- ven, 30/05/2025 - 08:45
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1637 | LUNDI 26 MAI 2025.
C’est un Congolais - un vrai alors - ce George Arthur Forrest et c'est sans doute pour cela que le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a tenu à rehausser de sa présence et présider la cérémonie de vernissage du énième ouvrage que cet octogénaire toujours aussi debout, toujours aussi en action, vient de sortir sur le marché.
Mercredi 14 mai 2025, Fleuve Congo Hotel. Quel décor déployé dans le lobby de ce palace 5 étoiles érigé en 1972 par Mobutu, qui s'appelait alors le CCIZ, le Centre de Commerce International du Zaïre, transformé en 2012 en hôtel de luxe par un homme d'affaires chinois, Simon Cong, avec au pied de l'énorme marche qui conduit vers les salles des spectacles une colonne d'hôtesses d'accueil arrivées la veille de l'espace Grand Katanga, dans le Sud-Est du pays, à deux heures de vol, dans le hall au premier étage, dans la grande salle des spectacles avec ses strapontins tapis de rouge, puis dans la salle à la remontée où les invités triés sur le volet allaient se retrouver deux heures plus tard pour le cocktail, aux alentours de 21:00'.
Ce qui fut hier le Kempinski Fleuve Congo Hotel, passé plus tard dans les mains de la maque Blazon Hotels pour faire Fleuve Congo Hotel by Blazon Hotels, considéré à Kinshasa comme l'antichambre du Pouvoir, allait accueillir le Président du pays et le Président de Groupe Forrest International, le milliardaire George Arthur Forrest pour la cérémonie de vernissage de l’ouvrage intitulé «l’Afrique peut nourrir le monde» (2024, Paris XIème arrondissement, éd., Le Cherche Midi, préface de Macky Sall, 18,50 €).
« Merci George pour cette contribution très importante à la République Démocratique du Congo, mais aussi à l’Afrique, car cela va vraiment être une sorte de bible pour ceux qui vont se lancer avec nous dans ce rêve de faire la revanche de l’agriculture sur les mines », déclare Félix Tshisekedi en mouillant précautionneusement l'ouvrage de gouttes de Champagne. Quand il prend la parole, George Arthur Forrest explique que «par son importance vitale, l’agriculture est au cœur de la vie et doit de ce fait être hissée comme une priorité dans la définition et la mise en œuvre de nos politiques publiques». Ci-après :
AU CŒUR.
«Excellence, Monsieur le Président de la République, après mon premier livre un siècle de rêves publié il y a deux ans à l’occasion de la commémoration du centenaire de présence effective, affective et active de la famille Forrest en RDC, bis repetita, vous voici de nouveau avec moi, ma famille, mes collaborateurs, mes invités et nos amis, pour le baptême de mon nouveau-né L’Afrique peut nourrir le monde.
Votre présence officielle, avec sa touche toute amicale, m’honore et m’oblige. L’honneur qui m’est fait est immense, et me voilà exposé à manquer des mots qui conviendraient pour vous dire combien je vous suis reconnaissant d’avoir pris, dans votre emploi du temps très chargé, un temps précieux pour me le consacrer. Votre présence m’honore, ai-je dit. Mais en plus, et au-delà de l’honneur, votre présence m’oblige. Elle m’oblige à redoubler d’efforts et d’imagination créatrice, elle m’oblige à m’investir davantage et à pousser encore plus loin pour que le titre de mon ouvrage résonne de tout son sens, pour qu’ensemble, conformément à votre engagement et à vos ambitions, dans la continuité de votre action, nous puissions assurer à notre cher Congo sa sécurité alimentaire, première étape vers la souveraineté alimentaire de notre chère Afrique.
Pour en avoir plusieurs fois discuté avec vous, dans le secret de votre bureau et ailleurs, je sais combien ce sujet est au cœur de vos préoccupations, je sais combien il vous tient à cœur.
Pour toutes ces raisons, et pour bien plus encore, j’ai à vous témoigner de ma gratitude infinie, et je le fais bien volontiers, et bien sincèrement, je vous assure. Sécurité et souveraineté alimentaires, voilà un sujet crucial pour notre présent et déterminant pour notre futur.
Par son importance vitale, l’agriculture est au cœur de la vie et doit de ce fait être hissée comme une priorité dans la définition et la mise en œuvre de nos politiques publiques. Dans un contexte où le continent demeure dépendant des importations pour nourrir sa population, il ne saurait y avoir de doute sur notre volonté d’impulser une révolution agricole afin de permettre aux citoyens africains de consommer ce que l’Afrique, notre terre-mère, est capable de produire.
Relever le défi de l’agriculture et de la transformation de ses produits sur le continent a une triple finalité positive: D’abord, il s’agit d’arriver à l’autosuffisance alimentaire pour les populations; ensuite de renverser la courbe de notre balance commerciale; et enfin de créer des millions d’emplois décents et durables grâce au travail acharné de la terre. Mais à y regarder de plus près, au regard de notre potentiel inouï et de notre situation de dépendance à l’aune de nos importations, nous pouvons à juste titre parler de scandale agricole.
