- lun, 07/05/2012 - 21:59
LE SOFT INTERNATIONALE N° 1167 DATE LUNDI 7 MAI 2012
C’est donc le compte à rebours, la dernière ligne droite. Les choses sérieuses vont enfin pouvoir commencer: la mise à l’eau de l’équipe gouvernementale. Cinq mois après nos élections du 28 novembre 2011, nos nombreuses palabres démocratiques sont derrière nous, le cap peut être mis. Nommée samedi 28 avril par le Président de la République après des missions d’information et de formation, l’équipe gouvernementale se présente lundi 7 mai devant les Députés conformément au prescrit de la Constitution, selon lequel «avant d’entrer en fonction, le Premier ministre présente à l’Assemblée nationale le programme du Gouvernement. Lorsque ce programme est approuvé à la majorité absolue des membres qui composent l’Assemblée nationale, celle-ci investit le Gouvernement» (art. 90, al. 4 et 5).
En vue de cette investiture, ces dernières heures, le Premier ministre était sur la brèche. De manière informelle, il a présidé deux réunions avec ses ministres. Il s’agissait de mettre la dernière main sur le Programme du Gouvernement. Il s’est ensuite rendu à une séance de travail avec les membres du Bureau politique de la Majorité avant de prendre part à plusieurs autres réunions de la majorité. D’autres réunions se sont poursuivies le week-end au sein des groupes parlementaires.
Le but était de préparer au mieux les plénières de la Chambre basse qui s’ouvrent ce lundi.
Resserré comme jamais dans ce pays (au total 29 ministres, le Premier ministre compris) mais comme l’avait voulu et annoncé le Premier ministre Matata, le nouveau Gouvernement congolais est unanimement salué dans le pays et dans le monde comme une équipe d’experts - des spécialistes, des technocrates, des techno-politiques - à l’image du Premier ministre lui-même. En somme, des hommes et des femmes dont beaucoup sont peu connus du grand public et passés avec succès au casting, examinés au scanner depuis des mois voire des années pour certains et triés sur le volet. Chacun de ces 29 ministres peut être considéré comme un doué sinon un surdoué dans son domaine.
Des personnes qui ne viennent pas apprendre du métier, des personnes qui connaissent déjà le métier, l’ont achevé voire parachevé à l’exemple de ce professeur d’économie Daniel Mukoko Samba (PALU), jadis recruté à l’étranger par l’ancien Premier ministre Adolphe Muzitu Fundji, nommé à la tête du ministère du Budget...
VOLONTE DE TRANSMUTATION.
Vendredi 27 avril, inaugurant un cycle de conférences de presse d’un nouveau style - vingt minutes pas plus, questions courtes, réponses courtes puisqu’il faut aller vite à l’essentiel et ne pas avoir à perdre de temps face au volume de dossiers qui attendent, questionneurs et questionné debout dans le hall de ce qui est, en partie et en partie seulement, ses anciens bureaux au ministère des Finances puisque l’homme qui reprend les clés, un homme que le Premier ministre connaît parfaitement pour avoir su apprécier ses qualités du temps où il était l’un des hommes de l’ombre comme conseiller au ministère, Patrice Kitebi Kibol-Mvul, ne sera que délégué auprès du Premier ministre -, Augustin Matata Ponyo avait annoncé la couleur: la moralité - oui la moralité, tout au moins une parfaite présomption de bon gestionnaire des affaires publiques pour un homme qui, dans les régies financières, a, en peu de temps, mis à la porte et devant un juge, une multitude d’agents et hauts cadres et s’est fait un point d’honneur de ne jamais faire ouvrir un seul des bureaux de son cabinet à des hommes d’affaires... libanais de réputation généralement sulfureuse! -, l’expertise, la compétence, la déflation drastique des portefeuilles, seule façon de produire de l’efficacité et donc du résultat attendu par le pays, le renouvellement des personnels dirigeants, seule façon de faire respirer le pays quand l’atmosphère devenait irrespirable....
Du coup, une vraie saignée.
Plusieurs anciennes figures du microcosme politique kinois sur le fronton depuis plus d’une décennie mis sur la touche, pas ou peu de ministres de l’ancienne équipe gouvernementale repris sur la nouvelle liste.
DE LA CHIRURGIE A CŒUR OUVERT.
Au total, six - sur une flopée d’une quarantaine voire plus de l’équipe Muzitu - qui retrouvent leurs postes ou changent de portefeuille, des technocrates, rien que des technocrates qui y ont fait du résultat et doivent poursuivre l’action.
