Est-il possible que le parti présidentiel ait pu avoir organisé des milices armées?
  • mar, 01/09/2020 - 13:38

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1497|LUNDI 31 AOUT 2020.

Par ces temps des réseaux sociaux, impossible, en dehors d’un système de communication interactif et réactif, de démêler le vrai du faux. Le faux est souvent plus gros, plus fort, plus structuré au point que le citoyen lambda est bien en peine de trancher. Plus le mensonge est gros, plus il passe... En effet.

Du coup, certains ont réglé le problème : ne jamais suivre les réseaux sociaux ou la multitude de leurs sites de référence, se contenter des médias structurés, «institutionnels» à l’«origine» bien identifiée...
Encore que ceux-ci peuvent beau clamer une indépendance ou un professionnalisme, cela n’est souvent que de façade dès lors qu’ils sont dépendants de la ligne éditoriale tracée par des dirigeants économiques ou... politiques. Les maîtres à penser...

Certes, le régime démocratique a cru régler la question - plus les médias sont divers sur une scène, plus le Citoyen a plus de chance d’être informé en misant sur l’objectivité qui est à l’arrivée - à la consommation finale - moins ou jamais au départ - à l’émission - sans y parvenir vraiment. Là encore, qui donc investit massivement les opinions sinon le capital, à savoir le plus économiquement fort?

LES RESEAUX
S’EN SONT EMUS.

Par deux fois, ces derniers jours, le parti présidentiel UDPS s’est trouvé heurté dans sa posture publique. Le cas le plus frappant est celui de Kasumbalesa, à la frontière avec la Zambie, dans le Haut-Katanga. Un chef local de l’UDPS a estimé devoir «collecter» l’impôt, organiser le salut au drapeau, faisant bloquer la circulation au moment de l’exécution de l’hymne du parti ! Les réseaux s’en sont émus...
Avec eux, tous les cartésiens... Comment cela serait-il possible? Le parti présidentiel a-t-il été infiltré (en politique, cela est courant)? Par qui et dans quel but ? On pourrait à cette dernière question imaginer la suite... Il s’agirait de fausser l’image d’un parti voulu dès sa création, par ses pères fondateurs, pacifique... Cette étape a-t-elle été dépassée? L’UDPS se serait-elle transformée en parti de violence, de maquis ou ses dirigeants dépassés ne tiendraient pas en laisse des partisans ?

QUAND L’EXTERIEUR COMPTABILISE.
Pourtant, le secrétaire général a.i de l’UDPS Augustin Kabuya Tshilumba a envoyé un message sans équivoque à la base menaçant «quiconque s’en prendrait avec légèreté» à l’image du Président de la République. Mais cela n’avait-il pas parfois été vu avec étonnement sinon épouvante sur certains réseaux sociaux?

Le Président normal, voulu par François Hollande même à l’ère des réseaux sociaux, est-il possible quelque part dans le monde et a-t-il jamais été concevable en Afrique où le Chef, plus qu’ailleurs dans le monde, est sacral ? La légende ne rapporte-t-elle pas comment des Chefs Kuba, des Mwami ou des «Mfumu Kikanda sont loués, vénérés voire craints au sens noble du terme, par les leurs ? Réclamer le simple respect dû à un Chef n’est pas façonner un dictateur.

Des FCC ont parlé de «République des Juges», voici que l’un des ténors du FCC, le député Félix Kabange Numbi, ancien ministre de la Santé, évoque, sur une radio privée, une «République des Wewa» citant au passage les morts des manifestations et des destructions des sièges des partis politiques... «Le but est de faire taire les autres. Mais là n’est plus la République. Le risque est de voir l’exemple être suivi par d’autres... Ce qui serait la fin de tout». Intox? Joue-t-on à faire peur?

Informé de la dérive - du risque, du danger qui menacerait même les assises du pouvoir républicain qu’il symbolise fortement auprès de ses Concitoyens et à l’étranger qui observe, comptabilise, documente, le Président de la République a eu une réaction virulente.
Il ne faut pas qu’après le conflit Kamwena Nsapu dans le Kasaï qui n’a pas encore fini de rendre compte et alors que le nouveau régime pousse la justice afin que la vérité, toute la vérité, rien que la vérité éclate au grand jour pour que des responsabilités soient établies et les responsables sanctionnés, que soudain, la vague irait en sens contraire. Voilà un piège tendu.

