- jeu, 06/04/2017 - 05:11
Quiconque veut peut appeler à cette forme de grève à domicile.
Lundi 3 avril, il y a eu beaucoup moins d’embouteillages que d’habitude au centre des affaires dans la Capitale comme dans toutes les communes de Kinshasa. De nombreux magasins sont restés fermés. Tout comme les banques et les marchés.
C’est le résultat d’un appel à une journée ville morte lancée par l’opposition du Rassemblement, aile Moïse Katumbi Chapwe. Le @rassop voulait ainsi protester contre l’impasse des pourparlers directs menés par les évêques de la CENCO. Lundi,
Kinshasa et aussi, et c’est plus rare, la deuxième ville du pays, la capitale minière Lubumbashi, ont vu leurs activités ralenties en périphérie surtout dans les quartiers réputés proches de l’opposition. Tout comme Mbujimayi, fief du premier parti de l’opposition, l’UDPS.
TEST D’EMPRISE DE LA RUE.
L’appel a été moins suivi dans l’Est, à Kisangani et Goma notamment, où les quartiers commerciaux ont fonctionné comme d’habitude tout comme à Mbandaka au Nord-Ouest.
L’opposition du Rassemblement avait présenté cette journée comme un test. Il s’agissait de démontrer à la face du monde qu’en dépit du décès d’Etienne Tshisekedi, l’opposition avait toujours la capacité de mobiliser la rue même si ce 3 avril n’était pas choisi au hasard. C’est le premier jour en effet des vacances scolaires et la garantie déjà que personne ne se rendrait à l’école, que les rues seraient par conséquent vides...
Cela dit, on peut admettre que l’opposition a réussi son coup à Kinshasa. Samy Badibanga Ntita et les opposants entrés au Gouvernement n’ont pas su empêcher cette ville morte de réussir. Surtout ce premier ministre qui prétendait qu’il connaissait les «réseaux de subversion» de l’UDPS et de l’ancien gouverneur Moïse Katumbi Chapwe à Kinshasa et qu’il saurait les déminer... Tout comme l’inventeur des villes mortes et, en l’espèce, le Grand Maître de ce phénomène, l’opposant Joseph Olenghankoy désormais entré en dissidence contre l’UDPS et son mentor qui passe désormais pour le leader de l’opposition radicale, Moise Katumbi Chapwe.
La vérité est autre. Qui veut appeler à la ville morte peut le faire. Et réussira. Même si un jour, la majorité se décidait en l’espèce, elle aurait sa ville morte.
Appeler à une ville morte un lundi est une opportunité donnée aux Kinois et aux Congolais en général de gagner un jour de plus de repos. Dans un pays où le chômage est généralisé et où les salaires sont si insignifiant c’est toujours un prétexte de dire à l’entreprise que «le transport a fait défaut». Et, comme malgré tout, le salaire suit puisque ce n’est pas de la faute de l’agent...
De même, les propriétaires de véhicules privés ne peuvent exposer leurs automobiles au risque de caillassage. Même s’ils voulaient se rendre au travail, ils hésitaient et, à nouveau, «cela vaut-il vraiment la peine?» Peut-être faut-il un jour - comme en Europe - expliquer que quiconque veut suivre ce mot de «grève générale» est libre, à condition de perdre sa paie de ce jour d’absence. Cela appellerait certainement à la responsabilité. Car c’est ainsi que cela se passe dans nombre de pays européens. Vous êtes libre de débrayer à la demande de votre centrale syndicale et autant de jours que vous souhaitez, à condition de ne pas réclamer la paie les jours d’absence...
Mais ce lundi 3 avril est également le jour où le Chef de l’Etat a choisi de recevoir des représentants de la classe politique et des membres de la société civile au siège de la Présidence de la République, le Palais de la Nation.
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ne s’est pas rendu à ce rendez-vous, réclamant dans un premier temps une invitation écrite, puis, plus tard, publiant un communiqué selon lequel ces rencontres n’étaient pas «appropriées». Estimant que ce type de réunions ne pouvait se faire que sous les bons offices des évêques catholiques ou ceux du Secrétaire général des Nations Unies.
ALUNGA MBUWA.