1. A l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières, Richard Muyej Mangez Mas (Katanga, PPRD) qui arrive des Relations avec le Parlement.
2. A la Coopération internationale que garde Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo (Kasaï Oriental, ULDC) qui se joint les Affaires étrangères afin d’éviter de se marcher sur des plates bandes.
3. Aux Médias, portefeuille que retrouve Lambert Mende Omalalanga (Kasaï Oriental, UCC) qui le remembre avec les Relations avec le Parlement.
4. A l’Aménagement du Territoire, Urbanisme, Travaux Publics et Reconstruction avec Fridolin Kasweshi (Katanga, PPRD).
5. A l’Education (Enseignement primaire et secondaire) que garde Maker Mwangu Famba (Kasaï Occidental, PPRD) qui sera resté à la tête de ce ministère - fait rarissime dans le pays - tout au long de la législature et fait l’entame d’une deuxième!
6. Aux Mines avec Martin Kabuelulu (Katanga, PALU).
La nomination de cette équipe rendue officielle samedi 28 avril sur la chaîne nationale Rtnc peu après 20h30’ aura nécessité cinq mois.
Cinq mois pour écouter les différents partenaires de la majorité, cinq mois pour faire valoir et accorder des points de vue souvent disparates et parfois contradictoires dans un pays qui regorge de 500 tribus - pas moins - et autant de partis politiques - pas moins - dont au moins la moitié s’identifiant à la majorité présidentielle.
Une vraie gageure qui appelle des capacités d’approche à mettre en œuvre sans heurter quiconque mais - si nécessité - en heurtant.
Avec en effet toujours et toujours de la volonté, du courage, de la détermination à aller au bout de l’engagement en ayant en vue en permanence des objectifs à atteindre.
Tous les diagnostics le disent: notre grand malade - le Congo - n’a pas besoin d’un analgésique; il a besoin d’un vrai traitement curatif, un traitement de cheval susceptible de permettre une mutation.
La Révolution de la modernité est un défi.
De là un ministère du Plan en charge aussi du Suivi de la mise en œuvre de la Révolution de la modernité à laquelle le Président de la République tient tant et qui est le côté matérialisation de son projet des Cinq Chantiers de la République.
Vu le grand mal, le Chef de l’Etat avait voulu prescrire et faire pratiquer une intervention chirurgicale à cœur ouvert, lui qui veut atteindre son objectif de transmutation de la société, toutes les autres opérations ayant à ce jour échoué.
A ce qu’on voit, le Premier ministre a reçu carte blanche.
Du coup, il devra rendre compte. Avec des équipes épluchées sans état d’âme, il ne peut pas, il doit y arriver. Il y va du salut du pays...
NOS MINISTRES, CE QU’ILS SONT.
Qui sont ces hommes et femmes que Matata Ponyo Mapon a réunis autour de lui et à qui il a donné mission de relever le défi en s’apprêtant à lancer le Programme quinquennal 2012-2016 qu’il présente et défend en début de semaine à partir de lundi 7 mai à l’Assemblée nationale? i-après la liste (revue et complétée) de ces 29 personnes sur qui repose la lourde charge de mener à bien le projet présidentiel de Révolution de la modernité. A tout Seigneur tout honneur:
Le Premier ministre:
1. Augustin Matata Ponyo Mapon
(Maniema, Kindu).
Vice Premier Ministres:
2. Budget:
M. Daniel Mukoko Samba
(Bas Congo, PALU).
3. Défense nationale:
M. Alexandre Lubal Tamu (Katanga, PPRD).
Ministres:
4. Affaires Etrangères, Coopération internationale, Francophonie:
M. Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo
(Kasaï Oriental, ULDC).
5. Intérieur, Sécurité, Décentralisation:
M. Richard Muyej
(Katanga, PPRD).
6. Justice, Droits humains:
Mme Wivine Mumba Matipa
(Katanga, PPRD).
7. Medias, Relations avec Parlement:
M. Lambert Mende Omalanga
(Kasaï Oriental, CCU).
8. Plan, Suivi de la mise en œuvre de la Révolution de la modernité Révolution de la modernité:
M. Célestin Vunabandi Kayamihigo
(Nord-Kivu, UCP).
9. Portefeuille:
Mme Marie-Louise Munga Mesozi
(Sud-Kivu, PPRD).
