- mer, 12/02/2014 - 03:11
N’est-on vraiment jamais prophète chez soi? Lors d’un discours sur l’état de la Nation, le Chef de l’Etat emprunte une phrase biblique: «Si vous ne pouvez croire à mes paroles, au moins croyez à mes œuvres», faisant un triomphe dans l’hémicycle du Palais du peuple devant lequel il tenait ce discours.
Alors que son Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon est porté sur un bûcher par une classe politique unanime poussée par le «ôtes-toi de là que je m’y mette» allant contre l’opinion publique nationale, à l’étranger, on se dispute Matata. Comment fait-il? Quelle recette applique-t-il pour atteindre des «résultats aussi exceptionnels»? Prenant part la semaine dernière au Forum Africa à Brazzaville, le ministre des PTNTIC est approché par une célèbre journaliste française: «Comment va l’excellent Monsieur Matata?» quand d’autres piaffent d’impatience de passer le pool Malebo afin de venir voir le miracle qui s’opère et transforme le pays. Lu chez un confrère.
Les propos du président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), tenues contre le Gouvernement Matata, jeudi 30 janvier à l’occasion de la cérémonie d’échange de vœux, doivent-ils être pris comme une parole d’évangile? A priori non. Côté Gouvernement, la vérité est ailleurs. Le seul critère de la vérité étant la pratique sociale, l’Exécutif national entend s’appuyer sur les faits pour confondre ses détracteurs. Qu’il s’agisse de Ia gestion des fonds affectés à l’assainissement de la ville de Kinshasa et des ONG sélectionnées pour cette opération, le Gouvernement Matata ne fait mystère de rien. Loin de jouer à la défensive, l’Exécutif, chiffre à l’appui, éventre le boa afin de permettre à l’opinion tant nationale qu’internationale de découvrir dans quelle loge se cache la vérité. Forum des As a accédé à un document top secret de la Primature et le publie ci-dessous en vue de rétablir les faits.
Le jeudi 30 janvier 2014, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) a, par son Président, convié différents partenaires nationaux et internationaux à une cérémonie d’échange des vœux, dont l’objectif voilé était plutôt une tribune politique contre le Gouvernement.
Force est de constater que le président de la FEC a fait de cette occasion, un moment privilégié pour délivrer, à titre personnel, un pamphlet construit sur des montages grossiers, de faux arguments et de graves contrevérités.
Le président de la FEC s’est fait le porte-voix d’un ersatz de doctrine économique et sociale assise malheureusement sur une grave ignorance des mécanismes de
fonctionnement de l’économie nationale et internationale. Mais surtout sur une méconnaissance notoire de lecture des agrégats économiques, qui, nous le lui concédons, exige des compétences spécifiques pour s’y aventurer.
Pour rappel, le programme économique mis en œuvre par le Gouvernement est une émanation des promesses du Chef de l’Etat faite lors de la campagne présidentielle de 2011. Ce programme, dont il assume le Ieadership, basé sur la Révolution de la modernité, porte progressivement des fruits dans plusieurs secteurs de la vie nationale, tels que constatés par tous les observateurs nationaux et internationaux. Et ce n’est pas la première fois que le président de la FEC profite des tribunes non appropriées pour s’en prendre directement et indûment au Gouvernement, et parfois au Premier Ministre. Ce qui impose donc le devoir de rétablissement de la vérité. Aussi, le Gouvernement s’est-il vu obligé de relever, à l’attention de l’opinion tant nationale qu’internationale, les désorientations volontairement avancées par le Président de la FEC.
En effet, le Gouvernement constate que le président de la FEC est juge et partie dans la gestion des entités économiques jouant un rôle majeur dans l’économie nationale. Comment concevoir que le même président de la FEC, assumant, par ailleurs cumulativement les mandats de président du Conseil d’administration de la Gécamines, d’administrateur et de membre du comité d’audit à la Banque centrale du Congo, ne s’est jamais illustré dans le sens d’imprimer la bonne gouvernance et une gestion rigoureuse à ces structures. En effet, ces dernières sont censées jouer le rôle de premier plan dans les efforts du Gouvernement visant davantage à mobiliser des précieuses ressources pour le développement national, à stabiliser le cadre macroéconomique, et à assainir le climat des affaires.
