrité du pays, estimant que le Congo traversait une «crise existentielle», faisant face à un risque imminent de balkanisation à cause de l’insécurité et de l’activisme de groupes armés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Régions en grande partie sous le contrôle du groupe rebelle AFC/M23, soutenu par le Rwanda.

Il interpelle trois acteurs politiques qu’il estime capables de jouer un rôle dans la résolution de cette crise : Corneille Nangaa Yobeluo, Joseph Kabila Kabange et le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Puis, s’adresse au peuple congolais, l’invite à œuvrer pour la cohésion nationale.

À Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante, CÉNI, aujourd’hui coordonnateur du groupe rebelle AFC-M23, Fayulu lance l'appel : « Monsieur Nangaa, cessez d’être complice des massacres de nos frères et sœurs. Cessez de livrer notre sol, nos vies et nos ressources aux forces étrangères. Aucune ambition ne vaut le prix de la souffrance de tout un peuple ».

À Kabila, ancien président de la République, installé à Goma, critiqué pour sa présence dans une ville sous occupation rebelle, il déclare : « Monsieur Kabila, aucune raison, même stratégique, ne saurait justifier une collaboration avec ceux qui déchirent notre pays. Quittez Goma, cette ville martyre, aujourd’hui occupée avec la complicité de forces ennemies. L’Histoire ne pardonne pas les trahisons, encore moins celles à la patrie ».

Au Président Tshisekedi, il insiste sur la responsabilité historique qui lui incombe pour éviter l’implosion du pays : «Monsieur Tshisekedi, vous avez le devoir de ne pas laisser notre génération être celle qui aura vu le Congo désintégrer. J’en appelle à un sursaut d’honneur et de responsabilité. Je veux vous voir pour une discussion directe, sans faux-semblants, afin de trouver une issue digne à cette crise existentielle ».

« Le Président de la République salue le patriotisme et le sens d'engagement pour la cohésion nationale affichés par M. Martin Fayulu et affirme sa disponibilité à le rencontrer pour sauver la République de la prédation qui menace nos institutions et notre intégrité territoriale », écrit, sur son compte X, Tina Salama.

Si les partisans de Fayulu se réjouissent de la chaude accolade entre leur chef et le président de la République, des analystes estiment que l'alliance entre les deux hommes n'aura aucun impact sur la crise dans l'Est du pays.
À l'ECIDé, on précise qu'il n'y a pas d'alliance entre les deux camps, mais les partisans se disent confiants quant à l'impact de la rencontre sur la crise en cours dans l'est du pays. « Le plus important ce n'est pas la poignée de mains. C'est plutôt l'objectif poursuivi. Dialogue national inclusif », a précisé Prince Epenge l'un des communicants de Lamuka. Sur « le front commun évoqué par Monsieur Fayulu, c'est l'état d'esprit qui est celui de refuser la balkanisation. La coalition Lamuka est la première force de l'opposition politique et elle compte poursuivre son combat pour les intérêts du peuple jusqu'aux élections prochaines ». Une mise au point survenue, alors que la rencontre entre les deux hommes apparaît comme une alliance pour la possible participation de Martin Fayulu à un gouvernement d'union nationale.

Pour le Professeur Alphonse Maindo, enseignant à l'Université de Kisangani, Fayulu n'est pas le bon interlocuteur pour mettre fin à la guerre dans l'est.
«Ce qui va avoir un impact, c'est un dialogue direct avec ces gens qui ont pris les armes et qui ont le soutien de certains pays qui nous agressent, assure Maindo. C'est avec eux qu'il faut trouver la solution. Pas avec Martin Fayulu qui est à Kinshasa». L'universitaire estime qu'il faut « éviter de faire des initiatives en solo».

***

La vie est faite d'occasions et d'opportunités. Quand les occasions apparaissent, il vous faut encore attendre les opportunités si vous voulez avancer. « C’est un grand art que de savoir juger et savoir saisir les occasions ».
«Rien n’est plus coûteux qu’une opportunité manquée».