10. Economie et Commerce:
M. Jean-Paul Nemoyato Bagepole
(Province Orientale, CDC, opposition).
w 11. Aménagement du territoire, Urbanisme, Habitat, Travaux publics et Aménagement du territoire:
M. Fridolin Kasweshi (Katanga, PPRD).
12. Transports et Voies de communications:
M. Justin Kalumba Mwana Ngongo
(Maniema, PANU).
13. Environnement, Conservation de la nature et Tourisme:
M. Louis Bavon N’sa Mputu
(Equateur, PDC).
14. Mines:
M. Martin Kabwelulu (Katanga, PALU).
15. Ressources hydrauliques et Electricité:
M. Bruno Kapandji Kalala
(Bandundu, PALU).
16. Hydrocarbures:
M. Crispin Atama Ntabe (Province Orientale, PPRD).
17. Industrie et PME: M. Rémy Musungayi Bampale
(Kasaï Occidental, ADR, opposition).
18. Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication:
M. Tryphon Kin-kiey Mulumba
(Bandundu, P.A).
19. Emploi, Travail et Prévoyance Sociale:
M. Modeste Bahati Lukwebo
(Sud-Kivu, AFDC).
20. Santé:
M. Félix Kabange Numbi Mukwampa
(Katanga, ECT).
21. Enseignement Supérieur et Universitaire:
M. Pascal Chelo Lotsima (Province Orientale, PPRD).
22. Enseignement primaire, secondaire et professionnel:
M. Maker Mwangu Famba
(Kasaï Occidental, PPRD).
23. Agriculture:
M. Jean Chrysostome Vahamwiti Mukeshahira
(Nord-Kivu, MSR).
24. Affaires foncières: M. Robert Mbuinga Bila
(Bas Congo, PPRD).
25. Affaires Sociales:
M. Charles Nawej Mundele
(Bandundu, ARC).
26. Genre, Famille: Mme Geneviève Inagosi Bule
(Province Orientale, NAD).
27. Fonction Publique: Jean-Claude Kibala
(Sud-Kivu, MSR).
28. Sport, Jeunesse, Culture et Arts:
Banza Mukalay Sungu
(Katanga, UDCO).
29. Ministre Délégué auprès du Premier Ministre chargé des Finances:
Patrice Kitebi Kibol-Mvul
(Bandundu PPRD).
LES AXES DU PROGRAMME.
Le Programme Quinquennal 2012-2016 que Matata Ponyo présente et défend en début de semaine à la Chambre basse du Parlement en présence de tout son Gouvernement a pour ambition de porter le taux de croissance économique annuel à deux chiffres, le consolider de façon durable en vue de hisser le pays au rang de pays à revenu intermédiaire et de préparer les conditions pour son émergence vers 2030.
Pour y parvenir, le Gouvernement se propose de mettre en œuvre des politiques favorisant la croissance, l’emploi et l’amélioration des revenus et du bien-être des populations.
Ces politiques prennent en compte les attentes de la population telles qu’exprimées, tout au long de la campagne électorale ayant conduit aux scrutins du 28 novembre 2011. Les attentes touchent les secteurs de l’eau et de l’électricité, l’emploi des jeunes, l’autonomisation des femmes, l’accès au crédit, aux soins de santé, à l’éducation et au logement. De même que les questions liées à la lutte contre l’impunité et à l’éducation à la citoyenneté.
Le Programme s’articule autour des axes ci-après qui sont des objectifs à réaliser par le Gouvernement:
- Poursuivre et finaliser les réformes institutionnelles en vue de renforcer l’efficacité de l’Etat;
- Consolider la stabilité macro-économique et accélérer la croissance et la création des emplois;
- Poursuivre la construction et la modernisation des infrastructures de base;
- Améliorer le cadre de vie et les conditions sociales de la population;
- Renforcer le capital humain et faire de la société congolaise un vivier de la nouvelle citoyenneté;
- Renforcer la diplomatie et la coopération au développement.
MOTIVATIONS DES OBJECTIFS.
L’économie de notre pays a enregistré durant la décade 2000-2010 un taux de croissance moyen de 5%. Cette performance ne s’est malheureusement pas traduite par une amélioration correspondante de l’emploi et du bien-être de la population.
De plus, les contraintes sont récurrentes, en dépit des avancées notables enregistrées depuis 2001 dans le domaine économique, social et législatif.
Pour face à cette situation, le Président de la République a décidé d’inscrire le pilotage de l’économie nationale dans une logique prospective de long terme. Il a repensé, dans le cadre de sa vision de long terme, un nouveau modèle de croissance, ainsi que de nouvelles stratégies de développement capables d’entretenir une croissance inclusive, partagée et génératrice d’emplois durables et du bien-être social pour tous.
