Obsolescence du matériel des transports au Congo, urgence de renouvellement
  • mer, 24/09/2025 - 15:53

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES. Le Soft International N°1645 | MARDI 23 SEPTEMBRE 2025 |

Sur les routes de nos villes et de l'arrière-pays, le chaos rien que le chaos. Sur les eaux congolaises, les morts par naufrage, on en compte chaque jour. Sur les voies ferroviaires, pas mieux. Comme sur les voies aériennes.

Qu'est-ce qu'il se passe dans le pays ? Une vision et des réformes structurelles sont d'urgence si le pouvoir tient à la mobilité, pilier majeur du développement.

Sa communication habituelle a lieu à chaque réunion du Conseil des ministres et est faite en ouverture de la réunion. Celle du vendredi 19 septembre 2025 - la 59e réunion du Conseil des ministres -, a été exclusivement consacrée au secteur des Transports. Signe d'un niveau inquiétant de la situation. D'une part, «la nécessité de prévenir les naufrages sur les voies navigables», de l'autre, «la situation des embouteillages dans la ville de Kinshasa».
Nul doute, les bouchons deviennent effrayants et la mobilité un casse-tête. À la base, l'obsolescence des infrastructures, l'augmentation constante du nombre de véhicules que les routes ne supportent plus. Si rien n'est fait, le jour n'est pas loin où Kinshasa se transformera en un géant parking automobile. Mais ce chaos ne touche pas la seule circulation routière.
Dans les eaux du pays, prendre une embarcation est loin de vous conduire à destination. Il ne se passe pas un jour sans naufrage. Le tout récent qui s’est produit sur la rivière Baringa dans le territoire de Basankusu, province de l’Équateur. Il a fait quatre-vingt-huit morts. Huit passagers ont été secourus par une intervention des riverains. Le 11 juin, un autre convoi de «trois grandes pirogues attachées» qui transportait «plus de 200 personnes» sur le lac Tumba, province de l'Équateur. Les passagers se rendaient à des funérailles. L’accident a fait cinquante-deux morts et un nombre indéterminé de disparus. À en croire des témoins, «des vagues brusques» sont survenues sur le lac, les conducteurs n’étaient pas en mesure de faire face» à cette situation.

