Tshisekedi un stratège
  • ven, 04/07/2025 - 08:52

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1640 | MARDI 01 JUILLET 2025.
Il bascule une majorité politiquement fabriquée par son prédécesseur et s'apprête à effacer diplomatiquement une guerre vieille de trente ans.

Le 30 juin ce fut hier. Cela fait 65 ans que le Congo est parvenu à arracher des Belges son indépendance. Dès le lendemain de la proclamation de celle-ci, les Belges, après le discours musclé non annoncé du Premier ministre Patrice-Émery Lumumba, rompaient avec l'ex-colonie, quittaient le pays, le plongeaient dans le chaos. Le 30 juin 2025, la grande date de l'Histoire du Congo est vécue comme le passé ces dernières années, sans faste particulier!

Qu’en retenir malgré tout et, particulièrement, des années Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo?
D'abord, qui attendait le fils du Sphinx Étienne Tshisekedi wa Mulumba à la Présidence de la République ?

Tout avait été monté par ses adversaires à la réunion de Genève qui aboutit le 11 novembre 2018 à l'annonce du candidat unique à la présidentielle du 23 décembre 2018, deux fois reportée depuis 2016, que fut Martin Fayulu Madidi. Un choix qui surprit quand Félix Tshisekedi, le président du parti historique d'opposition, l’UDPS, était donné comme favori.

Qui, le 23 novembre 2018, à la création à Nairobi, au Kenya, de CACH, Cap pour le Changement, la coalition qui porta Félix Tshisekedi au pouvoir, ne s'était pas moqué de lui et de ceux qui l'avaient rejoint à CACH ? Quelles chances lui donnait-on? Quels obstacles face à lui/face à ceux qui l'avaient rejoint, n'avait-on pas dressé ?

D'abord une incroyable majorité parlementaire des partis pro-Kabila de plus de trois cents députés sur cinq cents, politiquement fabriquée, en vue d'empêcher le nouveau président de la République de gouverner et de le pousser à remettre aussi vite que possible le pouvoir à ceux qui s'en présentaient comme les maîtres.

Ensuite un conflit armé vieux de trente ans éteint, avec l'appui du président sud-africain Jacob Zuma, avec son «enough is enough, time for peace is now» prononcé le mardi 29 octobre 2013 devant les deux Chambres réunies en Congrès, rallumée en vue d'effacer Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo au cas où il s'obstinerait à rester sur son siège.

Que reste-t-il désormais de tout cela?

À ce stade, disons-le clairement : miraculeusement l'espoir qui surgit à l'horizon mystérieusement. Minimisé comme ne l'a jamais été un Chef d'État ces dernières années dans le pays, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo fait aujourd'hui montre de stratégie politique affinée au point d'effacer de l'horizon tous ceux qui ont tenté de le dénigrer ? Comme jamais, le président a réussi à basculer une majorité parlementaire politiquement fabriquée par son prédécesseur dont les stratèges lui avaient offert une majorité parlementaire de type stalinien en vue d'imposer une cohabitation présentée comme une coalition afin de le pousser à inaugurer les chrysanthèmes et voilà que Félix Tshisekedi, avec le deal minerais critique contre sécurité conclu avec Washington, signé le 27 juin 2025, s'apprête à effacer diplomatiquement une guerre vieille de trente ans imposée de l'extérieur.

Qui, il y a peu, aurait imaginé ces deux événements se produire au Congo?

Quand le président américain accueille le 27 juin 2025, devant le monde, et c’est un message important, historique, à la Maison Blanche, dans le bureau ovale, la ministre des Affaires étrangères congolaise Thérèse Kayikwamba Wagner et son collègue rwandais Olivier Jean Patrick Nduhungirehe, signe, en direct sur les télévisons du monde, les invitations adressées au président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et rwandais Paul Kagame, à se rendre à Washington à la Maison Blanche, et déclare au sommet de l'Otan le 25 juin 2025 à La Haye aux Pays-Bas que « le Congo est à l'ordre du jour (de son agenda)» et que «le Rwanda est entré terriblement au Congo, y a mené une guerre à la machette avec des mutilations terribles des populations ; personne n'a jamais imaginé une chose d'une telle nature et on a mis fin aussi », qui aurait imaginé il y a peu des actes politiquement aussi forts posés par l’homme le plus puissant de la Terre?

On comprend que le président congolais ait déclaré à la journaliste Hariana Verás Victória, correspondante permanente pour l’Afrique à la Maison Blanche, au Sénat américain, au Pentagone et au Département d'État, ce qui suit : « Si cette guerre injuste prend fin - une guerre qui a fait des centaines de milliers de morts, certains disent même qu’elle a fait plus de victimes que la Seconde Guerre mondiale… alors, si le président Trump parvient à mettre fin à cette guerre grâce à sa médiation, il mériterait ce prix Nobel et je serai le premier à voter pour lui ».

T. KIN-KIEY MULUMBA.


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