Les ennuis Moïse Katumbi: viser la haute charge comporte des risques
  • dim, 23/07/2017 - 23:16

La dernière Présidentielle française a eu ses boules puantes.

KIN’S, n°8, daté lundi 24 juillet 2017.

C’est la grande affaire de ces vacances qui n’en sont pas. Le procès Stoupis contre Moïse Katumbi Chapwe fait courir. L’homme d’affaires richissime du Katanga minier qui avoue ne jamais lésiner sur les moyens quand il s’agit de défendre ses intérêts, avait fait appel aux services d’un des meilleurs avocats de Paris. «Acquittatore» (de son nom Me Eric Dupond-Moretti) détient à son actif le plus grand nombre d’acquittements, plus de 120.
Sauf que l’avocat n’a pu rallier Lubumbashi, faute de visa.
Du coup, MKC s’est contenté d’un team local conduit par l’ancien conseiller politique d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, le bâtonnier Jean-Joseph Mukendi Wa Mulumba qui ne manque pas de panache.
Le pénaliste hyper médiatique parisien avait pu conseiller son client de prendre la route du Palais Wilson à Genève à la rencontre du Haut-Commissaire aux Nations unies pour les droits de l’homme, le prince jordanien Zeid Ra’ad Al-Hussein. Un courrier de ce prince daté du 13 juin, faisant suite à une plainte déposée onze jours plus tôt contre l’Etat congolais accusé d’empêcher MKC de regagner le pays et de faire campagne pour la Présidentielle à laquelle il s’était porté candidat, a suffi pour faire le bonheur du crésus congolais. Le prince jordanien rappelle un principe immuable: l’obligation pour un Etat de laisser revenir dans son pays un citoyen candidat à une élection et d’assurer sa sécurité.

UNE MAIN NOIRE?
Si l’ex-gouverneur de la province minière connue pour être le poumon du Congo n’avait pas boudé son plaisir en en faisant une grande annonce, l’homme condamné l’an dernier à 3 ans de prison ferme, ignorait la détermination de la justice congolaise d’aller au bout de sa logique en faisant triompher le droit.
On pourrait arguer l’acharnement. C’est ignorer que viser la plus haute charge comporte des responsabilités. Il faut se savoir clean, faire éventuellement le ménage autour de soi, se prémunir en évitant des peaux de banane.
Car les risques sont nombreux. La dernière Présidentielle française a eu ses boules puantes. Alain Juppé, François Fillon, Marine Le Pen sont de l’histoire ancienne. On pensait à une main noire, à une simple bulle médiatique, voici Emmanuel Macron confortablement assis sur le trône, sûr de rempiler pour un second mandat...
Aux Etats-Unis, la grande égérie des médias Hillary Clinton est incroyablement tombée face à un véritable bulldozer que personne n’attendait Donald Trump. Et l’affaire de cette Présidentielle américaine est loin d’être écrite.
Mais voici que l’affaire de Lubumbashi donne le tournis. La veille du procès en appel, l’un des juges, Jacques Mbuyi Lukaso a reçu des balles. Empêché de faire partie de la composition...
Mercredi 19 juillet, au premier jour, la défense récuse la quasi-totalité des juges soupçonnés de partialité. Exception rejetée. Le tribunal invoque une circulaire de la Cour suprême de Justice.
Au deuxième jour, les avocats de MCK soulèvent une autre exception. L’incons-titutionnalité de cette circulaire. Donc contre un tribunal siégeant avec un juge récusé.
Requête entendue par les juges de
Kamalondo! A la Cour constitutionnelle à Kinshasa, cette fois, de dire si cette circulaire viole ou non la Constitution.
Les avocats de Moïse Katumbi crient «victoire pour la justice». «Ce jugement du TGI de Lubumbashi augure d’une prise de conscience nouvelle par la justice congolaise qui va maintenant respecter les règles de procédures, ce qui nous permettra de nous défendre sur le fond dans des conditions équitables», s’éclate Me Mukendi, qui décrit «un montage politique». Me Ambroise Kamukuny, l’avocat du Grec Emmanuel Stoupis, partie civile dans cette affaire de spoliation immobilière, dénonce «une manœuvre dilatoire de plus».
L’arrêt de la Haute Cour est attendu. Il déterminera la suite de cette prévisible succession d’événements.
D. DADEI.


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