Il faut raison garder
  • sam, 21/09/2013 - 11:17

A Kinshasa, allons aux Concertations sans perdre de notre lucidité. L’éviction de Kengo par Mobutu le 9 avril 1997 et l’appel fait à Likulia n’a pas empêché le Mzee de faire son entrée triomphale dans la Capitale, 45 jours plus tard.

S’il est permis de tourner une page et de regarder devant soi, qui a oublié son histoire a fait fausse route. Au fond, l’homme n’est véritablement que celui qu’il est, et qu’il n’a jamais cessé d’être. Il en va de même des communautés sociales. Elles sont ce qu’elles ont toujours été...
C’est le passé qui éclaire l’avenir, l’histoire qui éclaire le devenir.
C’est ce mandrill du Roi lion qui avertit le lionceau Simba appelé à régner sur la jungle à la place de son père le Roi Mufasa mort dans un duel l’opposant à son frère Scar, et l’attire dans la forêt, poussant le jeune prince à ouvrir l’œil et à regarder droit son image qui reflète à la perfection son passé! Au fond, ce chef d’œuvre des studios Walt Disney dont la première sortie fut faite en 1994 n’a jamais été qu’une authentique pièce de sociologie politique où l’omniprésent primate Rafiki, veille sur ses congénères de la savane, informe un membre égaré de la cour du Roi lion pour l’amener à se poser «les bonnes questions».
Quand Mobutu évince Kengo, la guerre fait rage à l’Est.
Le 9 avril 1997, le Léopard fait appel à Likulia, le brillant universitaire des académies américaines et général multi étoilé alors qu’au commandement militaire, comme à la Défense, il nomme Donation Mahele Lieko Bokungu, un ancien d’Israël, et à la Sécurité nationale, il désigne Célestin Ilunga Shamanga Isewanga, sorti de la prestigieuse école de St-Cyr. Trio crème des crèmes qu’une chance fit mettre sur ma route dans l’ultime Gouvernement du Zaïre.
Il n’empêche…! Très vite, le Mzee, depuis Lubumbashi, allait faire son annonce de prise de pouvoir et, 45 jours après l’entrée en fonctions de Likulia, l’Afdl faisait son entrée triomphale dans la Capitale!
Le trio multi galonné avait mission de battre l’ennemi, de gagner la guerre, de ramener la paix et… la cohésion au pays… Il n’en fut rien!
Qu’est-ce qui a collapsé? Le diagnostic avait assurément été mal posé - il faut le dire très clairement. Et le remède ne pouvait être qu’un faux! Qui pourtant n’avait jamais demandé à prendre la place de Kengo, à commencer par Kengo lui-même, voulant se succéder à lui-même! Mobutu fit le choix de Likulia, qui vouait à son devancier une cordiale inimitié, et le Léopard achevait l’un de ses machiavéliques tours de passe-passe du diviser pour mieux régner…
Il faut raison garder! Lors d’une récente émission sur la radio onusienne Okapi, un brillant intellectuel maîtrisant à la perfection l’art de la repartie, tout comme l’élégance du debater - Me Jean Mbuyu - ferraillait avec le Dép. UNC Jean-Bertrand Ewanga. à la chaleur dégoulinante du secrétaire général du parti de Kamerhe, Me Mbuyu opposait ce calme absolu qui le caractérise. Quand l’ancien vice-gouverneur de l’équateur du Mzee vient à prétendre que le M23 a pris les armes en réaction aux «résultats bidouillés» des scrutins de 2011, il triche avec l’histoire, que Jean Mbuyu se fait fort de rétablir. En effet, la rébellion du M23 vit le jour à Kigali - qui ne s’en est jamais empêché de le faire savoir - à qui il a donné un nom comme à toutes ces insurrections qu’il porte sur le fonts baptismaux et auxquelles il donne chaque année un nom différent… C’est tellement juste. Les mêmes causes produisent les mêmes effets!

Des secteurs qui décollent.
Il nous faut ouvrir l’œil afin que cette énième «rébellion» ne vienne à annoncer quelque prise de pouvoir.
Certes, aux combats, nos hommes sont en puissance. Certes, nos hommes tirent profit d’une force armée internationale que pour la toute première fois depuis longtemps, notre pays a su mobiliser par une action diplomatique robuste. Face à notre cause juste, le Chef de l’état n’a jamais fermé l’œil.
On le voit à toutes les assemblées de la sous-région, celles de la SADC comme celles où il se sent moins à l’aise, de la CIRGL, devant donner la main à ceux dont des armées ont envahi le Kivu et l’Ituri.
Cela étant, on ne fait la paix qu’avec l’autre et il faut être à deux pour la construire.
Il nous faut nous décomplexer et appeler - au nom du Congo, au nom de la paix - le Président de la République à aller aussi loin qu’il est possible dans la compréhension des causes de ces guerres qui s’abattent à la même frontière, ont tendance à inspirer d’autres contrées. Comme - incroyablement - le Katanga et le Nord-Katanga, là où on s’y attendait le moins! On pensait les Maï Maï pro-gouvernementaux, voilà des Maï Maï anti-gouvernementaux!
Il y a eu transmutation!
Quel diagnostic, quelle médication prescrire? Passe-t-elle par un redimensionnement de l’interface politique, donc de l’image que le pays envoie de lui-même à l’extérieur?
Il y a certainement des secteurs qui n’ont pas marché et qui mériteraient d’être vigoureusement repris en main. Il y a en revanche des secteurs qui décollent, avancent et dont la marche en avant doit pouvoir être reconnue, encouragée, portée et consolidée par une volonté politique affirmée. Ne pas le dire serait injuste.
Le passage à l’Histoire d’un système consiste dans sa capacité à poser des justes diagnostics, à faire le meilleur choix des hommes - des capitaines, des dream teams - appelés à montrer la direction à suivre et à établir des politiques.
La gouvernance requiert un mental de stabilité dans la mesure où elle permet la connaissance et la maîtrise des dossiers. Le développement n’est jamais là où il y a place à l’instabilité...
Quelle chance pour ce pays de savoir que le Président de la République ne sait cela que trop bien...
T. Kin-kiey Mulumba

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