DES POLES DE CROISSANCE.
C’est ainsi que les objectifs poursuivis dans ce Programme 2012-2016 s’inscrivent principalement dans la trilogie: croissance, emploi, accroissement de revenu et du bien-être de la population.
L’amélioration de la gouvernance demeure un défi majeur.
Faute d’une volonté politique clairement affirmée pour le changement, la révolution mentale que requiert la situation restera un leurre. Dans sa nouvelle vision, le Président de la République propose une approche de développement dite «autocentrée et intégrée», consistant au déploiement équilibré sur le territoire national des pôles économiques et industriels de croissance.
Cette approche s’appuie sur l’opportunité de développer, en fonction des avantages comparatifs et compétitifs de chaque espace économique, des industries de transformation et des industries manufacturières, particulièrement dans les secteurs agro-industriels, de valorisation de nos ressources naturelles et des industries structurantes ou industrialisantes.
La mise en œuvre de ces pôles de croissance sera l’axe central de la politique de croissance et de l’emploi du programme 2012-2016. Il sera complété par les réformes et le soutien de l’Etat aux secteurs économiques clés dont l’agriculture, les mines, l’énergie, les hydrocarbures, la télécommunication, la forêt et l’environnement. L’objectif ultime est de créer de milliers d’emplois pérennes et mieux rémunérés, de réduire la pauvreté et la précarité et de faire de notre pays une puissance économique et industrielle émergente au cœur de l’Afrique.
Au cours du quinquennat 2012-2016, le Gouvernement s’engage à assurer le passage de la stabilisation vers une croissance partagée et un développement réel de la Nation congolaise. A cet effet, le cadrage macroéconomique qui sous-tendra ce programme quinquennal est projeté comme suit:
- Taux de croissance de l’économie à porter de 7% en 2012 à 15% en 2016.
- Taux d’inflation à réduire de 15% en 2011 à 8% en 2013, puis à 4% maximum en 2016;
- Taux de change dont la volatilité doit être contenu à maximum de 1,5% du taux d’équilibre. Et dans tous les cas, le taux de change USD/FC doit rester dans la fourchette de 900 FC à 1000 FC maximum durant toute la période 2012-2016;
- Recettes publiques à augmenter du simple au triple à l’horizon 2016 par rapport à son niveau actuel;
- Déficit public à contenir dans la norme admissible de 0 à 3% du PIB maximum durant toute la période du programme.
La politique budgétaire visera d’une part, à accroître le niveau des recettes publiques du simple au triple à l’horizon 2016 (hypothèse minimaliste) et d’autre part, à rationaliser les dépenses et à améliorer à la fois leur qualité et leur composition.
L’atteinte de ces objectifs sera soutenue et accompagnée par les mesures et actions ci-dessous:
- la modernisation du cadre institutionnel et des instruments de gestion et de suivi-évaluation budgétaire.
Il est prévu de mettre effectivement en œuvre toutes les dispositions de la nouvelle Loi n°011/011 du 13 juillet 2011 relative aux Finances publiques, d’appliquer rigoureusement la loi relative à l’attribution des marchés publics, et de mettre en œuvre le Plan Stratégique de Réforme des Finances Publiques (PSRFP);
- la mise en œuvre des stratégies plus efficaces d’amélioration de la qualité et de la composition de la dépense, ainsi que de la mobilisation accrue de recettes publiques;
- la maîtrise de la fiscalité des secteurs économiques à fort potentiel contributif au budget de l’Etat, à savoir: les mines, les hydrocarbures, la forêt, et la télécommunication;
- la poursuite de la mise en œuvre de la réforme de la TVA;
- le respect strict des procédures prévues dans la chaîne de la dépense;
- la mise en place d’un guichet unique électronique intégré dans les postes douaniers frontaliers pour sécuriser les recettes douanières;
- la poursuite de la lutte contre la fraude fiscale, l’évasion fiscale et la corruption à travers un renforcement de la collaboration entre le Ministère de la Justice et les Régies Financières, et l’application sans faille des sanctions prévues;
- la poursuite de la campagne de civisme fiscal;
- la création d’un Tribunal Fiscal chargé de traitement des dossiers ayant trait à la fraude fiscale et à l’évasion fiscale;
- le maintien de la coopération économique et financière avec les institutions multilatérales (FMI, BM, BAD) en vue de la poursuite des programmes en cours.
Au total un programme qui ne manque pas d’attrait.
D. DADEI.