- lun, 22/06/2020 - 02:51
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1490|LUNDI 22 JUIN 2020.
Le procès des maisons préfabriquées turques qui se déroulait en chambre foraine au
CPK et dont le verdict est tombé samedi 20 juin a montré l’étendue des crimes économiques perpétrés par des réseaux mafieux dans notre pays de connivence avec des officiels au plus niveau de la décision.
DES MILLIONS QUI PASSENT LA FRONTIERE.
Ainsi, a-t-on appris avec stupeur de la bouche de l’ancien argentier national Henri Yav Mulang mais aussi du Gouverneur de la Banque Centrale Déogratias Mutombo Mwana Nyembo qu’ordre avait été donné par le DirCab du Président de la République Vital Kamerhe poursuivi précisément pour corruption et détournement des deniers publics, pour payer un homme d’affaires libanais peu scrupuleux en allant puiser dans les réserves de change. 57 millions de $US ont donc été décaissés et remis en espèces sonnantes et trébuchantes via une banque commerciale privée à cet individu et dont au moins 40 millions de $USD n’ont pu être retracés et, du coup, doivent avoir pris une destination inconnue.
Le Libanais Samih Jammal a reconnu, devant le tribunal, avoir fait partir 10 millions de $US dans son pays, le Liban alors que le contrat par ailleurs inexistant qui aurait pu justifier ce paiement, concernait des maisons préfabriquées turques. Par ailleurs, au moins 30 millions de $US ont aussi passé la frontière via les deux enfants Samih Jammal vers la même destination. Accusé de corruption, de détournement des deniers publics et de blanchiment de capitaux destinés au terrorisme, Samih Jammal ne cesse de se défendre et de feindre ou la maladie, ou son grand âge, ou... «sa congolité». Mais voilà que le gouverneur de la Banque Centrale, par communiqué, annonce que notre pays ne dispose que d’un peu plus de 900 millions de $ US de réserve de change, plus précisément 923,12 millions $US au 29 mai 2020 et, du coup, ne saurait guère garantir des importations de plus de trois semaines quand des pays comme le Nigeria, certes, l’une des premières économies du Continent avec l’Afrique du Sud, disposait de 45 milliards $US au 25 juillet 2019 de réserves de change.
La situation des finances au Congo est à ce point lamentable qu’en comparaison avec la CEMAC, la Communauté économique de l’Afrique Centrale, celle-ci dispose des réserves de change à 3 mois et l’UEMOA, l’Union économique et monétaire ouest-africaine à cinq mois d’importation. Dans son communiqué du 17 juin 2020, publié à l’issue d’une réunion du Comité de politique monétaire - la cinquième du genre - présidée par le gouverneur Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, la Banque Centrale fait savoir que le pays ne pourrait importer qu’à seulement trois semaines. La situation congolaise est d’autant plus sérieuse que ces réserves vont de mois en mois, s’amenuisant. Par rapport à fin avril, on observe une baisse des réserves de 57,0 milliards de CDF (30 millions de $US), expliquée en partie par l’intervention de la Banque centrale sur le marché de change.
Début mai, la BCC a vendu quelque 30 millions de $US aux banques commerciales pour leur permettre de faire face à la demande des opérateurs économiques, dont des importateurs et, au passage, donner un coup de pouce à la monnaie nationale. L’opération visait aussi à réduire la pression de la demande de devises sur le marché parallèle. Côté inflation, la troisième semaine de juin 2020 a vu l’inflation s’établir à 0,519% contre 0,655% la semaine précédente et à 0,530% contre 0,634% une semaine plus tôt à Kinshasa. En cumul, l’inflation atteint 8,225% au niveau national et 8,666% dans la Capitale. L’inflation annualisée se situe à 17,870% au niveau national et 18,871% à Kinshasa. En glissement annuel, elle a atteint 10,961% au niveau national et 10,957% à Kinshasa. Des solutions structurelles paraissent s’imposer plus que jamais au niveau gouvernemental.
D. DADEI.