Le duel Badibanga-Kamerhe
  • ven, 21/04/2017 - 01:16

Sur le papier, l’UNC Kamerhe part avec un avantage - celui d’avoir signé tous les accords - quand la position de Ntita est très handicapante: d’avoir boudé les pourparlers de la CENCO et... d’avoir été limogé pour malgouvernance avérée.

C’est un véritable derby qui se joue, loin de tous les regards, un match mais un match retour imprévisible et au niveau de suspense inédit, un match de revanche opposant le président de l’UNC Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi au Premier ministre sortant, l’ex-UDPS Samy Badibanga Ntita. Au match aller, c’est ce dernier, démentant tous les pronostics, qui avait gagné la partie, se faisant nommer Chef du Gouvernement, face au très entraîné Kamerhe inconsolable. Certes, la Majorité Présidentielle avait juré tout sauf l’ancien président de l’Assemblée nationale mais depuis, celui-ci a appris la leçon et a compris que la politique est dynamique. Cent fois sur le métier, tu remettras l’ouvrage... Même le très dur Député Baudouin Mayo envisageait positivement une alliance avec la Majorité Présidentielle. Sur les réseaux sociaux, l’armée de combattants «Kamerhéons» s’est décomplexée. Tout est désormais possible, il suffit de le vouloir. Entre la liste de Lwa-Kanyiginyi et celle de Ntita, laquelle sera validée? Mille $US en jeu.
Entre signataires Accord UA et ceux laissés pour compte par Badibanga, la guerre fait rage. Les premiers sont regroupés derrière Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi invoquent sa qualité de co-modérateur du Dialogue de l’UA, les seconds membres du gouvernement sortant rassemblés faisant bloc derrière l’ancien premier ministre, veulent sauter dans le nouveau train piloté par le Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe.

TELESCOPAGE.
Chacun des cartels se revendiquant de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre, composante à laquelle sont attribués huit ministères (Plan, Transports et Communications, Commerce Extérieur, Décentralisation, Relations avec le Parlement, Coopération au Développement, Enseignement Supérieur et Universitaire et Droits Humains) a fait parvenir la liste de ses ministres et c’est le télescopage. Quelle liste prendre en compte? Chacun des cartels étale l’argumentaire. Et toujours avec brio. «Le chef de l’opposition a toujours été Vital Kamerhe depuis les comités de préparation à l’hôtel Béatrice jusqu’au Dialogue de l’Union africaine et à celui de la CENCO», explique l’ex-UDPS Gaston Dindo, du bloc Kamerhe pour qui le leadership de Kamerhe ne saurait être mis en cause comme sa qualité de modérateur et de chef de file de l’opposition reprise sur tous les documents issus des discussions. De poursuivre: «Même lui, Badibanga a été nommé Premier ministre à la suite d’un dialogue dont Kamerhe était le co-moderateur. Kamerhe a signé l’accord du 18 octobre au nom de l’opposition signataire». «Alors, en vertu de quoi, aujourd’hui, on parlerait d’un autre chef de file de l’opposition qui serait Samy Badibanga? Le fait d’avoir été Premier ministre ne vous donne pas le droit de devenir chef de file ou modérateur». De rappeler la mémoire courte des partisans du Premier ministre sortant qui avaient «combattu le dialogue de la CENCO» dont ils entendent tirer profit.
Ceux-ci expliquent qu’en réalité, le chef de file de l’opposition à l’UA fut Badibanga qui aurait accepté de passer son tour à l’ancien président de l’Assemblée nationale, ancien ministre de l’Information, plusieurs fois porte-parole, sans doute mieux rodé dans le ministère de la parole.
Aujourd’hui, Badibanga se bat pour retrouver cette place mais cela paraît bien compliqué. D’abord, Kamerhe joue son match revanche et s’y est préparé. En sortant de l’audience à la Primature, il avait monté les enchères. «Il ne s’agit pas de faire de la figuration». Ensuite, l’image de Ntita limogé en direct, à la télé, devant le Congrès, joue contre lui... Reste que comme à chaque match, la victoire, on la cherche sur le terrain.
ALUNGA MBUWA.


Related Posts

About author

Portrait de ALUNGA MBUWA