- ven, 22/12/2017 - 03:26
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Ni la pluie, ni rien ne le fit reculer face à l’ami Mobutu.
Lors d’une manif qu’il appela, on le vit la veille passer la frontière et prendre un avion. Puis on perdit toute trace de lui. Sur son compte Twitter @fatshi13, le fils Tshisekedi expliquait qu’il était bel et bien à Kin. Nul pourtant ne le vit nulle part dans la Capitale. Des selfies le montrèrent avec le président Alpha Condé de Guinée à Paris. Ce fut, se fendit-il d’un communiqué, une «urgence dont le Peuple verrait vite les retombées...». Un nouvel appel à manifester et Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi s’arrangeait pour ne pas escalader le mur de son habitation à Limeté et rejoindre la foule. Dans la rue, on ne vit que Fayulu, Kabund et Ewanga, vite pris par la police, conduits sous bonne garde à un commissariat. Le fils Tshisekedi attribua son absence à une «erreur de stratégie», puis,... «de coordination». Le 19 décembre 2017, s’il avait pu sortir de sa maison au volant de son tout-terrain bling-bling, c’est pour ne trouver personne à la Place de l’Echangeur à Limete, lieu de ralliement des forces hostiles à Joseph Kabila Kabange, un kilomètre plus loin. Prudemment, le fils Tshisekedi regagnait la demeure héritée de son père pour ne pas courir le risque d’être «cueilli tout seul dans la rue». Tshisekedi est parti. L’opposition a cessé. Rien ne sera plus jamais comme avant. Ce n’est pas tous les dix ans qu’on fabrique une icône. Un leader ça émerge parfois tous les cinquante ans...
Ces phrases, je les ai prononcées sur la Rtnc à une émission de grande écoute au lendemain du décès du Sphinx et certaines plutôt sur quatre des chaînes radio-télé Rfi, France 24, TV5 et Africa 24, lors d’un passage à Paris.
NE POUR LUTTER.
Il était né pour lutter même s’il eut un ami du nom de Mobutu qui lui fit voir et avaler toutes les couleuvres. Etienne Tshisekedi wa Mulumba ne recula devant rien et restera tel devant l’Histoire en majuscules. Comme le Russe Boris Eltsine ce 19 août 1991 debout sur un char de l’armée russe. Image emblématique d’un leader s’opposant à un coup d’Etat contre la Pérestoïka. L’alors président de Russie parvint à rallier des milliers de Moscovites et une partie de l’armée…
Il faut prêcher par l’exemple, être en première ligne et notamment avec les siens, femme et enfants, pour qui combat vraiment...
Or, par quatre fois ces derniers mois, Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi a, sans aucun doute, essuyé un fiasco. Une première fois, le lundi 10 avril 2017 au lendemain de la désignation de Bruno Tshibala Nzenzhe au poste de Premier ministre, quand il annonce une grande manif mais la veille 9 avril, il quitte subrepticement à la mi-journée la ville et le pays, s’envole par vol Ethiopian vers une destination inconnue. Le lendemain, en son absence, rien n’a lieu…
Lui a prétendu être dans la Capitale Kinshasa, avec les siens. Rien de tel. Plus tard, il expliquera s’être absenté pour «une urgence, pour le salut de la Nation» dont «le Peuple verra les retombées sous peu»! Depuis Paris, il poste quelques selfies avec le président en exercice de l’Union Africaine, le Guinéen Alpha Condé.
Le 19 novembre 2017, il soutient la marche du mouvement citoyen la LUCHA qui fait flop mais annonce la sienne «Non au calendrier électoral» pour le 30 novembre 2017 qui ne reçoit pas plus d’échos! Même si, sur son compte Twitter, il a appelé «les Congolais et les Congolaises à participer massivement à la marche du 30 nov 2017». La veille, il avait écrit sur son compte Twitter: «Quoi qu’il arrive, Congolais, venez nombreux».
«Nous n’allons pas faire la guerre; nous n’allons pas mettre le pays à sac. Mais nous allons marcher pacifiquement. L’autorité n’a pas à autoriser. Elle a juste à être informée et à prendre acte et à mettre à notre disposition les forces de l’ordre. Nous n’avons peur de rien et c’est d’ailleurs cette autorité qui veut défier la population», explique-t-il, la veille, lors d’un point de presse.
