- lun, 01/10/2012 - 08:33
Il a fini par accepter l’irréparable. Le Député Palu Godefroid Mayobo Mwene Ngatien a cédé à l’escalade d’une base électrisée ayant juré d’en venir aux voies de fait. Défait le 21 septembre 2012 par le Secrétaire général et Chef du Parti Antoine Gizenga Fundji, l’ancien Secrétaire permanent et porte-parole du Parti Lumumbiste Unifié refusait de voir la réalité et tentait un dernier baroud d’honneur refusant la remise-remise avec la nouvelle maîtresse des lieux Mme Laure-Marie Kawanda Kayena affûblée du titre de représentant le Secrétaire général Chef du Parti.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1191 DATE LUNDI 1ER OCTOBRE 2012
Dès le lendemain, des Palu déchainés avaient fait passer le message dans leurs réseaux sociaux: ils lui rendraient une petite visite musclée à son domicile du Campus universitaire. Dès le lendemain, jeudi 27 septembre, l’affaire est vite rentrée dans l’ordre. Mayobo a compris le subliminal message et s’est présenté à la remise-reprise où il a été houspillé. Solidarité oblige, il y était avec l’autre Député Palu, un certain Muzitu... C’est donc un grand coup que Gizenga a frappé. Peut-être le dernier coup de crosse de sa vie! Par décision n°PL/SG/Léo/n°002 du 21 septembre 2012 portant nomination de Laure-Marie Kawanda Kayena en qualité de secrétaire permanent représentant le Secrétaire général Chef du Parti, l’octogénaire patriarche évince celui qui, à ce jour, passait pour son dauphin désigné, Mayobo.
Du coup, il écarte de sa succession et déshérite l’homme qui, ces dernières années, ne l’avait jamais quitté d’une semelle.
Celui sans lequel il ne prenait pas place à bord d’un avion.
Celui sans lequel, le secrétaire général du Palu ne pénétrait pas dans un bureau du temps des années Primature. Celui qui, selon une rumeur persistante lui était si proche qu’il l’aidait à allumer son PC, à pianauter sur la Toile ou l’aidait à s’éloigner
quand venait l’heure du repos...
A raison, Mayobo était apparu comme le dauphin, le successeur naturel au trône.
UNE BASE ÉVEILLÉE.
A ce point que l’homme fort pouvait placer ses proches partout en négociant parfois avec cet autre loup garou, le tout récent dernier Premier ministre Palu Adolphe Muzito Fumunji dont les crocs devenaient chaque jour menaçants au point de se faire appeler «Mfumu Mpa» (le nouveau Chef, le Dauphin) à Gungu, dernier bastion du Palu.
La base n’avait jamais laissé tomber les bras, brocardant des portefeuilles ministériels ou ceux de dirigeants d’entreprises publiques «trafiqués» ou «distribués à des copains» que ni la ville, ni la base de Gungu ne connaissait et qui auraient reçu leurs cartes de membre le lendemain ou la veille de l’annonce de la nomination.
Ces derniers mois, des rumeurs ont fait état de la décision du patriarche de s’éloigner de la vie politique active...
«Certes, l’esprit est toujours aussi vif, se rappelant les moindres petits faits de sa tendre enfance mais le corps peu à peu l’abandonne», explique un proche.
On rappelle un récent moment extrême lorsqu’une préposée au service de garde donna l’alerte croyant à l’irréparable. «Il n’en était rien, Dieu merci! Mais ce fut très chaud...», ajoute un autre de la cour de Mbuma, le lointain village à l’Est de Kinshasa, à une vingtaine de kilomètres de Kingasani Ya Suka, sur la route de l’aéroport où Adolphe Muzito au temps des années Primature a cru bon de trouver une parcelle de terrain et suggéra au Président de la République d’autoriser qu’y soit érigé un immeuble surréaliste, une bâtisse sur le modèle du château du Vatican où Gizenga passe ses jours en ascète à la grande colère de ses partisans qui fulminent.
«Ils l’ont enfermé et isolé comme un reclus! Ils lui ont imposé l’humiliant sort d’un vieux moine poussé dans un cloître... Ils l’ont fait pour l’éloigner de leurs combines...».
LA VENGEANCE...
La vengeance, ce plat qui ne se déguste jamais chaud mais froid voire... surgelé! Comme la lionne dans la jungle, la base patiente, attendait l’heure où passerait la proie.
Elle qui, à plusieurs reprises, avait réclamé la tête de l’homme fort du Palu.
