- lun, 30/12/2024 - 10:51
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1625|LUNDI 30 DECEMBRE 2024.
Ils n'exposent plus désormais les candidats qui ont disposé des machines à voter à domicile, ont fraudé aux scrutins. Aujourd'hui, ceux qui ont fomenté des complots contre Masimanimba - ce qui remonte à l'époque de l'Indépendance en 1960 avec Kamitatu Massamba Cléophas dit Kwadros, phénomène qui n'a jamais cessé - et contre certaines personnalités de ce territoire, ceux qui se sont même opposés à la réorganisation des scrutins à Masimanimba, ont appelé à l'invalidation des personnalités citées comme ayant commis des fraudes aux élections tenues il y a un an, ont changé le fusil d'épaule. Pour l'essentiel, ils s'en prennent à la CÉNI, la Commission Électorale Nationale Indépendante, devant la Cour Constitutionnelle à Kinshasa ou devant la Cour d'Appel à Bandundu Ville quand la centrale électorale nationale indépendante via son président Denis Kadima Kazadi, assure avoir amélioré son système de travail qui recourt désormais, par exemple, à la transmission électronique. Ce qui n'est pas partagé par les candidats malheureux pour qui la CÉNI aurait au contraire mal fait son travail.
Les « conseils » de ces candidats - des avocats à la recherche des dossiers utiles, très payants - des briques de billets verts - ont désormais un mot magique à la bouche : «l'erreur matérielle».
Il s'agit en fait de ne pas trop énerver la Commission Électorale Nationale Indépendante. Ces avocats et ceux qu'ils défendent jouent ainsi au malin.
«Non, ce n'est pas une faute. En fait, c'est juste une erreur matérielle. Une petite erreur matérielle... Il suffit de la corriger et l'affaire est entendue».
Parmi ceux qui ont déposé ces « recours en contestation», procédure légale prévue par l'article 73 de la loi électorale à porter devant la Cour Constitutionnelle quand il s'agit de scrutins nationaux, devant les Cours d'appel faisant office de Cours administratives d'Appel quand il s'agit de scrutins provinciaux, et en l'espèce, à Bandundu Ville, on cite généralement une ancienne ministre - qui a eu plusieurs ennuis notamment dans l'affaire des fonds publics alloués à la construction des centres de formation professionnelle disparus à l'époque où dirigeait le ministère de la Formation professionnelle et des Métiers.
INTERDITE DE QUITTER LE PAYS.
Il s'agit de Mme Antoinette Kipulu Kabenga, qui est membre du Regroupement politique AACRD, Action des Alliés de la Convention pour la République et la Démocratie de l'ancien président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso N'Kodia Pwanga, ancien vice-ministre à la Justice, aujourd'hui 2ème Vice-président de l'Assemblée nationale. C'est Christophe Mboso N'Kodia Pwanga qui a donné mandat à Kipulu Kabenga d'ester en justice.
Représentée par ses avocats, Pacôme Mbala Kivunda (originaire de Masamuna, lui-même candidat malheureux à la députation nationale mais qui a rallié Kipulu Kabenga Antoinette), Yvon Mingashang, Tshibangu Kalala, Elie Luketa Lumbaa, Jean-Paul Mwanza Kambongo, Grâce Ngoy Ilunga, Dany Bushabu Bushabu, etc., l'ancienne ministre à la Formation professionnelle et aux Métiers cite devant la Haute Cour deux Regroupements politiques. Il s'agit de l'AAAP, Alliance des Acteurs Attachés au Peuple, et son candidat, le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba Tryphon et de 4AC et son candidat, Me Donald Sindani Kandambu.
Kipulu Kabenga justifie son recours en contestation devant la Haute Cour en ces termes : sa liste de Mboso N'Kodia Pwanga « venait en quatrième position en ordre décroissant de nombre de voix des listes utiles d'attribution des sièges compte tenu des voix obtenues, soit le total de 12.966 voix et sa candidate Antoinette Kipulu Kabenga, 12.343 voix ».