Si le lendemain, il est resté embastillé dans la résidence de son père, quelques chefs de partis de l’opposition (Fayulu, Kabund et Ewanga, etc.) ont tenté de faire le pavé avant de se faire arrêter quelques mètres plus loin…
Lui, explique plus tard, qu’il s’est agi d’une «erreur stratégique», regrette l’absence de coordination.
Il aurait pu déjouer la vigilance d’un véhicule de police posté devant sa maison! La prochaine fois, il s’organisera mieux. Il poste des tweets pour annoncer le déchaînement pour la fin du Régime, aidé, depuis l’étranger, par des Mentors…
Ce sera lors de sa nouvelle initiative annoncée pour le 19 décembre 2017, la «marche de sommation» devant impérativement aboutir à «l’alternance pacifique avant le 31 décembre 2017», poste-t-il.
Si la police s’est faite discrète cette fois et a permis à Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo de quitter sa maison et de se rendre au lieu de ralliement au volant de son tout-terrain bling-bling, il n’y rencontre personne et rebrousse aussitôt chemin pour ne pas «se faire cueillir tout seul dans la rue», confesse-t-il sur Rfi.
Il trouve une explication. La pluie s’est invitée ce matin-là. Elle a empêché de faire passer le message aux transporteurs privés de ne pas sortir.
Or, s’il a pleuviné aux premières heures du matin, la journée n’a connu aucune goutte de pluie…
Entre-temps, absence certaine de leadership, dans la rue, le fils Tshisekedi n’a jamais rencontré aucun ténor charismatique de l’opposition. Ni le MSR Pierre Lumbi Okongo catapulté président contesté du Conseil des Sages du Rassop, ni le PDC José Endundo Bononge plutôt discret, ni le Député UNADEC Christian Mwando Nsimba, ni l’ex-Vice Président de l’Assemblée nationale, le Député MSDD mué en ADP Christophe Lutundula Apala Pen’Apalau Louis, ni l’UNAFEC Gabriel Kyungu wa Kumwanza rallié au candidat à la présidentielle Moïse Katumbi Chapwe qui, peu à peu, se distance de l’aile dure de l’opposition Rassop expliquant que le slogan «transition sans Kabila» n’a pas de sens et, qu’au contraire, il faut privilégier une démarche de «Présidentielle sans Kabila» dès lors que le calendrier du processus électoral est désormais connu et validé par la Communauté internationale…
ORPHELINE.
Il est vrai qu’une opposition orpheline d’une icône construite tout au long des années de lutte, a besoin d’être repensée fondamentalement et de se restructurer.
Personne, et, encore moins, le fils Tshisekedi bien que portant le nom de son père, ne pouvait relever le défi dans un pays aux dimensions immenses et aux mille cultures sans la légitimité que confèrent des années de lutte.
Longtemps Tshisekedi lui-même commit des erreurs avant d’être validé par des partenaires unionafricains, unioneuropéens et américains. Il lui aura fallu tracer une nouvelle ligne stratégique, faire amende honorable à la Communauté internationale… Sous Mobutu, son ami qu’il nargua des années durant et qui lui fit vivre l’Enfer des années durant, il fut longtemps, en pleine guerre froide, un paria de la communauté internationale qu’il accusa d’avoir placé son ex-ami au pouvoir et de rouler pour lui et non pour «son Peuple». Qui ne connaît les injures publiques proférées par le représentant de l’UDPS au Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg), le Dr François Tshipamba Mpwila contre l’ancien ministre des Affaires étrangères, le Belge Louis Michel au point qu’en 2006, le second cita le premier devant un juge à Bruxelles...
En attendant, le fils Tshisekedi fait désormais profil bas. Il paraît s’être assagi. «On peut perdre la bataille mais la guerre continue», reconnaît-il. «Nous n’avons pas marché malheureusement», avoue-t-il. Dissuadé par les forces de l’ordre? «Il ne pouvait pas engager une épreuve de force. Il a compris, il a obtempéré et il a regagné son habitation», explique le porte-parole de la police, Pierre Mwanamputu.
KKM.