- dim, 16/03/2014 - 20:01
Des urgences casse-cou sur la table des Chambres parlementaires. La politique est mouvement. Elle n’a jamais été que dynamique.
Ce fut une véritable bombe que le président de la Chambre haute du Parlement résolut de lâcher en direction de la classe politique de la majorité comme de l’opposition.
Ce jour-là, recevant ses pairs de l’opposition au Palais du Peuple, alors que refus et hésitations montaient en puissance dans l’opposition - et, relativement au sein de la majorité - à l’idée d’aller au dialogue qu’au moins l’opposition s’était fait fort de réclamer que le Chef de l’Etat convoque sans délai, ce fut l’antidote que Léon Kengo wa Dondo voulut offrir: l’annonce d’une équipe gouvernementale de cohésion nationale à mettre en place et qui résulterait des Concertations nationales.
L’EMBARRAS.
De qui avait-il reçu mission de faire cette annonce? Comment s’était-il résolu à prendre une telle initiative? Tôt, dans ces mêmes colonnes, le Soft International ne cachait pas son embarras que le juriste de premier ordre ait pu penser que c’est au Président du Sénat qu’il revenait d’engager, en l’espèce, les Institutions et, pis que ça, la plus haute Institution du pays, la Présidence de la République! Celle-ci n’avait-elle pas, en l’espèce, ses propres canaux de communication institutionnels? Initiées et créées par le Président de la République, les Concertations nationales avaient-elles décidé de mettre fin à l’existence des Institutions de la République pour se substituer à elles? Comment éviter un débat qui s’enflait dans le pays? N’empêche! L’objectif recherché était atteint comme mécaniquement: toutes tendances confondues, la classe politique mettait ses crocs sur l’os jeté par le chef du Sénat et voilà qu’au Palais du peuple, siège du Parlement, où le service d’accréditation aux Concertations nationales s’était installé, on refusait en effet du monde. Là où on avait prévu quelque 400 personnes, les Concertations nationales reçurent plus du double au point que voulant faire face à l’assaut des demandes, les ordonnateurs du Trésor public dont la faiblesse n’appelle pas un dessin, opéraient des coupes sombres au budget. A commencer par celui du per diem. Promis à 200 dollars/j poire plus, il coulait comme neige au soleil pour se retrouver à 50 dollars au grand émoi des participants...
Cela va faire cinq mois bientôt depuis le 23 octobre que ce dialogue a pris fin après un déroulement généralement sans faute et une fin en velours après le «je vous ai entendus» du Président de la République dans un Palais du Peuple électrisé et sa promesse de mettre en place «dans les touts prochains jours» un «Gouvernement de cohésion nationale» et, chaque jour qui passe, voit cette équipe être annoncée comme «imminente». «Les listes ont déjà été déposées, les arbitrages ont eu lieu. Il ne reste plus que la signature à apposer» quand, dans d’autres milieux plus au fait, on dit mieux: «la signature présidentielle a même déjà été apposée au bas de l’ordonnance». Ne resterait plus que la publication officielle…
DE LA COUPE AUX LEVRES…
Tout cela est possible! Cela dit, rien, hélas! en politique n’est automatique. De la coupe aux lèvres, des jours voire des semaines peuvent encore être nécessaires. Ainsi, la hiérarchie des priorités peut conduire l’esprit ailleurs et avec raison. La politique n’a jamais été que dynamique.Ainsi, a-t-on vu le Chef de l’Etat lancer dans la plus grande discrétion l’opération de mise en déroute du M23 (l’opération Pomme Orange) qui conduisit à l’inéluctable reddition de la rébellion. Mais le travail est loin d’être fini.
Kabila se charge des Maï-Maï et autres Bakataa Katanga. Puis les opérations victorieuses en cours contre les ADF-Nalu, les FDLR, etc., quand au plan économique et social, tout redémarre avec des chantiers qui ne cessent d’être ouverts. Et le Congo qui retrouve la crédibilité internationale avec la Capitale Kinshasa redevenue la plaque tournante des affaires. Ceci est loin d’être le fait du hasard... Au contraire, c’est signe que la direction est tenue, le leadership assumé. Il suffit de soutenir l’effort, le Congo n’est pas dupe...