Elle poursuit : « Ces chiffres ne tombent nullement du ciel, mais découlent de l'arithmétique clair et démonstratif se présentant de la manière ci-après : les résultats partiels de la CÉNI tel qu'affichés au centre Bosolo et relayé en direct sur la chaîne jusqu'à 90% de dépouillements, reconnaissent à la seule candidature Kipulu Kabenga Antoinette de la liste du réquerant 9.063 voix, outre les voix de ses colistiers ; les voix que la CÉNI reconnaît au reste des colistiers de la liste du Requérant atteignent 623 voix ; le reste des voix de simplement 18 bureaux de vote découlant de 10% des résultats restants, après l'arrêt des publications partielles reconnaissent à la seule candidate Kipulu Kabenga Antoinette de la liste du Requérant 3.280 voix.
Ainsi, en additionnant toutes ces voix, avec preuves, telles qu'obtenues par la liste du Requérant, il se dégage la somme de 12.966 voix, tout en précisant que ce n'est même pas les 100% des voix réellement obtenues par la liste du Requérant mais simplement celles dont les preuves matérielles ont été obtenues et versées au dossier de la Cour. Ces compilations mettent donc le requérant en ordre utile d'attribution de siège.
Le positionnement se présenterait à titre comparatif, de la manière suivante: Kipulu Kabenga Antoinette (12.966 voix), Tryphon Kin-kiey Mulumba (12.752 voix), Sindani Kandambu Donald (10.080 voix)».
Et encore, écrit-elle : «Contre toute attente, la CÉNI a prétendu que la liste du requérant aurait 9.688 voix et sa candidate Kipulu Kabenga Antoinette, 9.065 voix. Ce qui n'est qu'une aberration sans nul fondement».
Du coup, «le requérant saisit la Cour Constitutionnelle principalement pour la correction de cette erreur matérielle en proclamant définitivement élue, la candidate du requérant Madame Kipulu Kabenga Antoinette».
Rappelons que dans le dossier de détournement de fonds publics, l'ex-ministre à la Formation Professionnelle et Métiers Antoinette Kipulu Kabenga qui avait commencé sa campagne tardivement après avoir été détenue à Kinshasa dans les locaux de l'ANR, l'Agence nationale de Renseignement, est poursuivie par l'Inspecteur Général des Finances-chef de service, Jules Alingete Key.
Dans une correspondance datée du 16 octobre, adressée à la DGM, la Direction Générale des Migrations, l'ancienne ministre accusée de détournement présumé des fonds destinés à la construction des centres de formation professionnelle dans les provinces du Kasaï, Kasaï-Central, Kasaï-Oriental, Sankuru et Lomami, avait été interdite (et est toujours) interdite de quitter le territoire national.
Ces fonds publics - évalués en plusieurs millions de $US - avaient été débloqués par le Gouvernement Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge I et II. Selon le patron de l'IGF, l'ex-ministre de la Formation professionnelle et Métiers avait détourné cinq millions de $US dont plus d’un million perçus auprès du comptable public de son cabinet sur base d'une décharge sans aucun raison valable - avaient servi à des fins personnelles.
Dans sa correspondance du 16 octobre, Jules Alingete Key cherchait à s’appuyer sur les services de sécurité des frontières à travers dirigés par la Direction Générale des Migrations en écrivant notamment ce qui suit : « J'ai l'honneur de vous informer que l'enquête est en cours. Aucune réalisation sur terrain n'arrive à justifier le niveau d'exécution financière de ces différents projets.
Il y a, par conséquent, de fortes présomptions de détournement de deniers publics».
Jules Alingete Key demandait que cette ex-ministre et certaines autres personnes citées dans le dossier soient placées en interdiction de quitter le territoire national pour qu'elles soient disponibles à toute interpellation de la part des services compétents.
Reste à savoir quelle suite la Haute Cour donnera au recours en contestation de cette ancienne ministre et d'autres candidats malheureux.
ALUNGA MBUWA.