- mar, 06/12/2016 - 16:25
«Ce nœud gordien qui ne se dénoue pas et que le génie tranche».
Il faut nous en convaincre et l’admettre: le Président de la République - que lie sa fonction présidentielle - paraît avoir pris l’option de prendre de la hauteur et de s’ériger en arbitre. Alors qu’en début de week-end, on avait assisté à une passe d’armes à fleurets mouchetés entre l’opposition du Rassemblement (anti-Dialogue de la Cité de l’UA) et la majorité et l’opposition (ayant pris part au Dialogue), Joseph Kabila Kabange a, à la surprise générale, reçu lundi 5 décembre 2016 une délégation de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO en sigle conduite par son président, Mgr l’Archévêque Marcel Utembi Tapa et comprenant notamment le Vice-Président de la CENCO, Mgr l’Archevêque Fridolin Ambongo. Une rencontre cruciale qui intervient après la diffusion d’un communiqué de la CENCO faisant état des difficultés rencontrées par les évêques dans leur mission de bons offices. Suite à ce communiqué, la Majorité Présidentielle s’était réunie aussitôt et avait diffusé un communiqué «prenant acte de l’échec de la mission» confiée à la CENCO, invitant le Chef de l’Etat «de poursuivre la mise en œuvre de l’accord» de la Cité de l’Union Africaine quand des proches d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba (notre photo) lançaient sur des médias des appels répétés pour un tête-à-tête entre le Chef de l’Etat et le leader de l’UDPS Etienne Tshisekedi par ailleurs président du Comité des Sages de la plateforme Rassemblement qui englobe la frange la plus dure de l’opposition représentée par l’ex-gouverneur Moïse Katumbi Chapwe et son cousin Soriano Katebe Katoto. Selon le porte-parole du Gouvernement Lambert Mende Omalanga, le président de la République aurait déclaré à la délégation du Conseil de Sécurité ayant visité récemment notre pays qu’il ne voyait aucun inconvénient à rencontrer Tshisekedi. Signe de ses meilleures dispositions, le Président de la République leur aurait remis son numéro de téléphone afin qu’ils le communiquent au «Sphinx de Limete».
L’échec de la mission de la CENCO paraissait patent quand elle estime, après plusieurs semaines de négociation, «qu’autour d’une table, dans un format réduit, un compromis politique est encore possible si les parties prenantes s’y engagent et font preuve de bonne volonté».
COMMENT DENOUER CETTE CRISE?
Il reste que si une rencontre à ce niveau devrait avoir lieu, elle doit au préalable être suffisamment préparée. Elle devrait, de l’avis des signataires de l’accord de la Cité de l’Union Africaine, certainement se dérouler dans le cadre de l’article 24 de l’Accord du 18 octobre 2016 selon lequel, «le présent Accord est ouvert à la signature d’autres partis politiques et regroupements politiques ainsi qu’aux autres organisations de la société civile qui s’engagent à respecter toutes ses dispositions». Ce qui ne paraissait pas être l’entendement de la frange extrémiste et radicalisée du Rassemblement qui agite le spectre de la violence.
Selon un communiqué de la Présidence de la République signé par le Directeur de cabinet du Président de la République, Néhémie Mwilanya Wilondja, diffusé peu après la rencontre avec la délégation de la CENCO, le Chef de l’Etat a obtenu, à cette occasion, «des informations sur la mission qui avait été confiée à la CENCO en date du 29 octobre 2016». La délégation a présenté un rapport d’étape de la mission de bons offices. Celle-ci avait pour but «d’obtenir un plus large consensus sur l’Accord politique pour l’organisation des élections apaisées, crédibles et transparentes». Selon ce communiqué, les évêques ont «souhaité que le travail entamé soit poursuivi dans les meilleurs délais». Après des explications du Secrétaire général de la Majorité Présidentielle, l’Hon. Aubin Minaku Ndjalandjoku présernt à l’audience, Joseph Kabila Kabange a «encouragé la CENCO à poursuivre la mission entreprise», lui assurant «de tout son soutien». Il «a attiré l’attention de la CENCO sur la nécessité d’obtenir l’authenticité formelle des documents de travail fournis par différentes composantes politiques et sociales concernées, signataires et non signataires de l’accord politique». Le Chef de l’Etat «a réitéré son attachement au respect de la Constitution et de l’Accord politique du 18 octobre 2016 en tant que feuille de route relative au règlement des divergences sur l’organisation du processus électoral (...), les observations des uns et des autres pouvant faire l’objet des discussions entre les acteurs politiques et sociaux susvisés en vue de l’enrichissement éventuel de l’Accord précité dans les formes requises». Le Président de la République a demandé à ses interlocuteurs que «des appels à l’apaisement soient lancés par les différents groupes et organisations qui prônent le recours à la violence à leurs membres». Reste une question: jusque quand le Chef de l’Etat fera-t-il montre de patience? Il est clair que ce dossier est un véritable nœud gordien. A ce point compliqué que pour le dénouer, il faille un jour le trancher. C’est Balzac qui écrit parlant du «nœud gordien qui ne se dénoue pas et que le génie tranche».
ALUNGA MBUWA.