Il ne saurait se laisser abuser par des chants des sirènes. Quelle mission aurait donc l’équipe à venir si jour après jour, les résultats sont atteints?
En réalité, jamais décision politique n’a découlé d’une contrainte ou autres pressions. Une décision politique est toujours mûrement pensée et replacée dans son contexte.
Une promesse peut avoir été faite, combien de promesses n’ont pas été faites de bonne foi mais voilà que l’heure de leur matérialisation ayant sonné, après surgissement d’un événement inattendu, tout est remis sinon en cause, du moins à plus tard jusqu’à nécessiter une nouvelle appréciation?
Tenir le locuteur d’une promesse qui aurait été faite pour redevable à tout prix et,… en dépit de tout, jusqu’à invoquer le parjure, relève de l’abus. L’acharnement que mettent certains à obtenir l’exécution d’un contrat qui ne peut l’être pour cause quelconque peut être suspect et condamnable.
Il y a là tentative de commettre un acte de mauvaise foi. Or, mauvaise foi est synonyme de fausseté, de malhonnêteté, de tromperie, auquel nul ne peut être tenu.
LES YEUX QU’A ÇA.
Mais voilà la rentrée parlementaire de mars. Qui a lieu constitutionnellement le 15, donc samedi 15 mars. Avec elle, on attend que le pays plonge mains et poings liés dans une inouïe période de surenchères politiques. Car l’opposition et la majorité n’auront les yeux qu’à ça! A savoir cette promesse de mise en place d’un Gouvernement de cohésion nationale que le Chef de l’Etat a faite et que la classe politique voudrait lui rendre comptable à tout prix. On imagine que sauf à y prendre garde, ce dossier pourrait pourrir la session parlementaire qui s’ouvre samedi 15 mars. Mais il y a d’autres urgences casse-cou sur la table des Chambres
dont la suite dépendrait de cette question. Le débat sur les initiatives de la CENI, la Commission Electorale Nationale Indépendante - la feuille de route du processus électoral déployée à la Chambre basse au dernier jour de la session de fin 2013 qui mit le feu aux poudres. Les Députés avaient alors houspillé l’abbé en le renvoyant à ses études avec pour finalité la révision de sa copie… Mais c’est mal connaître Muholongu qui se battra jusqu’à ce que mort s’ensuive...!
Depuis le passage du président de l’UNC Vital Kamerhe sur Rfi, on sait au moins que depuis son retour de sa «caravane de la paix» au Kivu et au Grand Nord - le pays Nande, fief de l’abbé Apollinaire Malu Malu Muholongu - l’opposant s’est littéralement démarqué de son inattendu allié, le Dép. Martin Fayulu passé sans virage à l’opposition et recadré son discours en le rendant plus sexy!
Il ne réclame plus la démission du président de la CENI, l’abbé Muholongu.
L’aile sous l’emprise de Kamerhe ne souhaite «que» faire pression sur le président-prélat afin qu’il assure au pays la tenue de «bonnes élections». On peut comprendre…
La campagne de collecte des signatures initiée sous forme de pétition par Fayulu, ne serait qu’une «simple stratégie» pour l’opposition. Rien de plus. L’abbé a beau s’expliquer, l’opposition paraît lui avoir jeté la fatwa. Mais la majorité appelée à se présenter à cette rentrée parlementaire plus soudée que jamais, devrait défendre bec et ongles ses propres thèses. Oui, rien n’est impossible là où il y a les hommes. Non, la démocratie est loin d’être synonyme d’unanimité. Elle se fonde sur la loi de la majorité. Quoique celle-ci doive être à l’écoute de la minorité, il arrive un moment où il faut avancer pour ne pas bloquer la marche de la communauté.
T. MATOTU.