Gécamines: Yuma fait son acte de contrition
  • mer, 13/12/2017 - 06:32

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Il faut espérer que cet acte de contrition - même si ç’en est pas un - permettra de faire repartir la Gécamines.
On ne l’accusera pas d’avoir manqué de courage, encore moins d’humilité. L’homme fort de la Gécamines Albert Yuma Mulimbi - également patron des patrons congolais et de plus en plus présent sur la scène politique nationale - a annoncé les «deux axes» majeurs fixés «par le Chef de l’État au développement» de l’entreprise publique: «refaire de la Gécamines un véritable acteur minier» au plan national et international; faire que les ressources du Congo - dont la société publique détient «la majorité - profitent au peuple congolais, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui». Mais surtout, Albert Yuma Mulimbi, depuis Lubumbashi, Haut Katanga, face à des agents de la Gécamines, fait son mea culpa en des termes non équivoques: «Dans la plupart de nos partenariats, pour ne pas dire tous, nous n’avons jamais touché de dividendes et l’État n’a jamais touché d’impôts». Depuis «la mise en place du code minier», qui date de 2002, les différents partenaires de la Gécamines «ont exporté pour plus de 48 milliards de dollars» et «l’État a reçu en net - soit le revenu moins les bonus fiscaux qu’il a donnés - moins de 3 milliards de dollars». C’est pourquoi, a Donc, la Gécamines va «revoir - j’ai dit revoir, pas renégocier, c’est nous qui allons désormais fixer les termes» - les «conditions» des partenariats qui lient l’entreprise congolaise à des sociétés minières privées.
Selon Yuma, «on nous a trompés, en 2000» en disant que le Congo était incapable de développer seul ses ressources minières et qu’il fallait des partenariats. «On aurait dû toucher 350 millions de dollars de dividendes et on a touché zéro» dollars, tandis que «l’État aurait dû toucher 768 millions de dollars d’impôts» et a touché «zéro». «Nos partenaires se sont toujours arrangés pour que les comptes d’exploitation apparaissent en perte d’année en année», a-t-il assuré.
Or, la «vraie ressource» des partenariats n’est «pas l’argent» mais «les gisements» de cuivre et de cobalt de la Gécamines, a estimé Albert Yuma, assurant que «la prochaine guerre mondiale sera pour le contrôle du cobalt», dont le Congo possède «70%» et l’entreprise publique «40% des réserves mondiales connues». «Depuis 15 ans, nos partenaires nous ont trompés et, disons-le, volés. Cela doit s’arrêter». Yuma a ajouté que l’entreprise avait «aussi constaté la faiblesse de nos mandataires pour contrôler les partenariats», raison pour laquelle ils avaient été changés il y a quelques mois. Reconnaissant aussi des faiblesses dans «l’organisation» de la société publique, son patron a annoncé avoir confié à «Ernst and Young un audit organisationnel» en vue d’installer de nouvelles structures «dès le deuxième trimestre 2018». En effet, a-t-il ajouté, la Gécamines souffre d’«équipements obsolètes» et «surtout» d’un personnel trop vieux, la moyenne d’âge étant «58 ans». «On ne peut pas compter sur cette génération pour défendre nos intérêts» et «prendre des risques». Il faut, dit-il, que les cadres «reprennent le contrôle de la Gécamines comme, il y a 40 ans, nos frères arabes ont décidé de contrôler le pétrole».
Sur le rapport du Centre Carter pour qui «près des deux tiers de ces revenus, soit USD 750 millions - se sont volatisés, Yuma assure que c’était «une idiotie, un mensonge, une incompétence (…) Pas un dollar ne manque. Tout l’argent est enregistré dans les comptes de la Gécamines».
Il faut espérer que cet acte de contrition - même si ç’en est pas un - permettra de faire repartir la Gécamines.


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