- mar, 02/08/2016 - 01:51
On peut s’interroger sur les mesures exceptionnelles prises en Turquie par le président Erdogan. On comprend mieux la purge sévère opérée par le descendant de Kemal Atatürk.
C’est à vous donner le tournis! L’homme qui était en charge du fameux accord régional d’Addis-Abeba par lequel le Congo opérait le retour à la paix.
L’homme qui était en charge du dossier éminemment sensible des ex-rebelles du M23. François Mwamba Tshishimbi jette l’éponge et, dès le lendemain, sans autre forme de procès, rejoint l’opposition, rejoint l’UDPS, rejoint Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Logique au fond!
POLITICIEN D’ORDONNANCE.
Elu par défaut en 2006 sur les terres où Tshisekedi est adulé quand «Le Sphinx» boycotte le scrutin, non élu naturellement en 2011 et séquestré (par des militants UDPS pour l’en punir pour un acte d’outrage) quand l’UDPS prend la course, Tshishimbi était voué à être un politicien d’ordonnance présidentielle aussi longtemps que Tshisekedi existerait. Or, voici que Tshisekedi revient au pays, que malgré la maladie et le grand âge, le vieil opposant anti-régime continue de galvaniser des foules. Sauf à continuer à être le politicien d’ordonnance..., Tshishimbi se résoud à jeter l’éponge le 14 juillet 2016 et, sans attendre l’acceptation du Président de la République, l’ancien bras de l’ex-rébellion du MLC de Jean-Pierre Bemba en fait l’annonce planétaire.
Nommé Coordonnateur du Mécanisme national de suivi de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, il avait rang de quasi chef de corps, était de toutes les missions à l’étranger, de tous les cénacles où on parlait diplomatie, rencontrait tous les dirigeants intercontinentaux, faisait rapport au nom du Chef de l’Etat jusqu’au Conseil de sécurité des Nations Unies. Ce fut l’homme clé, l’homme de confiance... On n’arrive pas à un tel poste autrement...
Or, voici qu’il tourne casaque, rejoint Tshisekedi et l’UDPS au soir même de son départ, recrute des foules pour le retour en fanfare de l’opposant dont il fut jadis le représentant en France... Et, last but not least, s’annonce sans transition au meeting du Rassemblement aux côtés de Tshisekedi! Et fait cette annonce en présence des cadres de son parti ADR, d’un des hommes forts de l’UDPS Bruno Tshibala, de Jean-Pierre Lisanga Bonganga, proche allié du Sphinx et de Laurent Batumona, membre du comité des sages du Rassemblement. Tshishimbi et Batumona sont des chefs de partis dont des membres siègent au Gouvernement! Dire si les événements se sont précipités, c’est rien dire!
Tshishimbi enfonce le clou: «Le dialogue en l’air est un dialogue «de trop pour le Congo». Et de se vêtir de la feuille de route de Tshisekedi comme réponse au problème.
Il avoue avoir rencontré Tshisekedi en 2014 pour lui faire part de ses convictions. Il semble l’avoir rencontré plusieurs fois.
Ses sorties du pays soumises au protocole d’Etat, il attendait l’un de ses fréquents déplacements officiels à l’étranger (à Nairobi) pour se faufiler dans la foule et disparaître, le temps d’un aller-retour Nairobi-Bruxelles-Nairobi. Et là, il passait le message... Vendait les plans de Kinshasa!
Tshishimbi dit avoir résolu de s’en tenir au Pacte républicain conclu à Sun City. Cela ne l’a pas empêché d’accepter de faire partie d’un Exécutif à la couleur différente de son énième parti ADR...
On peut s’interroger sur les mesures exceptionnelles prises en Turquie par le président Recep Tayyip Erdogan. On comprend que la purge sévère attendue opérée par le descendant de Mustafa Kemal Atatürk est un moyen de sauver son pays et son régime.
T. MATOTU.