Scandale agricole. Mais que disent d’un scandale les savants dictionnaires «Robert» et « Larousse»? Ensemble ils s’accordent pour déclarer que le mot scandale renvoie à un «fait qui heurte la conscience, le bon sens, la morale et suscite l'émotion, la révolte».
Voilà que ces deux outils précieux nous donnent le ton et nous orientent clairement vers le cœur du sujet du livre qui nous réunit. Notre pays produit moins de la moitié de la nourriture que nous consommons. Aussi, plus de la moitié de ce que les Congolais mangent est importée. Il s’agit bel et bien d’un scandale au regard du potentiel énorme et des richesses gigantesques que contient notre sol, hélas largement inexploitées. Le Congo, c’est 66% de territoire couvert de forêts et un potentiel hydrographique considérable avec le fleuve Congo, qui inonde de larges étendues de terre. Les immenses terres fertiles, la pluie abondante, le soleil en permanence font que notre pays dispose du plus grand potentiel en Afrique pour produire des aliments de haute qualité à faible coût.
Le fleuve Congo, en termes de débit, est le premier sur le plan africain et le deuxième sur le plan mondial. Sa disponibilité en eau renouvelable est évaluée à plus de 300 milliards de m3 par an. Et ce n’est pas tout, il pleut sur notre pays 9 à 10 mois par an. Avec nos 80 millions d’hectares de terres arables et environ 100 millions de Congolais dont 60 % ont moins de 20 ans, le Congo est d’abord un pays agricole avant d’être minier. Cet immense potentiel humain, foncier, hydraulique et climatique justifie que l’on parle de notre pays comme un scandale agricole après l’avoir longtemps désigné comme un scandale géologique, avec un sous-sol riche mais dont les matières premières ne profitent pas assez aux Congolais. Il est une chose de constater et de nommer le scandale comme il est une autre d’en assumer la responsabilité et de s’engager à renverser cet ordre pour transformer le cours de l’histoire, de contredire les projections catastrophistes pour asseoir enfin les bases d’une agriculture moderne comme levier principal d’une économie conquérante.
C’est à cela et dans cela, que vous vous êtes engagé, Excellence Monsieur le Président de la République. Mais après cet acte fort qui est le vôtre, il nous appartient, à nous opérateurs économiques, industriels et investisseurs, dans un bel élan patriotique, de transformer cette vision qui est la vôtre en une réalité sur le terrain et dans le quotidien des Congolaises et des Congolais. Et c’est pour jouer ma partition, dans la symphonie dont vous le chef d’orchestre et battez la mesure, que j’ai fait le choix, en tant qu’entrepreneur congolais et africain, soucieux du devenir de mon pays et de mon continent, de lancer le vaste et ambitieux programme pour mettre le grenier de notre pays à l’intérieur de ses frontières.
C’est ainsi que je travaille depuis quelques années sur un immense chantier: le projet GoCongo, dont l’ambition est de contribuer à nourrir 90 millions de Congolais, de lutter contre l’inflation des denrées alimentaires et de s’attaquer à la déforestation.
GoCongo est un exemple et peut servir de modèle pour attirer des investissements massifs et diversifiés. Mon rêve est de contribuer à faire du Congo un pays auto-suffisant et donc souverain ; de faire de notre pays le grenier de l’Afrique. Et cela est de l’ordre du possible. C’est du haut de mon âge et de ma longue expérience des affaires que je m’exprime sans jamais renoncer au devoir d’humilité qui m’oblige à être à l’écoute de tous pour toujours continuer d’apprendre de chacun. Avec mes partenaires et collaborateurs, nous avons tracé un chemin pour une agriculture ambitieuse, moderne et durable. Mais rien ne peut connaître un succès à long terme sans l’apport de toutes les parties prenantes. Ainsi l’État a un rôle majeur à jouer à nos côtés pour faire du scandale agricole congolais le terreau fertile d’une grande révolution pourvoyeuse de tous nos aliments de base, créatrice d’emplois en quantité et en qualité et hautement génératrice de valeur ajoutée.
Avec humilité, mais avec la gravité et l’espérance qui s’attachent à une urgence, ici et maintenant, du haut de mon âge, je tiens à vous redire que cet axe de votre combat pour une revanche du sol sur le sous-sol, il est aussi le combat de ma vie, de ce qu’il me reste à vivre. Voilà pourquoi, je vous demande non pas de pousser - vous le faites déjà - mais d’inviter et d’inciter davantage tous vos collaborateurs pour qu’ils soient à la hauteur de votre engagement et de votre vision pour mieux les décliner avec nous.
C’est en déclinant vos ambitions et en traduisant vos directives en actions qu’ils s’attelleront, avec nous, à mettre en place des infrastructures modernes, routières et ferroviaires, afin de permettre l’acheminement rapide et sûr des produits souvent périssables vers les différents marchés de ce vaste pays».
LE SOFT