GESTION OMBRAGEUSE DE LA GECAMINES.
Nul n’ignore ce que perd le Trésor public à cause de la gestion ombrageuse de la Gécamines, et ce, en dépit de différentes périodes d’embellie des cours du cuivre et du cobalt. A la suite d’un déficit caractérisé par un manque de leadership et une mauvaise gouvernance, l’entreprise n’a jamais réussi à moderniser ses équipements et augmenter significativement sa production pour tirer le meilleur parti du marché international.
Pourquoi le président de la FEC, président du Conseil d’Administration de la Gécamines ne se remet-il pas en cause, par honnêteté professionnelle?
L’on se souviendra qu’en novembre 2013, la prestigieuse fondation Carter avait saisi le Gouvernement de la République pour fustiger les pratiques de la Gécamines ouvrant des comptes bancaires offshore à l’Île Maurice.
Cette pratique favorisant le manque de transparence, conforte-t-elle la position du Président de la FEC en donneur de leçons? Est-ce de l’éthique professionnelle?
Alors en programme avec le FMI, et affichant des critères respectés au plan quantitatif avec des marges confortables, le Gouvernement et l’ensemble de la population congolaise se sont vus privés de précieuses ressources de 315 millions USD, dont 225 millions USD au titre de la Facilité Elargie de Crédit octroyée par le FMI, et d’appui budgétaire de 90 millions USD de la Banque africaine de développement, du fait de l’arrêt du programme suite à la mauvaise gouvernance de la Gécamines. Le monde entier le sait!
Qui du président de la FEC, du Président du Conseil d’Administration de la Gécamines, ou de l’Administrateur de la Banque centrale va-t-il un jour rembourser ce manque à gagner à la RDC mieux au peuple congolais?
Le président de la FEC est administrateur à la Banque centrale du Congo depuis le 28 mars 2003.
Entre 2003 et 2010, l’Institut d’émission a connu une des périodes les plus sombres de son histoire en ce qui concerne sa situation financière. En effet, au cours de cette période, la Banque centrale a accumulé des déficits chroniques de ses comptes d’exploitation, vivant essentiellement des subventions du Trésor; et privant ainsi le Gouvernement de ses moyens d’actions en faveur des millions des Congolais.
Pourquoi le président de la FEC n’a jamais dénoncé cette mauvaise gouvernance, alors qu’il est au Conseil d’administration et membre du comité d’audit de la Banque? Pourquoi n’a-t-il pas fait usage de sa doctrine économique pour aider la Banque centrale du Congo à rétablir sa situation financière? Est-ce par hasard que c’est depuis février 2010 la monnaie nationale s’est stabilisée? N’est ce pas par une politique budgétaire rigoureuse et une impulsion de la bonne gouvernance, sous le leadership du Chef de l’Etat, que la monnaie nationale s’est engagée dans la voie de la stabilité?
PRUDENCE ET RIGUEUR SUR DES CREANCES.
Sans dénier à la FEC le droit de jouer son rôle conformément aux objectifs qu’elle poursuit, il convient cependant de relever qu’en tant qu’association sans but lucratif, elle se doit, dans son fonctionnement, de respecter le cadre juridique qui la régit. Elle doit se garder de devenir un créneau utilisé par certaines personnes ayant des objectifs politiques pour déstabiliser les institutions ‘en distillant dans l’opinion des faussetés et des contrevérités.
L’opinion se souviendra que malgré les .efforts du Gouvernement à baisser les prix des denrées de première nécessité importées, certains membres de la FEC jouissant de positions dominantes dans l’importation de ces dernières, ont érigé des obstacles devant cet engagement, simplement pour préserver des intérêts présents et futurs de ces membres, au détriment de la majorité des opérateurs et de la population.
