- mar, 01/11/2016 - 12:33
On est abasourdi. Le Congo piégé par ses propres diplomates? Le moins que l’on puisse dire. L’homme en charge encore il y a peu de la CIRGL, le Congolais Alphonse Ntumba Luaba, critique sans vergogne l’appui diplomatique apporté au président Joseph Kabila Kabange mercredi 26 octobre par ses pairs, les Chefs d’Etat membres de la CIRGL réunis à Luanda, Angola. «Je peux me demander pourquoi la CIRGL n’a pas voulu se référer au protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance qui parle des périodes d’organisation des élections et qui demande à ces Etats membres de faire en sorte que les élections respectent les périodes telles que fixées par les Constitutions de façon à ce que le Chef de l’Etat soit élu pendant ces périodes-là et les contentieux électoraux soient vidés à temps pour que le nouveau président élu s’installe dans le délai constitutionnellement fixé», déclare-t-il en haute et intelligible voix dimanche 30 octobre sur la radio onusienne Radio Okapi. Alphonse Ntumba Luaba était, il y a peu, secrétaire général de la CIRGL pour le compte de la R-dCongo!
AUTRE SURPRISE.
L’homme explique que le sommet de Luanda a tout simplement choisi d’ignorer le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance de la CIRGL dont des chapitres traitent de l’organisation des élections dans les délais constitutionnels. Il pousse plus loin et attribue l’attitude des Chefs d’Etat réunis dans la capitale angolaise au manque de culture des textes. «Nous n’avons pas la culture des textes au niveau des Etats comme au niveau des organisations régionales. Que puis-je faire? Je constate», conclut-il. A Luanda, le président José Edouardo Dos Santos également président en exercice de la CIRGL, a salué l’accord réalisé par la classe politique nationale congolaise elle-même à l’issue du Dialogue Politique National Inclusif qui renvoie la Présidentielle à avril 2018.
Ce qui surprend dans cette sortie de l’ancien secrétaire général r-dcongolais de la CIRGL, ce ne sont pas ses déclarations qui reflètent ses convictions. C’est le fait de savoir qu’il ait pu être le représentant de Kabila à la CIRGL sans faire montre de retenue quand il quitte la fonction.
Autre surprise, celle observée après le départ de son poste de Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi (MNS en sigle) de François Muamba Tshishimbi.Cet ancien secrétaire général de l’ancienne rébellion du MLC de Jean-Pierre Bemba Gombo a quitté ses fonctions le 14 juillet 2016 après les avoir exercées depuis 21 mai 2013 avant d’annoncer dès le lendemain son ralliement à l’opposant Etienne Tshisekedi wa Mulumba, soutien déclaré de l’ex-gouverneur du Katanga, le richissime Moïse Katumbi Chapwe. Tshisekedi venait d’entreprendre le voyage retour à Kinshasa après des mois de séjour médical en Belgique. Muamba Tshishimbi expliquait sans ménagement qu’il se mettait désormais au service plein et entier de Tshisekedi dont il assurait mobiliser les partisans pour le grand accueil… Dans sa lettre de démission adressée au Président de la République, Muamba Tshishimbi écrit: «Par la présente, j’ai l’honneur d’informer votre haute autorité de ma décision de démissionner du poste de Coordonnateur, que j’occupe au sein du Mécanisme national de suivi -MNS- depuis le 21 mai 2013».
LE MENAGE.
Puis: «En ce moment où je prends congé de mes fonctions, je mesure la portée, et vous remercie de votre volonté républicaine de m’avoir d’abord impliqué dans les négociations de Kampala - au moment où le pays était agressé de l’extérieur - et, ensuite, confié la supervision de la mise en œuvre de l’Accord-cadre subséquent, alors que je n’appartiens pas à votre famille politique».
Puis: «C’est au nom de ce même esprit républicain, expression de notre patriotisme, que, pour ma modeste part, je suis amené à respecter vos choix et assumer pleinement les miens. Ayant pris la mesure du temps et des circonstances, que notre pays vit en cette année cruciale 2016, je vous précise que ma démission prend effet ce jour».
Les termes choisis par François Muamba, élu de Kabeya-Kamuanga en 2006 battu au propre comme au figuré lors des élections de 2011, pour s’exprimer comme les critiques de Ntumba Luaba paraissent à ce point durs qu’ils révèlent à tout le moins une erreur de casting.
Lorsque des diplomates postés à un tel niveau de responsabilité viennent à quitter la barque et rallient sans transition une opposition pure et dure, c’est signe que le ver pourrit le fruit. Un travail de ménage est essentiel.
ALUNGA MBUWA.