Qui avait pu prévoir l'apparition sinon l’irruption à un si haut niveau politique d'un ancien cadre de la compagnie pétrolière américaine Exxon Mobil, Martin Fayulu Madidi dont l’existence sociologique fait le buzz ? Il avait suffi qu'au dernier cycle électoral en 2018, Joseph Kabila Kabange décide d'effacer des listes électorales trois candidats à la présidence de la République. « À quelque chose malheur est bon». Sans doute « un mal pour un bien».

D'abord Moïse Katumbi Chapwe bloqué à l’étranger pendant trois ans, interdit par le régime Kabila à tort ou à raison de remettre les pieds au pays et de se faire inscrire sur les listes électorales ; Jean-Pierre Bemba Gombo à qui des stratèges du régime Kabila ont fait valoir à tort ou à raison sa condamnation par la Cour Pénale Internationale de La Haye pour des faits commis par ses milices en République Centrafricaine; l'ancien premier ministre Adolphe Muzito Fumutshi qui s’est précipité à tort ou à raison dans la course à la présidentielle sans requérir au préalable l'accord de son parti PALU, le Parti Lumumbiste Unifié, qu’il a quitté depuis.

Moïse Katumbi Chapwe est un ancien gouverneur du Katanga. Il y a amassé une fortune colossale dans les mines de la Gécamines après avoir œuvré dans la pêcherie industrielle avec son demi-frère Soriano Katebe Katoto.

Jean-Pierre Bemba Gombo est fils d'un riche opérateur économique congolais, ancien patron des patrons du régime Mobutu, Jeannot Bemba Saolona. Il fut l'un des Vice-présidents de la République du régime 1+4 (2003-2006) en charge du secteur économique et financier après être passé par la rébellion, ce qui le fit séjourner à tort ou à raison, présenté par le régime Kabila, dans une geôle de La Haye pendant dix ans avant d'être acquitté.

Ancien ministre du Budget sous le Gouvernement d’Antoine Gizenga Fundji Gizenga, Adolphe Muzito Fumutshi succède, le 10 octobre 2008, au mythe vénéré par ses partisans, miné par le poids de l'âge quand il est poussé à la sortie par une coalition kabiliste en attente des résultats improbables. Battu à plate couture aux Législatives de 2006 dans la ville de Kinshasa présentée pourtant comme un fief du PALU, en 2011, Muzitu se déploie dans la province du Kwilu, dans la ville de Kikwit, évitant, pour des raisons imaginables, de se présenter dans le territoire qui l'a vu naître en 1957, Gungu. Il suit l'exemple de son autre frère du PALU, Godefroid Mayobo Mpwene Ngantien qui s'était déployé dans le Kwango, à Kenge, sans se présenter chez lui, dans le Kwilu, dans Bagata et qui fut l'un des premiers à rallier l'opposant Gizenga au retour d'un long exil.

À ces trois noms s'ajoutent plusieurs autres. Les plus connus sont un ancien chef rebelle de l'Est, un puissant Nande, Antipas Mbusa Nyamwisi et l'ancien fonctionnaire du Fonds Monétaire International, FMI, depuis réintégré, l'économiste Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir, originaire de Bulungu, dans le Kwilu.
Candidat à la présidentielle de 2018, guère invalidé dans la course à la présidentielle, Matungulu fait le voyage de Genève et prend part aux négociations de l’opposition qui conduisent le 11 novembre 1918 à la naissance de la coalition électorale Lamuka (« réveille-toi » en Lingala) et à l’incroyable désignation du plus faible de tous, Martin Fayulu Madidi, comme candidat commun de l'opposition à la présidentielle du 30 décembre 2018.

QUE PEUT-IL?
Qui est Fayulu ? Selon Wikipédia, l’homme est né à Kinshasa, le 21 novembre 1956. Ses parents sont Ngamiaka Gérard Fayulu et Marie Nsaka Makuya. Ancien de l'Université de Paris-XII (maîtrise en Économie générale), il passe à l'Institut supérieur de gestion de Paris, puis à l'European University of America à San Francisco (maîtrise en Administration des Affaires). En septembre 1984, il rejoint à Kinshasa le groupe pétrolier Mobil qu'il quitte en 2003 quand il dirige en Éthiopie ExxonMobil.

