- dim, 03/11/2013 - 23:36
Les médias tueurs! On a beau les aimer, ils vous dévorent.
Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi éprouve un amour fou pour les médias, il doit apprendre à les approcher. Qu’est-il allé faire mercredi 30 octobre dans les studios de Rfi à Paris au micro du journaliste Boisbouvier qui fait de la chasse aux fauves?
Si l’ancien président de l’Assemblée nationale devait être coté, en utilisant la méthodelexicographique, il resterait au bas de l’échelle.
La première leçon qu’on apprend aux étudiants en communication est de se taire quand ils n’ont rien à dire!
Jeudi 31 octobre, on a eu beau chercher ce que Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi avait voulu dire sur Rfi, on n’y parvient pas! Avait-il voulu faire un appel du pied au Président de la République? Il y paraît mais les mots n’étaient pas au rendez-vous... Du coup, il en sort laminé!
Quand d’entrée de jeu, Christophe Boisbouvier le piège:
- «Vous avez l’habitude de dénoncer la politique de faiblesse du président Kabila, mais voilà que les dernières victoires militaires des FARDC prouvent le contraire», Kamerhe «félicite nos forces armées pour leurs prouesses. Elles ont démontré que, quand elles sont prises en charge correctement, elles sont capables de victoire».
Puis, plus rien! Pourtant, les sept mots sont là: «Quand elles sont prises en charge correctement». Les FARDC ont donc été «prises en charge correctement». Mais voilà que Kamerhe ne reconnaît aucun mérite à celui qui a pris l’armée «en charge»!
Puis - on s’y attendait - le slogan de saison: «la faiblesse de leadership à la tête de l’Etat»! C’est contradictoire avec ce qui venait d’être dit.
Gros malaise chez l’auditeur qui a zappé. Parfait malaise chez le journaliste cartésien, qui porte cependant le couteau à la plaie:
- «Mais si vous félicitez les forces armées, pourquoi ne félicitez-vous pas leur chef, Joseph Kabila?» Pris en flagrant délit de mensonge, Kamerhe botte en touche: «Je félicite le peuple congolais qui a soutenu nos forces armées. Il ne faut pas oublier que les habitants de Goma, de Rutshuru, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, étaient derrière nos forces armées congolaises!». Tiens! Boisbouvier soupire. Est-ce le peuple qui a armé les soldats, qui les a ravitaillés, a versé leur solde!
Le journaliste s’acharne sur la mélasse:
- «En 2009, quand vous étiez président de l’Assemblée et que vous avez rompu avec Joseph Kabila, vous lui aviez reproché un manque de fermeté face au Rwanda. Aujourd’hui, est-ce que vous n’êtes pas obligé de dire: quatre ans après, finalement, je me suis trompé?» Littéralement sonné, Kamerhe: «Je ne me suis pas trompé à ce moment-là puisque justement, nous étions à genoux devant le Rwanda».
Tiens! De quoi parle-t-il? Il ne s’est pas trompé «en ce moment-là?» A quel moment donc s’est-il trompé?
Impitoyable, Christophe Boisbouvier poursuit le massacre:
- «Mais aujourd’hui?»
Réponse de Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi: «Si le président Kabila peut s’élever aujourd’hui, comme nous tous, Tshisekedi et tout le monde, et que nous prenions tous le taureau par les cornes pour dire: donnons à notre peuple, l’image de politique et de politicien (m’attire). Mieux vaut tard que jamais».
Donc, pour sauver le Congo, il suffit d’une rencontre des deux personnes face au Chef de l’Etat! Qui s’en laisserait convaincre? Même pas un membre de l’UNC. Pas Boisbouvier qui se lâche, tentant de rendre l’air un peu respirable:
- «Kabila, Tshisekedi, Kamerhe… L’union sacrée autour des FARDC?»
Réponse: «C’est inévitable. En ce qui concerne la défense de la patrie, il n’y a point d’opposition ni de majorité au pouvoir».
