- jeu, 27/06/2024 - 14:28
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1612|LUNDI 24 JUIN 2024.
Un vent nouveau est-il en train de souffler à l'IGF, l'Inspection Générale des Finances, en ce milieu d'année 2024 avec la mise en place dans le pays des institutions issues des élections du 20 décembre 2023?
Même si cela n'est pas officiellement annoncé, il ne fait l'ombre d'aucun doute qu'un esprit nouveau s'installe dans les travées de ce grand service relevant de la présidence de la République qui s'apprête à prendre ses quartiers dans le mini gratte-ciel géant d'une dizaine de niveaux, contigu à ses anciennes installations, que vient d'ériger, sur l'avenue du Haut Commandement, dans la zone militaire de la ville, l’Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, Jules Alingete Key, avec l’accord du Président de la République qui devrait certainement l’inaugurer.
Deux fois oublié - à la lecture de l'ordonnance présidentielle et à la présentation des membres du Gouvernement devant la plénière d'investiture de l'équipe gouvernementale Suminwa, le nouveau ministre de la Justice et Garde des Sceaux Constant Mutamba Tungunga n'est pas moins visible dans les médias et les réseaux sociaux depuis la cérémonie de remise et reprise avec sa prédécesseure Rose Mutombo Kiese bien que ses premières sorties publiques laissent pantois les observateurs mais dénotent des signes d’engagement à la tâche.
Lundi 17 juin, il a reçu, pendant plusieurs heures, dans son cabinet, le Patron de l'Inspection Générale des Finances, Jules Alingete Key. Constant Mutamba Tungunga a aussi reçu le Procureur Général près la Cour de Cassation, Firmin Mvonde Mambu.
Quel message le Garde des Sceaux a passé à ces deux interlocuteurs ?
« Il nous a demandé de faire diligence, en transmettant le plus rapidement possible, tous les rapports de ces trois dernières années ayant établi des faits de corruption et de criminalité financière pour que le ministère de la Justice s'en occupe.
Donc, nous allons rapidement, dans les 72 heures, recenser tous les rapports ayant établi des faits de criminalité financière pour les transmettre à l'autorité », a déclaré Jules Alingete Key à la sortie de l'audience.
« Deuxièmement, une série d'audits vient d'être commandée à l'Inspection Générale des Finances, notamment l'audit de tous les fonds mis (sortis du Trésor public) pour l'indemnisation des victimes de Kisangani. Ce travail a déjà commencé aujourd'hui, une équipe d'inspecteurs des Finances est en route pour Kisangani pour essayer de vérifier ce qui a été fait de ces fonds.
Il y a également l'audit des travaux de réhabilitation du Palais de Justice par la société (turque) Milvest et l'autorité veut que nous puissions mettre à sa disposition tous les éléments : les contrats, les fonds libérés, le niveau d'exécution financière et le niveau d'exécution physique des travaux», a poursuivi l’Inspecteur Général des Finances-Chef de Service.
MOBILISATION DES RECETTES.
Que va entreprendre le tout nouveau ministre de la Justice ?
À entendre les dernières prises de parole du Procureur Général près la Cassation, Firmin Mvonde Mambu, qui s’est adressé par courrier à ses magistrats mais aussi a fait une déclaration publique, appelant à la cessation des antivaleurs parmi ses collaborateurs, citant notamment les actes de corruption, menaçant ceux dans son entourage qui s'en rendraient coupables, peut-on penser qu’une nouvelle ère s'annonce dans le secteur de la justice ?
Jules Alingete Key qui, en cinq ans, depuis qu'il est à la tête de ce service, a plongé dans mille dossiers de corruption dont se sont rendus coupables nombre de personnalités, sans certes faire remplir les prisons de ces redoutables individus, sans avoir réussi à faire retourner dans les caisses du trésor public les fonds détournés, voyant par contre ces personnalités arpenter désormais les Institutions de la République suite à leur puissance, en sait-il assez désormais qu'il lui faut bien plus, à savoir du concret, si l'on veut qu'il prête oreille à ce qu’il entend ?
« La sagesse ne peut venir que de l'expérience », dit-on, et «l'expérience n'est rien d'autre que ce qui permet à l'homme de reconnaître une erreur quand il la recommence ».
Depuis un moment, à l'IGF, les mêmes mots reviennent quand on évoque la lutte contre la corruption.
« L'IGF a joué sa partition » ; « l'IGF a tiré son épingle du jeu ».
L'Inspection Générale des Finances qui vient de rappeler les équipes de sa brigade financière déployées dans les entreprises de l'État, dans les services publics et dans les ministères, semble désormais avoir planté son premier pilier : la priorisation de la mobilisation des recettes publiques. La lutte contre la corruption, est-elle laissée aux cours et tribunaux que le ministre de la Justice annonce pouvoir activer ?
Reste le côté humain que nul, dans aucun cas, ne saurait minimiser. S’il n’avait pas été pris en charge par le Chef de l’État lui-même, Jules Alingete aurait connu le pire depuis sa nomination. Que des coups montés ! Que des injures publiques proférées ! Que des accusations gratuites portées ! Certains auraient soupçonné une coalition constituée rangée pour lui faire la peau !
D'où ces deux phrases : «L'IGF a joué sa partition», «l'IGF a tiré son épingle du jeu» ?
D. DADEI.