- mer, 05/12/2012 - 09:34
Des Députés de la majorité et de l’opposition se rendront à Kampala. Kinshasa a annoncé mardi l’ouverture imminente d’un dialogue avec la rébellion du M23.
«Le dialogue va commencer d’ici un ou deux jours», a déclaré le ministre de l’Intérieur et des Affaires coutumières, Richard Muyej Mangez, en visite à Goma.
LE SOFT INTERNATIONALE N° 1205, DATE LUNDI 5 DECEMBRE 2012
«Nous dialoguerons avec quiconque impliqué dans la situation, y compris le M23», a poursuivi Richard Muyej Mangez .
Un premier groupe de négociateurs était attendu mardi à Kampala.
Un autre doit suivre mercredi. «Nous avons fait en sorte que ce soit une équipe complète composée des animateurs de toutes les institutions», a précisé le ministre, indiquant que la société civile, l’Assemblée nationale et le Sénat au titre de «témoins» y participeraient notamment via des présidents de groupes parlementaires, de la majorité comme de l’opposition mais aux dernières nouvelles, des députés de l’opposition semblaient traîner les pieds.
Par ailleurs, il ne paraissait pas évident que le président de la République Joseph Kabila prendrait directement part aux pourparlers qui seront conduits, côté Gouvernement, par le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, par ailleurs signataire côté Gouvernement des accord du 23 mars critiqués. Kinshasa entend évaluer point par point ces accords.
Les rebelles du M23 ont quitté Goma samedi même s’il sont tout proches de la ville, à 3kms, postés sur une colline stratégique.
Lundi, le groupe d’experts du Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé ses accusations contre le Rwanda et l’Ouganda accusés d’avoir aidé militairement les rebelles dans leur récente offensive contre Goma. Dans un rapport, les experts affirment que «plus d’un millier de soldats rwandais sont venus du Rwanda pour aider le M23» dans sa marche vers Goma et 500 ont assisté les rebelles lors de la prise de la capitale du Nord Kivu.
Le ministre rwandais de la Défense, James Kabarebe, présenté par les experts de l’ONU comme le grand ordonnateur de ces opérations militaires, a jugé «totalement erronées» ces affirmations.
Dans une interview à Rfi, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, a confirmé la tenue de «l’évaluation des revendications du M23», à savoir les accords du 23 mars 2009, tout en excluant un Sun City 2, la conférence inter-congolaise tenue à Sun City, en Afrique du Sud, en 2002, qui prit huit semaines.
Ci-après:.
Les rebelles du Mouvement du 23-Mars, le M23, se sont retirés de Goma comme promis. Quelle est votre réaction?
Tout d’abord une réaction de satisfaction, mais une satisfaction partielle parce que, aujourd’hui, il est établi, notamment dans le système des Nations unies, que ces insurgés ont bénéficié directement de l’appui de certaines forces étrangères, notamment venues du Rwanda. Et il y a encore beaucoup de Congolais dans le Nord-Kivu, un peu partout, qui sont encore sous les coups de la guerre et d’une certaine occupation.
Au terme de l’accord de Kampala du 25 novembre, le Mouvement du 23-Mars, le M23, se retire en échange de négociations. Quand ces discussions vont-elles avoir lieu?
Très bientôt. C’est une question de jours. L’évaluation des revendications du M23 va commencer. Ces 21 revendications ont pour fondement les accords du 23 mars 2009. Sachez que la quasi-totalité des prescriptions des accords du 23 mars 2009 a été réalisée. En principe, il n’y aura donc pas de problèmes.
Où aura lieu cette première évaluation?
Le lieu importe peu. Cela peut être à Kampala ou ailleurs.
Du côté des autorités congolaises, qui va représenter le pays pour cette première évaluation?
Il y aura tous les Congolais à travers les différentes composantes. Je sais par exemple qu’au niveau de l’Assemblée nationale, je vais désigner quelques députés pour assister, suivre tous ces processus. Le Sénat devrait aussi procéder de la même façon.
Du côté du M23, on demande la participation également des partis de l’opposition, de la société civile et de la diaspora congolaise. Qu’en pensez-vous?
Si le M23 croit que ça sera le dialogue inter-congolais bis, il fait fausse route. Ce n’est pas le cas. La participation de l’opposition et de la société civile ou même de la diaspora, ça ne gênerait pas. Car nous voulons qu’il y ait beaucoup de transparence afin de réduire la marge de la manipulation. Donc toutes les composantes seront représentées mais l’essentiel est de savoir que ce n’est pas pour aller négocier quelque chose du genre «dialogue inter-congolais» en Afrique du Sud.
Vous ne voulez pas d’un nouveau Sun City?
Il n’est pas question d’un nouveau Sun City puisque le contexte est différent. Le Congo a déjà organisé deux élections générales, en 2006 et en 2011. Les institutions fonctionnent démocratiquement.
Le problème, c’est que le M23 veut négocier sur un certain nombre de questions démocratiques, notamment sur la liberté de mouvements d’Etienne Tshisekedi, le n°1 de l’opposition, et sur la dissolution de la Commission électorale nationale indépendante, CENI.
D’abord, concernant la dissolution de la Commission électorale, c’est un faux fuyant de la part du M23. Au niveau de l’Assemblée nationale, je crois qu’on va adopter la loi portant sur l’organisation et le fonctionnement de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante. A propos du responsable de l’UDPS, il est en liberté. Sécuriser un quartier par la police, parce que le quartier est chaud, ce n’est pas bloquer un leader. Il peut prendre sa voiture, sortir, circuler à Kinshasa et partout. S’il est parti à Bruxelles ou Paris et qu’il a son visa, il va voyager. Je ne vois pas en quoi il est incarcéré.
Le M23 réclame aussi l’arrestation du général John Numbi, le témoin numéro 1 dans l’affaire Chebeya?
Dans le dossier Numbi, le procès est équitable, transparent. Le procès a même été filmé, de bout en bout.
Si vous refusez toute discussion sur les huit points politiques que soulève le M23, est-ce que vous ne craignez pas une reprise des hostilités?
Le problème n’est pas là. Le problème c’est que vous n’allez pas demander au Parlement congolais de ne plus statuer sur la CENI parce que pour les insurgés, il faut simplement dissoudre la version 2011 de cette commission. Donc les contacts auront lieu, nous allons évaluer leurs revendications comme ils l’avaient eux-mêmes présenté au président ougandais. Mais pour le reste, il y a un cadre institutionnel. Il faut le respecter. Nous sommes totalement ouverts pour évaluer les 21 revendications du M23 mais nous ne saurions accepter un Sun City 2 parce que nous avons suffisamment évolué sur le plan démocratique. Et l’Etat fonctionne.
Sur Rfi, le président de l’Assemblée nationale Aubin Minaku, parle de «l’évaluation des revendications du M23». LE SOFT NUMERIQUE.