Il bourlingue ensuite à l’étranger, Fairfax, États-Unis, siège de Mobil ; Paris, France, siège de Mobil Africa ; dans d'autres succursales d’ExxonMobil, Abidjan, Nairobi, Lagos, Bamako. En clair, pas vraiment d'existence au Congo.
En 1990, il embrasse la politique, est président du FDD, le Forum pour la Démocratie et le Développement, structure membre de l'Union sacrée de l'opposition animée par l'opposant Étienne Tshisekedi wa Mulumba qu'il admire et rencontre à la Conférence Nationale Souveraine, la CNS. En 1991, Fayulu est à la CNS vice-président de la Commission Économie, Industrie et PME.

En 1993, il est élu par ses pairs de la CNS membre du Haut Conseil de la République-Parlement de Transition, HCR-PT. En 2006, il se présente comme candidat aux législatives à Kinshasa. Proclamé élu député provincial, il doit se battre à la Cour Suprême pour se faire reconnaître comme député national. Pour y arriver, il met en œuvre certaines affinités fraternelles. Mais choisit l'Assemblée provinciale de Kinshasa en offrant le mandat national à un suppléant.

Il est alors soupçonné de lorgner sur le poste de gouverneur de la ville mais négocie au dernier moment en faveur du plus fort que lui, André Kimbuta Yango.
En mars 2009, il crée son parti, Engagement pour la Citoyenneté et le Développement, ECiDé. En 2011, il est élu député national avec deux candidats de son parti. En janvier 2017, il proteste contre le glissement des élections et quitte le parlement.

Le 11 novembre 2018 à la réunion de Genève, Fayulu est désigné, à la surprise générale, candidat à la présidentielle du 30 décembre et s'engage, s'il est élu, à organiser une élection deux ans après sa prise de fonctions. En clair, il ne resterait au pouvoir que moins de deux ans. Comment écourter un mandat prévu par la Constitution pour durer cinq ans ? En novembre 2018, lorsque, devant d’autres candidats Président, je rencontre Fayulu et l’interroge à ce propos, lui disant ma surprise qu'il ait pris un tel engagement à Genève, sa réponse est hallucinante : «Je ne suis pas gourmand». «Gourmand» de quoi? Candidat Président, ayant présenté et vanté un programme de Gouvernement, quel aspect de ce programme pouvait-il exécuter en moins de deux ans ? Je ne reçois aucune réponse.
perp
Tout est clair. Le seul rôle que ses mentors semblent avoir décidé de lui faire jouer est celui de faire retourner dans le jeu électoral les trois personnalités invalidées par Joseph Kabila décidées de vouloir prendre leur revanche. La revanche est certes un plat qui se mange froid voire surgelé.
Ne risque-t-il pas de donner l’air d’un vassal aux ordres des puissants inconnus qui misent sur le pays ?
Manipulé à souhait par des politiques ne jurant que sur leurs intérêts immédiats, le Bandundu qui n'a jamais à ce jour donné un président de la République, se prend à rêver. Pendant la campagne, ce discours est délivré par certains. « C'est votre sang qui coule dans ses veines ». Quand dans l'espace swahiliphone, le discours de rejet du pouvoir sortant est poussé au paroxysme...

Sauf que l'accord de Genève est un mort-né. Mis sous pression par leurs bases le jour même de l’annonce de cet accord, deux des sept signataires, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Vital Kamerhe Lwa-Kanyinginyi Nkingi, se retirent et créent le 23 novembre 2018 à Nairobi, au Kenya, une coalition électorale dénommée CACH, Cap pour le Changement qui désigne son candidat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.

Dès la proclamation de la victoire de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le 10 janvier 2019, par la CÉNI et la confirmation des résultats, dans la nuit du 19 au 20 janvier 2019 par la Cour constitutionnelle, Lamuka se fissure.
Le premier à s'en aller est le pragmatique fonctionnaire international Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir.