À L'ÂGE DE NÉANDERTAL.
Faut-il ajouter les chemins de fer où l'Onatra, l’Office National des Transports, fait poser le rail sur des sacs de sable alors que la société annonçait la réhabilitation dans la capitale du chemin de fer reliant le quartier Pétro Congo à Mapela, dans la commune de Masina? «Ces sacs ne vont pas tenir face aux pluies diluviennes. C’est une honte de voir le gouvernement improviser ainsi sur un rail délabré depuis des décennies», confie Christian Ibanda, un riverain. Il faut redouter des accidents qui mettraient en danger les passagers et les trains. Réhabiliter le rail à l’aide de sacs de sable ? Le Congo est retourné à l'âge de l'homme de Néandertal ?
Alors que sur les aéroports, on aurait pu penser que l'incident de la nuit du 10 au 11 septembre qui avait mis l'avion présidentiel en danger et la vie de ses passagers, était pour l'instant maîtrisé, le dimanche 21 septembre, une nouvelle coupure d'électricité de la Snél est intervenue dans les installations à N'djili, FIH.
Un rapport technique de la RVA-SA dressé le jour même fait part de «la gravité des faits», attend « des solutions urgentes en vue de remédier à ces problèmes de manière durable».
Qu'est-ce qu'il s'est passé ? À la suite de la coupure d'électricité de la Snél intervenue à 05:50', confirmée par le feeder depuis la station de la Snél à N'sele, il s'est observé, dans les installations aéroportuaires, «des dysfonctionnements au niveau des groupes électrogènes et de l'inverseur technique, des conséquences enregistrées sur les équipements essentiels (balisage lumineux, V-SAT, CCR, équipements sous vigie, réseau Internet et téléphonique) ».
«Les Groupes électrogènes (du réseau commercial) 350 KVA et FG Wilson 800 KVA ont démarré normalement et ont alimenté les circuits Commercial et l'Aérogare modulaire tandis que le circuit électrique technique a connu un problème. L'inverseur des sources secteur Snél-Groupe électrogène 1250 A technique est en panne, les travaux de démarrage sont en cours d'exécution. Ces dispositions ne permettent pas le démarrage automatique du groupe électrogène technique 635 KVA, le démarrage de ce dernier se fait manuellement en coupant et en déclenchant le disjoncteur des batteries. Au même moment, il faudra appuyer sur le bouton de démarrage à l'écran de commande. Ces manœuvres sont difficiles à réaliser par une seule personne. Le groupe électrogène technique 635 KVA n'étant pas démarré à temps après la coupure du secteur Snél, cette situation a poussé les onduleurs Galaxy 200 KVA et Nitram 40 KVA à épuiser leur autonomie cinq minutes après. Du coup, le Balisage lumineux, V-SAT, CCR, Equipement sous vigie, Internet et Réseau téléphonique étaient hors service. Ce groupe électrogène a démarré quinze minutes plus tard avec l’aide de deux techniciens simultanément. Le premier pour couper et enclencher les disjoncteurs des batteries et le deuxième placé devant la machine pour appuyer sur le bouton de démarrage. C'est ainsi que la situation a été rétablie ».
Urgence selon ce rapport signé par le coordonnateur responsable Ngondo Eso Ngandodenga au nom du Commandant a.i de l'Aéroport. Urgence sinon extrême urgence ? Selon le rapport, il faut d'une part «renforcer l'effectif des techniciens dans les équipes de permanence (mais) les techniciens efficaces ont les contrats de travail expirés », de l'autre, fonctionner en mode «secours inverse», c'est-à-dire, les groupes électrogènes deviennent prioritaires par rapport au secteur Snél, lors de mauvais temps et pendant la nuit, de 17:30' au matin».
Le rapport lance un rappel : «Les équipements électriques, électromécaniques, électroniques, informatiques installés depuis 2014 à la plateforme aéroportuaire ont vieilli et exigent un remplacement systématique pour la sécurité et la sûreté ».
Les équipements à remplacer en extrême urgence à l'Aéroport International de N'Djili? Les groupes électrogènes 22 KVA, 350 KVA, 635 KVA, 800 KVA, les onduleurs 40 KVA, 200 KVA, 400 KVA, les stabilisateurs 20 KVA, 50 KVA, 200 KVA, 800 KVA, 1600 KVA, les inverseurs 630A, 1250 A, les équipements de balisage lumineux et leur réseau de terre, les convoyeurs à bagages et tapis roulants, les scanners Bagages et portiques, les équipements des télécoms, les équipements de Navadis, les équipements CCR-VSAT-RSI, les équipements informatiques, les équipements de climatisation, et, tous les autres équipements de contrôle de trafics aériens.
Le vendredi 19 septembre, le président Félix Tshisekedi, rappelant les naufrages dans les eaux du pays, a estimé, cité par le porte-parole, Patrick Muyaya Katembwe, qu'«au regard de la nécessité de mettre fin à ce type de drames, consécutifs à un manque de discipline et de responsabilité à plusieurs niveaux, il estime qu’il est possible d’y mettre fin, à condition que chaque acteur, au sein de l’État comme dans la société, assume pleinement sa part de responsabilité». Puis : « Dans la suite des directives données lors de la 17ème réunion du Conseil des Ministres du 11 octobre 2024 à la suite du chavirement d’une embarcation sur le Lac Kivu, le 3 octobre 2024, il a invité le Vice-Premier des Transports, Voies de communication et Désenclavement, à dresser, dans les plus brefs délais, un état des lieux exhaustif de la navigation fluviale et lacustre, en rapport avec les mesures déjà instruites, à renforcer ces mesures, notamment par la fermeture immédiate de tous les lieux d’embarquement clandestins, la traçabilité obligatoire des embarcations et l’interdiction stricte de la navigation nocturne, à engager une campagne de sensibilisation et de responsabilisation des opérateurs privés et publics ainsi que des communautés riveraines afin d’assurer une appropriation collective des règles de sécurité, notamment le port des équipements de sauvetage lors des embarquements (gilets, bouées de sauvetage, etc.)».
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo «est convaincu que la mobilité constitue le poumon vital d’une capitale moderne : elle doit cesser d’être une source d’humiliation et de perte de temps pour devenir un vecteur de dynamisme économique, de sérénité sociale et de dignité nationale».
Il a instruit le Vice-Premier ministre (en charge de l’Intérieur) «de dresser un état des lieux précis sur la formation, l’équipement et les effectifs des agents de police spécialisés dans la circulation, et d’assurer sans délai leur renforcement tant sur le plan quantitatif que qualitatif. En concertation avec le Vice-Premier ministre, ministre de la Défense Nationale, il sera examiné la possibilité de mobiliser certaines unités des FARDC, en appui à la Police routière, afin d’imposer discipline et rigueur, notamment aux grands carrefours et sur les axes stratégiques ».
Le Vice-Premier ministre des Transports doit «présenter un plan opérationnel assorti de mesures concrètes pour fluidifier la circulation : mise en place d’une signalisation moderne, gestion intelligente des carrefours et déploiement de solutions technologiques adaptées».
Félix Tshisekedi insiste sur «l’accélération du processus d’acquisition et de mise en service de bateaux modernes, sécurisés et adaptés aux réalités des voies d’eau du pays et a instruit de renforcer de manière significative les capacités techniques, humaines et logistiques de la Congolaise de Voies Maritimes, CVM, de la Régie des Voies Fluviales, RVF, ainsi que de tous les services spécialisés, pour leur permettre d’assurer efficacement leurs missions de sécurité, de balisage et de surveillance».
D. DADEI


Related Posts

About author

Portrait de D. DADEI