Via le secrétaire général a.i Augustin Kabuya Tshilumba qui gère le parti présidentiel au quotidien, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a eu recours à l’armement lourd pour mettre fin à des dérapages inacceptables d’une cellule à Kasumbalesa dite Bilanga.
«Nous ne sommes pas venus au pouvoir pour faire comme ceux que nous avons critiqués hier. L’UDPS ne peut pas se transformer en une institution du pays. M. Tshisuaka n’est pas reconnu par la direction politique du parti comme président fédéral de l’UDPS/Kasumbalesa. S’il y a une personne qui a un document qui atteste que cet homme est responsable de l’UDPS à Kasumbalesa, qu’il nous le brandisse», a-t-il déclaré, intervenant au journal télévisé de la chaîne publique Rtnc appelant «le gouvernement provincial du Haut-Katanga à jouer son rôle qui consiste à rétablir l’ordre à ce poste frontière».
Il n’empêche !

`Directeur de cabinet adjoint du gouverneur du Haut-Katanga, le professeur Christian Kunda Mutoki a, mercredi 19 août, accusé le parti présidentiel d’être mêlé à la fraude douanière à Kasumbalesa en y installant une base Bilanga.
«Au delà du drapeau officiel de l’UDPS qu’on monte matin et soir, exigeant aux gens de ne pas bouger et aux automobilistes de s’arrêter au moment de l’hymne, l’UDPS a construit un dépôt à la frontière de Kasumbalesa une grille tarifaire en y collectant des taxes. Il y a aussi une milice, une police propre à ce parti politique qui perçoit des taxes».
Trois gouverneurs, tous FCC certainement brieffés - Jacques Kyabula du Haut-Katanga, Richard Muyej Mangez Manz de Lualaba et Zoé Mwanzambala Kabila de Tanganyika - ont appelé le Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, le CACH Gilbert Kankonde Malamba, à mettre fin au phénomène Bilanga. Depuis, Tshisuaka a pris la poudre d’escampette...

DES «FARCES»
A PREMIERE VUE...

Alors que l’UDPS se désolidarise d’une tête brûlée dans l’ex-Katanga, le parti présidentiel aurait-il œuvré à en organiser une dans la Capitale dans le quartier de Kingabwa, commune de Limete ? Voilà qui ne serait pas logique. Il n’empêche ! Aussitôt ce «groupe d’inciviques» démantelé mercredi 26 août 2020 - «sur ordre de la haute hiérarchie» - et que vingt-trois personnes ont été mises aux arrêts, le FCC-PPRD a diffusé un communiqué officiel y voyant «de la similitude (...) entre les activités menées par ces groupes de hors-la-loi, identifiées également à Kasumbalesa», exprimant «sa vive préoccupation de voir ces milices urbaines se multiplier d’autant qu’elles portent directement atteinte à l’Etat de droit, à la démocratie et à la sécurité des biens et des personnes». Ce communiqué qui place le FCC-PPRD dans le camp du soutien de «la stabilité du pays», «exige une enquête minutieuse et approfondie (...) en procédure de flagrance» et réclame «les sanctions les plus sévères».

DES REACTIONS
MOQUEUSES.

Dans les milieux proches de l’UDPS, les réactions après ce communiqué du FCC n’ont pas tardé. Plutôt moqueuses...
«Il fallait écrire... des miliciens se revendiquant d’un parti politique..., puisque dans leur communiqué, ils désignent par avance le coupable, même par allusion ; soyons plus précis, par illusion nocive, ils ne peuvent plus demander l’ouverture d’une enquête mais bien celle d’un procès.

Bref, c’est de la distraction. La route qui est la nôtre n’a plus désormais ni virage ni bifurcation. Appliquons sans complaisance le plan économique et social du Président de la République. Ne nous laissons pas détourner par cette farce. Aviez-vous vu un communiqué du PPRD après les massacres du Kasaï? Oui, seulement pour en nier l’évidence et l’existence. Que dire de Gédéon Kyungu, des Bakatakatanga, 2005 au Congo-central, Équateur, Yumbi.... Cependant, satis superque! En 18 ans d’existence, le PPRD n’a jamais battu le pavé.

Mais pour la toute première fois qu’ils organisent une marche, il y a peu, c’est son contraire, un arrêt, un retour sur le passé. Oui, en soutenant les anti valeurs, par la marche contre l’Etat de droit, contre l’indépendance des magistrats, contre le progrès, ils prônent l’immobilité. Cette immobilité qui semble naturelle au PPRD qui sent qu’avec l’avènement de l’UDPS, c’est le début d’une nouvelle série des enfants de chœur fascinés par le gain et l’exploitation du peuple».
En clair, s’il y a certainement des informations à ingurgiter, il y en existe celles qui ne méritent pas qu’on s’y attarde. Mais comment le faire par ces temps de «Tout Info»?
ALUNGA MBUWA.

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