- ven, 30/03/2012 - 08:45
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1158 DATÉ 28 MARS 2012
Rumeurs? Qu’elles vont trop vite! «Il n’est pas facile d’être... le Zaïre», c’est Mobutu qui le disait. Le Léopard n’avait pas toujours tout faux!
Le vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères, le libéral francophone (MR, Mouvement Républicain) Didier Reynders, est dans nos murs depuis lundi 26 mars arrivé par un régulier de Sn Brussels Airlines.
Le lendemain 27, il a réuni dans la soirée à la résidence de la Belgique à la Gombe la petite communauté belge à l’occasion d’un cocktail et visité, boulevard du 30-juin, dans le quartier des villas de la défunte compagnie aérienne Sabena, le site où va ériger la nouvelle représentation diplomatique belge. En deux jours, le ministre belge a rencontré les membres du bureau (provisoire) de l’Assemblée nationale et celui du Sénat, échangé lors des cocktails ou des déjeuners avec des personnalités aussi bien de la majorité présidentielle que de l’opposition, tout comme de la société civile. Il s’est entretenu avec des représentants des milieux d’affaires pour s’enquérir du climat des affaires. Aucun dirigeant politique qui ne soit élu n’a été vu. Ni Tshisekedi, ni quiconque. Le week-end, l’Udps a diffusé un communiqué au terme duquel ce parti déclare qu’il ne souhaitait pas rencontrer le ministre belge qualifiant cette visite de «tentative de légitimation du pouvoir de Joseph Kabila par le Royaume de Belgique». Reynders avait prévu une rencontre avec une délégation de l’Udps comprenant notamment du porte-parole du leader de l’Udps, Albert Moleka. «Il ne m’appartient pas de légitimer ou non la situation dans un pays en particulier», a réagi aussi sèchement que diplomatiquement le chef de la diplomatie belge, ajoutant: «Je n’ai évidemment l’intention de forcer personne à me rencontrer».
L’ambassade de Belgique à Kinshasa a expliqué au Soft International que le ministre belge a voulu «rencontrer des élus», saluer la démocratie et entendre des dysfonctionnements dont tout le monde fait état. Du coup, il confirme la reconnaissance de la Belgique partenaire du processus électoral au moment où l’opposition en tête l’Udps qualifie de «forum» la nouvelle Assemblée nationale et râdie ses Députés ayant accepté de prendre place au sein de l’hémicycle.
UN VOYAGE EXCLUSIF.
Pour courronner son voyage, le ministre sera reçu dans la journée de mercredi 28 mars par le Président de la République Joseph Kabila Kabange avant de donner dans l’après midi une conférence de presse au Memling peu avant de reprendre son avion pour Bruxelles. Contrairement à ses prédecesseurs... flamands (désolé) à la rue de Petites Carmes, c’est un voyage exclusif que le francophone libéral a réservé à notre pays. Les voisins rwandais et burundais - ces derniers célèbrent cette année 50 ans d’accession du pays à l’indépendance - attendront leur tour.
La diplomatie c’est le langage des signes...
Didier Reynders n’a pas voulu tout mélanger. Du coup, il consacre la place qu’occupe le Congo à Bruxelles et que notre pays occupe dans l’agenda du gouvernement belge.
POLEMIQUES.
Le ministre avait voulu faire ce voyage mi-décembre 2011. Peu après avoir pris son poste aux Affaires étrangères, il avait exprimé son souhait de se rendre à Kinshasa à la prestation de serment constitutionnel du nouveau président élu Joseph Kabila Kabange. Ce voyage aurait dû inaugurer ses déplacements à l’étranger comme chef de la diplomatie belge... M. Reynders avait dû rétropedaller. Ça débattait fort et même très fort en Belgique elle-même empêtrée dans une situation politique délétère. Le royaume tiraillé entre francophones et flamands venait de sortir d’une crise post-électorale après la mise en place d’un savant attellage gouvernemental un peu plus d’un an sans gouvernement. On avait même évoqué la fin de la Belgique... Fallait-il se rendre à Kinshasa et courir le risque à l’interne de fragiliser une coalition venue et vivant dans la douleur et, à l’externe, jouer solo en Europe quand l’unanimité sur la «question» n’était pas chose acquise - le moins que l’on puisse dire? Le ministre préfèra postposer son déplacement quitte à voir venir les événements. Le temps en réalité de voir où se trouvaient exactement les intérêts belges. Il faut dire que le débat politique est loin de s’être calmé.
L’opposition externe représentée par les fameux «Combattants» (en majorité membres de l’Udps) continue de gronder. Tirant profit des moyens modernes de communication (YouTube, Tweetter, divers autres réseaux sociaux, etc.), elle n’avait jamais été aussi forte. En Belgique, elle a réussi à organiser des manifestations et détruit biens et meubles publics et privés alors qu’à Paris, débarquant d’un train venant de Bruxelles, la deuxième personnalité de l’Etat, le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo était laissé pour mort. Avec lui, son épouse et un enfant de bas âge qui venaient passer en famille le réveillon. Ils avaient été admis dans un établissement hospitalier pour des soins délicats...
Sans doute avaient-ils été signalés au départ des trains à Bruxelles...
Depuis, la Belgique considère qu’elle a affaire avec une «internationale du crime» qu’elle ne saurait tolérer. La police et la sûreté sont montés en puissance aux côtés des responsables r-dcongolais en visite...
On sait que cela n’avait jamais toujours été ainsi.
Une attitude qui témoigne de la qualité des relations. En dépit d’un contexte diplomatique global difficile où accusations «simplistes» et folles rumeurs sur une mauvaise humeur de nos partenaires traditionnels sont servies aux médias et consommées à satiété parce que c’est le «Congo-Zaïre» -, le constat est que la Belgique officielle a décidé de jouer adulte en laissant le Congo maître de ses décisions. A Kinshasa où les bonnes nouvelles économiques et... politiques ne sont pas absentes, on s’en félicite...