L’armée, dernier rempart
  • dim, 01/07/2012 - 01:13

Voici un anniversaire de l’indépendance qui passe inaperçu, est célébré sans faste. Ni défilé des forces vives, ni parade militaire. Et comme on dit chez nous: dans la méditation!
Jamais ce mot n’avait eu autant de sens dans ce pays que ce 30 juin...
Il y a trois ans, le pays célébrait son cinquième anniversaire dans le plus grand faste, devant le couple qui compte tant dans la mémoire collective du pays.
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1174 DATE 29 JUIN 2012 :
Le premier couple d’un pays - la Belgique - qui a marqué notre histoire.
La veille, le pays venait d’avoir la grande nouvelle. Après plusieurs années d’essais, d’échecs, d’efforts, d’absence de renoncement, le fameux Point d’achèvement de l’Initiative PPTE, venait d’être atteint. Du coup, l’avenir du pays s’ouvrait avec une remise de dette de plus de 10 milliards de dollars!
Enfin, voilà que de la ressource jusqu’ici réservée au remboursement d’une dette insensée, allait enfin être mise à la disposition du développement...
Il y a un an, le pays, après un processus électoral chaotique - mais certes, rien n’est facile pour ce pays - tournait la page à ses scrutins. Un Président était élu - Joseph Kabila Kabange - reconnu par le pays et par la Communauté internationale unanime, puis la Chambre basse était mise en place d’où est issu un Gouvernement, fruit de courage politique réel. Alors que la scène politique s’en trouvait émiettée, l’option était prise d’un cabinet particulièrement resserré, marqué par l’appel fait au changement, à la jeunesse, à la qualification avérée, à la technocratie. L’extérieur et le pays résonnait des hourras: «Voilà une équipe de Gouvernement» et «si celle-ci ne réussit pas, il va falloir franchement désespérer»; «il faut envisager d’autres scénarios»...
Investi, le Gouvernement - conduit par un homme ascèse, qui a montré sa capacité aux Finances - se mettait au travail en vue des plus grands succès...
Tout était donc permis. Jusqu’à cette énième guerre qui fait résonner aux oreilles de certains le mot balkanisation comme la réponse.

ET UNE ENIEME GUERRE VINT.
Mercredi 27 juin, à New York, étaient présentées les annexes du rapport du panel d’experts de l’ONU sur les violations de l’embargo sur les armes. Qui accusent le Rwanda d’avoir appuyé la rébellion du M23 qui se bat dans le Nord-Kivu contre les FARDC. Jeudi 28 juin, Kinshasa demandait à Kigali de «cesser d’alimenter la guerre» en R-dC. Les autorités rwandaises, elles, promettaient de démentir toutes ces «allégations» et, à leur tour, accusaient la R-dC de relancer leur collaboration avec les rebelles hutus des FDLR!
C’est dans les annexes de leur rapport que les experts des Nations unies ont compilé toutes les informations sur le soutien du Rwanda au M23. Pour établir la quarantaine de pages d’annexes, les experts se sont basés sur des documents officiels, des interceptions de communications radio, des rapports internes des FARD mais aussi des témoignages directs venant notamment de déserteurs du M23.
Ils accusent nommément cinq officiers de l’armée rwandaise APR dont le ministre de la Défense, le général James Kabarebe, le chef d’état-major Charles Kayonga, et l’ancien chef des renseignements militaires Jacques Nziza, d’être les principaux responsables de cet appui aux rebelles des Kivu.
Selon les informations recueillies par les enquêteurs de l’ONU, le 4 mai, soit deux jours avant la création de son mouvement, le colonel Sultani Makenga, le chef du M23, a ainsi traversé la frontière de la R-dC pour rencontrer, à Gisenyi, un haut gradé rwandais.
Dans son appui au Mouvement du 23 mars, Kigali fournirait armes, munitions, renseignements et faciliterait le recrutement de combattants sur son territoire.
Par exemple, des armes qui ne feraient pas partie de la dotation des FARDC auraient été retrouvées dans des caches du M23. Ont-elles été fournies par Kigali? Les enquêteurs ne sont pas parvenus à retracer leur origine. Plus grave en revanche, selon des témoignages des FARDC et d’anciens responsables rwandais, des militaires du Rwanda auraient directement participé à des combats contre les FARDC.
Enfin, d’après ces informations recueillies par le panel d’experts de l’ONU, des officiels rwandais ont fait pression sur des hommes politiques, des militaires et des hommes d’affaires des deux Kivu pour qu’ils rejoignent ou qu’ils appuient le M23.
Pour rédiger ce document, les enquêteurs de l’ONU affirment avoir recoupé leurs informations auprès d’au moins cinq sources.
Le président rwandais Paul Kagame l’avait déjà affirmé ironiquement : «Le Rwanda n’est pas la cause des problèmes du Congo, ils existaient avant que je naisse». Le problème du Rwanda, ce sont les rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui vivent dans l’est de la RDC, avait-il souligné. En colère, il avait menacé de suspendre sa coopération avec la R-dC: «Si vous ne voulez pas de nous pour faire partie de la solution, alors oubliez-nous!».
Manifestement agacée par les accusations contenues dans le rapport des experts des Nations unies, c’est au tour de Yolande Makolo, la directrice de Communication de Paul Kagame, de monter au créneau et elle va loin.
Yolande Makolo accuse carrément la R-dC de relancer la coopération entre son armée et les rebelles hutus des FDLR en vue de lancer des attaques contre le Rwanda. Et de préciser: «C’est Julien Paluku Kahongya, le gouverneur du Nord-Kivu qui a été chargé d’identifier des personnalités ayant des contacts avec les FDLR». Dans une communication faite jeudi à la presse, le ministre des Médias, Relations avec le Parlement et Initiation à la Nouvelle citoyenneté, a une nouvelle fois donné la position du Gouvernement sur les événements de l’Est du pays. Sur un ton encore plus ferme que lors de sa communication du 9 juin à Goma, Lambert Mende Omalanga s’est félicité du rapport des experts indépendants de l’ONU qui a apporté de l’eau moulin du pays en confirmant la violation par le Rwanda de l’embargo sur la livraison des armes aux groupes armés opérant dans l’Est du pays.
Le porte-parole du Gouvernement a confirmé les accusations sur la déstabilisation du pays par le Rwanda à travers la rébellion du M.23. Mende a donné des dates, cité les noms des officiers rwandais qui ont été aperçus sur le terrain ainsi que leurs positions et les dates de leur présence sur le territoire congolais.
Toutes ces preuves accumulées n’ont qu’un seul objectif, explique Mende: pousser la Communauté internationale à condamner les manœuvres du Rwanda et à stopper la déstabilisation du pays à partir de sa frontière orientale. Les militaires des FARDC eux ne lâchent pas prise. Selon toutes les sources, en dépit des dysfonctionnements qui apparaissent au niveau de l’encadrement, jamais notre armée ne s’était aussi bien battue.
Forte, c’est elle sans nul doute qui apparaît aujourd’hui plus que jamais comme le dernier rempart de la Nation.
Le pays doit être fier de ses forces. Hier raillée, l’armée aujourd’hui fait la fierté du pays. Et si elle n’avait trouvé une armée régulière devant elle - avec des infiltrations et des manipulations des services occidentaux -, il y a bien longtemps que cette énième guerre aurait appartenu au passé.
Mais la chance pour cette Nation est que jamais son Peuple derrière son armée ne l’a jamais trahi...
BAPA BANGA

LEGENDE :
Jour de gloire. Défilé militaire le 20 décembre 2011 lors de l’investiture du Président de la République.

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