Où est donc la doctrine sociale dans ce cas?
La dette publique intérieure, véritable cheval de Troie, ne pouvait pas échapper au président de la FEC.
Était-ce par souci corporatif ou un simple artifice pour prêcher pour sa propre chapelle?
Sans s’y attarder, les multiples chapeaux portés par le président de la FEC peuvent bien justifier cela. Contrairement à ce que soutient le président de la FEC, il n’existe pas une relation de cause à effet entre le paiement de la dette intérieure et le remboursement de la TVA d’une part, et la hausse des prix et de la dépréciation monétaire d’autre part. La dette intérieure peut être payée, même à plus de 30%, dans un environnement de stabilité de cadre macroéconomique. Il en est de même pour le remboursement de la TVA qui doit se faire conformément aux exigences des équilibres macroéconomiques. Le niveau des crédits TVA est expliqué par le dispositif légal qui le plafonne à un niveau donné, et non par l’absence des disponibilités comme le renseigne la position du compte TVA remboursable.
Mais à ce sujet, le Gouvernement fait remarquer que la dette publique intérieure est composée de nombreuses créances sans contrepartie; ce qui exige prudence et rigueur pour leur traitement. Toutefois, le Gouvernement ne peut se déroger de ses engagements dans un élan de continuité de l’Etat, conformément à la volonté clairement exprimée par le Chef de l’Etat.
LES CHIFFRES PARLENT D’EUX-MEMES.
Par ailleurs, il apparaît absurde de soutenir que l’activité économique réelle a baissé de 30%, alors que l’indicateur de mesure approprié dans le monde entier qui est le taux de croissance économique indique que l’activité économique du pays s’est accrue de 8,5%.
Jusqu’à ce jour, la théorie économique n’a pas été modifiée.
Pendant que tous les Congolais et les étrangers qui visitent la ville de Kinshasa apprécient l’effort d’assainissement de la capitale, qui donne du travail à des milliers de Congolais moins nantis, il est étonnant de voir que le président de la FEC dénonce l’affectation des fonds utilisés à cet effet.
Nous voudrions rassurer la communauté nationale que le processus de sélection des ONG qui s’occupent de la propreté s’est fait de manière transparente, sans collusion, et que tous les fonds décaissés sont utilisés de manière rationnelle.
Le cynisme dont a fait preuve le Président de la FEC en ce qui concerne le BCECO, cité pour des raisons évidentes, tient lieu de polémique de bas étage.
L’architecture légale en matière de passation de marchés publics n’interdit pas au BCECO, organe technique de l’Etat congolais, de passer des marchés. Plusieurs autres structures analogues, épargnées par le président de la FEC pour des raisons subjectives évidentes, le font. L’ARMP et la DGCMP qui sont des organes de régulation n’ont pas mandat de passer des marchés en faveur des services publics, mais plutôt de servir de glissière de sécurité aux cellules techniques placées dans les différents organes publics.
L’ARMP est une structure sous tutelle de la Primature qui se distingue par la mauvaise gouvernance. Pourquoi le président de la FEC ne peut il pas dénoncer Ies dérives de gestion de cette institution connues de tout le monde, y compris de partenaires extérieurs?
S’agissant de la DGCMP, cette institution travaille en étroite collaboration avec le BCECO pour la conclusion des marchés sanctionnés par la non objection de cette direction publique.
Nous savons que le président de la FEC est gêné par la rigueur et la transparence du BCECO.
Doit-on lire la hargne contre le BCECO par les anciennes sollicitations du président de la FEC visant à biaiser les décisions d’attribution des marchés, alors repoussées par les animateurs de la structure?
Si le BCECO avait répondu favorablement à ses sollicitations, le président de la FEC se serait-il comporté de la même manière aujourd’hui?
UN DEFAUT EVIDENT D’EXPERTISE.
