- ven, 19/11/2021 - 14:59
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1539|VENDREDI 19 NOVEMBRFE 2021.
Annoncé avec fracas en octobre, attendu par certains comme un très imminent tremblement de terre, le départ du richissime ex-gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi Chapwe, de l'Union sacrée de la Nation, semble ne plus faire courir beaucoup de monde.
Le suspense avait pourtant, à un moment, atteint son comble même si tout le monde avait parié sur son départ dès lors que l'une des deux «lignes rouges» qu'il avait fixées, avait été traversée avec l'entérinement par l'Assemblée nationale du bureau de la Commission électorale nationale indépendante suivi de l'investiture, par ordonnance présidentielle, de ce bureau présidé par Denis Kadima Kazadi.
DES MOUVEMENTS DU SOL.
Il y a certes eu comme des mouvements du sol d’avant tremblement de terre. D'abord l’annonce certes inattendue du départ de l'Union sacrée de l'ex-MLC Delly Sesanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu, député national élu de Luiza, dans le Kasaï. Puis celle d'un autre député, provincial cette fois, de Kinshasa, commune de Lingwala, l'ancien journaliste Mike Mukebayi Nkoso. Depuis c'est le calme…
Président de son parti politique Ensemble des Volontaires pour le Redressement, Envol, membre de la plateforme politique katumbiste Ensemble pour le Changement, Delly Sesanga avait semblé avoir pris ses distances de Moïse Katumbi, depuis la réunion de Genève, en annonçant son rapprochement de la campagne de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo contre celle de l’élu de Genève, Martin Fayulu Madidi, choisi par Moïse Katumbi.
Il y a six mois, Sesanga a rejoint l'Union sacrée à son annonce, le 23 octobre 2021 par le Président de la République, à la veille des consultations avec des leaders politiques et sociaux.
Sesanga n'y aurait cependant pas trouvé son compte…
Depuis l'investiture de Denis Kadima Kazadi à la Commission Électorale Nationale Indépendante, il critique l'absence de consensus - «particulièrement le forcing qui a caractérisé ce processus, brisant ainsi le consensus entre parties prenantes», puis «l’inaction du Gouvernement face aux problèmes qui préoccupent les Congolais».
Il «encourage toutes les actions citoyennes qui seront menées par les forces sociales et politiques du pays pour exiger le consensus au tour de cette question électorale».
EN EUROPE A AUSCHWITZ.
Il décrie le bilan du Président de la République qui, selon lui, «n’a pas encore rencontré les attentes des Congolais», cite «la précarité des conditions socio-économiques du pays, la persistance de l’insécurité dans la partie Est, la problématique liée à la taxe sur le Registre des Appareils Mobiles (RAM)». En clair, les mêmes registres que l’ex-gouverneur du Katanga…
L'un des communicants de Moïse Katumbi, Mike Mukebayi a, après Sesanga, fait part de son départ, critiquant «l'unilatéralisme» dans la gestion de l’Union Sacrée de la Nation. «Entre l’Union Sacrée de la Nation et Ensemble pour la République, la rupture est irréversible. C’est clair ! Ça va se décider à l’issue des consultations que le chef de mon parti va entreprendre sur place ici quand il va arriver à Kinshasa. Je peux déjà vous dire que la rupture est quasi irréversible», déclare celui qui est souvent sur des plateaux de télévision.
« Nous n’avons plus de place à l’Union sacrée. Il y a trop d’incompréhensions, trop de malentendus. Nous ne nous y sentions plus à l’aise. Nous sommes gênés aux entournures. On ne nous laisse plus d’espace. A chaque fois, on nous accuse de rechercher des postes…».
Selon le député provincial, « face aux choses sérieuses que nous devons faire ensemble, jamais nous ne sommes associés. Vous savez que mon chef avait été le premier à décrier le fait qu’il n’y avait pas de cadre de concertation à l’Union sacrée ».
Mais deux visites dans la Capitale, dans le cadre de ses consultations et d’autres consultations à Lubumbashi n’ont pas permis l'annonce du départ de Katumbi de l'Union sacrée.
Alors que des sources l’attendaient dans la Capitale, pour un tête-à-tête avec le Président de la République, le 8 novembre, son directeur de cabinet Olivier Kamitatu Etsu annonce sur son compte Twitter @OlivierKamitatu que l'ancien-gouverneur « est arrivé en Europe pour une visite privée de quelques jours programmée de longue date».
Plus, le lendemain 9 novembre, un autre tweet de Kamitatu : «Pour le triste anniversaire de la nuit de cristal, je me suis recueilli à Auschwitz avec l'European Jewish Association. J'ai prié pour toutes les victimes, dont mes grands-parents. N'oublions jamais cette folie meurtrière, œuvrons toujours pour la paix, en RDC et partout ailleurs».
Un tweet illustré par des images de Moïse Katumbi en compagnie de personnalités juives. Depuis rien. A-t-il choisi de faire mariner son annonce.
MENACE SANS GRAND EFFET.
« Certaines personnes disent que Katumbi risque de rester avec un seul député. Qu'ils se rappellent bien de l'époque de l'alternance du temps du président Kabila. Nous nous sommes battus sans députés et nous avons arraché l'alternance. Que Katumbi reste avec un ou deux députés, il se battra toujours pour le bien de la population », déclare à Kinshasa, Kazembe Mulwani, député de Pweto, dans le Haut-Katanga.
« Jusque-là, le peuple doit savoir que nous sommes toujours dans l'Union sacrée étant donné que notre président continue avec les consultations. Viendra le moment opportun, vous serez informés de la décision de notre leader. Katumbi est du côté du peuple. Il n'a jamais eu peur de quelqu'un. Il a juste le respect envers ses partenaires. Les gens doivent savoir une chose, le respect que nous avons envers eux n'est pas synonyme d'avoir peur d'eux ».
Il est vrai que « la menace » de Moïse Katumbi Chapwe n’a pas eu grand effet parmi ses troupes. Au Gouvernement, alors que des sources citaient deux ou trois départs, rien de précis n’y est observé. Au contraire, les ministres d’Ensemble pour le changement restent engagés à l’action gouvernementale.
Du moins, aucun d'entre eux ne laisse rien transpirer.
Certes, le 22 juillet 2021, lors du séminaire gouvernemental au Fleuve Congo Hôtel, le Président de la République avait averti ses «Warriors».
Il les avait invités de s’éloigner de leurs autorités morales, de se mettre pleinement au service du peuple.
«Il n'y a pas de place pour satisfaire les caprices de quelques autorités morales que ce soit», les avait-il publiquement prévenus, d’entrée de jeu, dans son discours d'ouverture.
« Du moment où vous avez pleinement conscience de votre participation au Gouvernement de l'Union sacrée, il est donc attendu de chacun de vous, d’éviter des prises de position partisanes qui viendraient nuire à l'idéal du Peuple d'abord. En effet, il n'y a pas de place pour satisfaire les caprices de quelques autorités morales que ce soit, ni pour vous conformer à la logique de vos partis», avait déclaré le président de la République.
Avant d’insister sur le seul leitmotiv qui doit animer les membres du Gouvernement.
« Il s'agit de faire tout ce qui est possible pour améliorer les conditions sociales de la population congolaise. Comme des véritables guerriers, vous êtes tenus d'obtenir des résultats concrets », avait-il recommandé.
D. DADEI.