L'homme qui avait introduit son « frère » Fayulu dans le Bandundu, se voit offrir le poste d’administrateur à la Banque Africaine de Développement, BAD par le nouveau président. Antipas Mbusa Nyamwisi qui avait amené Fayulu dans le Kivu, dans le Grand Nord Nande, rompt tout contact avec la lutte de «la vérité des urnes » déclenchée par Fayulu. Bemba et Katumbi prennent part aux consultations du président de la République au Palais de la Nation. Ils rallient l'Union sacrée de la Nation, USN, œuvre du Chef de l'État, présentent des ministres au Gouvernement. Le dernier des Mohicans à être resté aux côtés de Fayulu est son autre « frère », Adolphe Muzitu Fumutshi. Les « deux derniers frères » restés ensemble s’entendent comme larrons en foire, vont et viennent dans le pays et à l'étranger, la main dans la main.

En juillet 2022 quand Fayulu est investi à Kisangani, dans la Tshopo, candidat de son parti, l'ECiDé, à la présidentielle du 20 décembre 2023, rien ne va plus. Muzitu accuse Fayulu de s’être rapproché Kabila accusé autrefois « d’avoir assassiné l’État de droit » quand Fayulu le dit désormais partenaire de Tshisekedi négociant le poste de Premier ministre sinon celui de ministre des Finances. En réaction, Muzitu fait chanter et danser des femmes du Bandundu qui insultent et injurient publiquement son « frère ».

Les posts diffusés par des influenceurs. À quoi le président auto-proclamé « président élu» peut s'attendre désormais sans l'espace swahiliphone que lui ont offert Katumbi et Nyamwisi, sans l'espace lingalaphone, Équateur et une partie de Kinshasa que lui a présenté Bemba désormais Vice-premier ministre à la Défense aux côtés du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, sans «son» Bandundu où il a été présenté par ses «frères», Matungulu et Muzitu ?
Quand jeudi 13 avril 2023, Fayulu se rend à Lubumbashi, résidence principale du puissant ancien gouverneur du Katanga avec deux autres candidats présidents déclarés, nul ne cache rien en public, devant les médias après deux jours de rencontre.

« Les Congolais souffrent. Dans l’Est et même ici, il n’y a pas de vie. Nous devons nous oublier. Nous devons tuer le moi qui est en nous et renaître. Si nous renaissons, nous allons bâtir un Congo réellement libre, fort et prospère », déclare Fayulu.

Même refrain dans la bouche de Katumbi : « Nous devons oublier le passé. Nous devons voir l’avenir, la souffrance de la population. Sinon, j’aurais pris ma retraite. Le grand problème, c’est la population. Si nous sommes ici, ce n’est pas pour nous. C’est pour défendre notre population ».
Pas un doute, pour Fayulu, les carottes sont déjà cuites.

Si, à la présidentielle de décembre 2023, certains avaient rêvé d’une candidature unique de l’opposition, ce fut le chacun pour soi, Dieu pour tous. Félix Tshisekedi, le président sortant du pays arrache la mise avec 73,34% des voix exprimées. Suivi de Moïse Katumbi Chapwe, 18,08%. Le volubile Fayulu n’apparaît qu’à la troisième place, 5,33%. Suivi de Muzitu, 1,12%.

Le débat sur la vérité des urnes est enterré. Fayulu se rapproche plus que jamais de Tshisekedi.

En direct à la télévision, face à la Nation, les deux hommes avaient déjà publiquement échangé des mots aimables lors de la rencontre du cadre de concertation des candidats président au siège de la CÉNI le 13 novembre 2023. Fayulu négocie l’oubli du passé. Tout comme Muzitu ou Matata Ponyo.

Certes, le conflit dans les Kivu a ressurgi. Kinshasa gronde comme jamais sur Kigali.

Le président Tshisekedi comparaît son homologue rwandais Kagame au chef nazi Adolf Hitler, dont le sort sera le même. Kagame répond avec des missiles. Les grandes villes du Congo sont sous la menace de l’alliance pro-Kagame M23-AFC.

Mais les FARDC et les Wazalendo veillent au grain. Au moment où je mets la dernière main à ce texte, personne ne sait de quoi demain sera fait. La politique reste une realpolitik.

T. KIN-KIEY MULUMBA.


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