Tiens! Les Congolais entendent Joseph Kabila au Palais du Peuple devant les 900 Délégués aux Concertations nationales sauf que leur Président est plus élaboré: «Aucune frustration, aussi justifiée soit-elle, aucun déni de droit, aussi condamnable qu’il puisse être, ne peuvent expliquer l’inaction, l’apathie, l’indifférence».
Question: qu’est-ce qui, en l’espèce, nous oppose à Kamerhe?
Blanchi sous le harnais de l’impertinence, Boisbouvier se saisit de sa proie pour la torturer davantage et, cette fois, là où cela fait le plus mal:
- «Malgré ses succès militaires, Joseph Kabila doit faire preuve de retenue pour ne pas faire échouer les négociations de Kampala, affirment les Américains». Réponse: «Je n’ajouterais pas les négociations de Kampala, puisque ça choque un peu le peuple congolais. Nous avons notre façon de voir les choses. Demander au gouvernement de la République démocratique du Congo d’aller s’asseoir dans une sorte de bilatérale avec le M23, ca serait un non-sens et aucun Congolais n’accepterait cela».
Question: qu’est-ce qui, en l’espèce, nous oppose à Kamerhe?
Boisbouvier, décidé d’achever sa proie:
- «A l’issue des concertations nationales, le président vient de proposer la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale. C’est une main tendue. Pourquoi ne la saisissez-vous pas?»
Réponse de Kamerhe: «Une main tendue? C’est une contradiction, parce que le président de la République a dit qu’il a gagné les élections en 2011. Nous n’allons pas refaire l’histoire. Nous demandons au président Kabila de terminer calmement son deuxième mandat le 19 décembre 2016 à minuit, et que nous organisions les élections 90 jours avant, pour qu’il y ait alternance au pouvoir».
On a compris: Kamerhe repousse la main tendue. Qui lui en ferait le reproche? Mais voilà que le massacre, inlassablement, se poursuit:
- «Vital Kamerhe, la Constitution est claire! Les élections sont tous les cinq ans! Donc, pourquoi soupçonnez-vous le président Kabila de vouloir reporter cette présidentielle?»
Réponse: «Chat échaudé craint l’eau froide! Parce que nous avons vu le président Kabila favoriser la prolongation d’un Sénat qui n’a plus de légitimité ni de légalité. Le président Kabila pourra dire: nous avons déjà un antécédent, pourquoi moi, je ne resterais pas?»
Tiens! Un procès d’intention!
En fin d’interview, comme à la corrida, Boisbouvier achève la bête:
- «Quand votre successeur au perchoir, Aubin Minaku, dit: «Conformément à la Constitution, le président partira après les prochaines élections». Est-ce que cela vous rassure quand même?»
Kamerhe est perdu: «Oui, si nous comprenons la même chose, il doit savoir qu’il a dit quelque chose que le président de la République n’a pas osé dire. Je félicite Monsieur Aubin Minaku. Il n’a pas été démenti deux jours après par le porte-parole du gouvernement, ni par le ministre des Affaires étrangères. Tous l’ont dit».
Tiens! Qu’est venu faire Kamerhe sur Rfi? Faire un appel du pied au Président de la République, impossible de s’assumer depuis qu’il erre à travers le monde, semé - et comment? - par une opposition dont aucune tendance ne le reconnaît? Les auditeurs de la «radio mondiale» ont compris ce que savent les Congolais: le héros de la guerre contre le M23 c’est Kabila.
***
C’est lui qui a observé son armée, en a dressé le sévère diagnostic, évalué ses hommes, repensé ceux-ci, fait appel à des nouvelles recrues, monté en puissance la force, reconditionné la force de frappe avec l’appui de la coopération, attendu tranquillement l’occasion, jugé de l’opportunité et déclenché l’attaque qui a fait battre en retraite l’ennemi, et fait mordre la poussière à celui-ci. Kabila éclate au grand jour comme un grand Chef - le Commandant en Chef qui tient le bâton, lance l’ultimatum, tient parole. C’est un grand leader, un fin stratège. Il a exercé, et exerce un réel leadership. A l’international, cela ne fait l’ombre d’aucun doute.
T. MATOTU.