Les évêques embarrassés après la diffusion d’un rapport confidentiel
  • lun, 08/05/2017 - 05:42

Les évêques catholiques sont tout sauf des enfants de chœur.

Sauf s’ils ont organisé eux-mêmes cette fuite mais on peut leur faire confiance bien que croire que les évêques catholiques soient des enfants de chœur et joueraient un jeu sans en connaître l’ultime but, serait mal les connaître...
Mais voilà que par une «mise au point» datée du 5 mai signée par le truculent secrétaire général de la Conférence Episcopale Nationale du Congo, CENCO en sigle, l’abbé Donatien Nshole, les évêques «regrettent» (publiquement) «la fuite de ce document». Du coup, font leur mea culpa...
Ils disent dans cette mise au point que le rapport qui se retrouve sur la place publique, dans les médias sociaux et dans les médias traditionnels, «n’était pas destiné à la publication» et, plus important encore, ils «craignent que cette fuite du dossier et la polémique qu’elle suscite ne détournent l’attention de l’objectif du rapport, qui est la décrispation politique». En d’autres termes, nos évêques disent que l’acte de la divulgation unilatérale d’un rapport confidentiel destiné à un Chef de l’Etat peut être considéré comme hostile, visant à narguer l’Autorité de l’Etat, à la mettre devant un fait accompli, à lui arracher une décision et, last but not least, cela est improductif et inacceptable. Cela peut entraver l’objectif du départ...

COMMENT TORPILLER SON ŒUVRE.
Cette divulgation est en effet susceptible de torpiller l’ensemble de la médiation des évêques de la CENCO, d’envenimer plutôt que d’apaiser les relations entre les évêques catholiques et les membres de la Majorité Présidentielle d’une part et entre les acteurs politiques entre eux de l’autre part. On comprend le grand embarras, mieux, le désarroi, des évêques qui transpire dans une communication de justification.
Les évêques expliquent «qu’en acceptant d’examiner» ce dossier, à savoir, «des cas emblématiques» - celui de l’ancien gouverneur du Katanga, le richissime Moïse Katumbi Chapwe
condamné à trois ans de prison ferme dans un dossier de spoliation d’immeuble à Lubumbashi et doit comparaître dans un autre dossier lié au recrutement de mercenaires et de l’un de ses avocats Jean-Claude Muyambo - condamné à cinq ans de prison dans une affaire d’escroquerie pour le même immeuble - la CENCO «entendait apporter sa contribution au rapprochement entre les Acteurs politiques, à l’apaisement socio-politique et à la consolidation de la démocratie en République Démocratique du Congo».
Opportunément, le texte des évêques rappelle que la CENCO avait «été mandatée par les termes de l’Accord politique global et inclusif du Centre interdiocésain, pour examiner le dossier de certains cas emblématiques et d’en faire établir rapport. Elle devait remettre ce rapport en séance plénière. Faute de temps, la CENCO a réservé la primeur de ce rapport au Président de la République et l’a remis, à sa demande, en qualité de partie concernée, à Monsieur Moïse Katumbi».
Question: quel but les Evêques catholiques poursuivaient-ils en remettant au richissime Moïse Katumbi Chapwe dont ils ne peuvent ignorer la capacité manœuvrière - «à sa demande» certes, au titre de «partie concernée» certes - copie d’un dossier confidentiel destiné au Président de la République dans un contexte de tension politique extrême quand le rapport vise précisément la «décriscaption politique»?

JETER LE FROC AUX ORTIES.
C’est comme si, ayant échoué à en faire état en plénière, les évêques aient voulu mettre ces feuilles à la disposition des vendeuses de beignets au marche. En clair, de jeter le froc aux orties...
Eux, des Congolais connaisseurs de l’état d’esprit de la classe politique nationale! Eux, des médiateurs dont le seul souci devait être de faire aboutir une délicate médiation par la décrispation politique en restant neutres, auraient décidé de l’entraver! Quand ils citent Rfi dans ses bulletins du 5 mai, avec des propos attribués à des membres de la Majorité Présidentielle qui les «accusent d’avoir violé la confidentialité de ce rapport, un rapport destiné au Président de la République», estimant que «probablement, l’objectif poursuivi déjà en amont c’était de rédiger un rapport à publier pour gêner», on comprend qu’ils trouvent ce développement de «grave et inadmissible» et que la CENCO «rejette catégoriquement ces allégations portées contre elle et met au défi toute personne qui soutiendrait le contraire».
Des yeux, des larmes peuvent toujours couler, il s’agit certainement de larmes de crocodile. L’histoire retiendra un fait: soupçonnés d’avoir séjourné incognito à Lubumbashi à l’invitation de Moïse Katumbi Chapwe, accusés d’avoir eu des entretiens avec des officiels étrangers, belges, français et américains, d’avoir fait des déclarations ahurissantes à New York devant le Conseil de Sécurité de l’ONU allant à l’encontre de la Constitution du pays, ces évêques de la CENCO passeront difficilement l’épreuve de l’histoire.
D. DADEI.


Related Posts

About author

Portrait de D. DADEI