De toute évidence, le président de la FEC aurait dû consulter des experts, pourtant disponibles, pour se renseigner de la relation entre les Ressources IADM (Initiative pour l’Allégement de la Dette Multilatérale) et la création monétaire. L’utilisation des ressources IADM ne donne pas lieu à une création monétaire laquelle suppose au préalable la transformation en monnaie d’un élément de l’actif bancaire ou contrepartie de l’offre de monnaie.
Il est connu que seules la Banque centrale et les banques commerciales créent de la monnaie à l’occasion de l’achat des devises, de l’octroi des avances à l’Etat et de l’octroi des crédits à l’économie. Les opérations IADM n’apparaissent pas dans les trois cas. De toutes les façons, les ressources IADM font partie des dépôts de l’Etat. Ce sont des avoirs au même titre que n’importe quel avoir. Peut-on parler de création monétaire lorsqu’un agent non financier retire de l’argent sur son compte? Il n’y a nullement création monétaire dans ce cas. En cas d’utilisation des ressources IADM, les dépôts de l’Etat baissent au profit, soit d’une augmentation des avoirs libres des banques ou de billets et pièces en circulation. Les créances brutes sur l’Etat restent inchangées mais le crédit net à l’Etat augmente du fait de la baisse des dépôts. Le montant du bilan monétaire augmente. Il s’agit d’une augmentation de la liquidité résultant de la baisse des dépôts. Contrairement à la création monétaire où il n’existe pas de contrepartie réelle à l’actif, dans le cas des ressources IADM ou de l’appui budgétaire, la contrepartie est constituée de l’amélioration de la position des avoirs extérieurs nets. La marge de
manoeuvre de la Banque Centrale en cas d’intervention sur le marché s’élargit.
De là à méconnaître les efforts du Gouvernement pour stabiliser le cadre macroéconomique, socle de l’émergence prônée par Son Excellence Monsieur le Président de la République, procède d’un grave déficit de connaissances. Ce qui devrait plutôt pousser à une grande prudence et de l’humilité pour se renseigner au lieu de s’engager dans une pseudo démarche empirique dénouée de toute crédibilité intellectuelle.
QUE DONC CHERCHE ALBERT YUMA?
Le Gouvernement rappelle à la FEC, que dans le but de préserver sa crédibilité et son honneur, elle a l’obligation de se choisir un président qui représente ses Intérêts professionnels en lieu et place d’une personnalité en quête de positionnement politique. Le Gouverne
ment se réserve le droit de décider de ne plus traiter avec la FEC tant que celle-ci reste dans une trilogie politico-¬économique: le président de la FEC ne peut pas être à la fois acteur dans le secteur privé (FEC), dans le secteur public minier (Gécamines), et dans le secteur public monétaire (Banque centrale).
Tant que le président de la FEC restera un agent actif et important dans des organes dirigeants des institutions publiques en mal de gouvernance, il n’a pas le droit de donner des leçons de morale et d’éthique au Gouvernement, qui réalise des performances économiques et sociales historiques reconnues tant au niveau national qu’international.
L’histoire ne s’écrit pas sur base des discours truffés de contrevérités. Sinon, on retiendrait beaucoup de la deuxième République. L’histoire, la vraie et la bonne, s’écrit sur fond des faits et des actes au profit du plus grand nombre (et non pas au profit de soi-même), pouvant être reconnus plusieurs décennies, voire des siècles après.
Le président de la FEC devra se rappeler qu’il y a un langage et une éthique rigoureux lorsqu’on s’adresse à un parterre de responsables de la Communauté internationale et nationale.
La plupart d’entre eux se sont dits «déçus» et «scandalisés» par les contrevérités et le manque de considération envers le Gouvernement. Et ils ont renchéri en disant «pourquoi le président de la FEC voit-il la paille dans l’œil du Gouvernement d’enlever la poutre qui est dans son œil?»
Forum des As,
Lundi 3 février 2014.