Depuis la mémorable réunion de la résidence de Kintambo où Gizenga alors Premier ministre affronta pour la première fois de sa vie une bronca de sa base déchaînée qui ne voulait que la tête de Mayobo, et qui fit mine de l’offrir avant de se rétracter et de décoller peu de temps après avec lui pour des soins en Chine...
Mayobo avait alors été accusé par le fameux CENAL (le Comité exécutif national du Palu) de crime de lèse-majesté pour avoir créé une Fondation - les Amis de Mayobo - qui, en 2008, lui fit triomphe lors d’une descente à Kikwit. Mayobo y vit la main de son adversaire de tous les temps: Muzito...
Au moins la base avait-elle réussi à obtenir la disparition des écrans radar du natif Yansi de Bagata. Car c’est aussi cela le martyre de Mayobo: être né Yansi dans le lointain territoire...
Contrairement à Muzito, Mayobo n’est en effet ni Pende, ni Ambuun, ni originaire de Gungu, ni d’Idiofa.
Et cela devenait compliqué à gérer au lendemain d’une victoire électorale où les candidats à un poste politique trop nombreux doivent passer par un entonnoir...
Du coup, en dépit d’un passé contrasté, c’est Muzito qui avait la cote à la cour, comptant sur Anne Mbuba Gizenga, l’épouse Gizenga, obtenant qu’elle fasse fléchir plus d’une fois les positions du patriarche même quand «le Vieux» hors de lui l’a menacé un jour d’exclusion du parti pour avoir transgressé des valeurs cardinales du Palu. Seule façon pour Muzito de durer là où il invoquait des atouts biologiques: se faire plus généreux, se rendre plus utile... Car Muzito est... un Kweso! Il n’est Pende qu’en partie et provient des secteurs de Kobo et de Mudikalunga proches du secteur de Gungu, territoire de Gungu dont est originaire l’épouse Gizenga quand Gizenga qui est Pende de Gungu à 100%, vient d’un autre secteur: celui de Kandale...
Dans un processus de lutte politique opaque, chaque détail prend son importance...
Pourtant malgré tout, le cœur de Gizenga continuait de pencher vers le Yansi de Bagata au grand dam des originaires de Gungu et d’Idiofa.
Et, le 1er février 2012, à l’occasion d’une décision n° PL/SG/LEO/001/2012 portant mise en place des membres du Comité exécutif national pour l’exercice 2012, Gizenga remettait son protégé et en faisant le quasi n°2 du Parti.
SEPT MOIS APRES...
Pour la première fois dans l’histoire du Palu, Mme Gizenga prenait une fonction officielle en devenant vice-présidente et trésorière de la COM-A-SOL (la Communauté africaine de solidarité, la structure de développement communautaire) dont Gizenga lui-même était président et devenait Secrétaire nationale. Soit n°2. La même décision nommait Laure-Marie Kawanda Kayena Secrétaire nationale.
L’ancienne ministre des Transports et Communications nommée membre du CENAL apparaissait au n°42 quand Mayobo arrivait au n°3. Sept mois plus tard, le Yansi de Bagata retrouve son martyre.
La décision n°PL/SG/Léo/n°002 du 21 septembre 2012 paraît avoir été menée dans le grand art: dans la discrétion la plus totale. Alors que l’aile pure et dure ferraillait dans les appartements privés du château de Mbuma pour obtenir la signature du patriarche, l’autre conduite par Mayobo veillait dans des salles d’attente espérant pouvoir arrêter le tremblement de terre.
Impossible, le déplacement des plaques tectoniques était cette fois irréversible. Il avait été écrit qu’un homme au Palu serait déshérité, ne prendrait pas la course à la succession.
Deuxième personne à avoir été révoquée d’un Gouvernement Kabila pour «incompétence» et révoquée sur proposition d’un certain Premier ministre… Muzito - sous prétexte d’un accident spectaculaire survenu dans le secteur des Transports - humiliée, Laure Kawanda prend sa revanche sur le même Muzito.
Nommée Secrétaire Permanent affûblée outre du titre de Représentant le Secrétaire Général Chef du Parti, celle qui, aux termes de la décision, «signe les actes de la Direction Politique du Parti par ordre du Secrétaire Général du Parti en cas d’empêchement et assure la bonne marche quotidienne des activités du Parti», c‘est cette Ambuun d’Idiofa, Laure- Marie Kawanda Kuyena, qui demain sera l’interface de l’Amp quand des échéances politiques sonneront. Si elles ne sonnent pas, elle pourra toujours les inventer...
Legende : Mayobo, Laure-Marie Kawanda et le Chef de l’Etat Joseph Kabila. DR
T. MATOTU