- dim, 17/05/2015 - 14:00
Une fois n’est pas coutume, les bookmakers kinois avaient vu juste. Voilà des mois que son nom était sur toutes les lèvres pour la succession à la tête du PPRD, le Parti (présidentiel) du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie qui entre dans la treizième année de sa création. Arrivé fin mandat à son poste en Belgique - ambassadeur au BENELUX et à l’UE depuis 2009 - Henri Mova Sakanyi a été désigné (confirmé) vendredi 15 mai Secrétaire général du PPRD. La veille, jeudi 14 mai, le Secrétaire général sortant Evariste Boshab Mabudj dont la fonction au PPRD devenait chaque jour intenable - puisque nommé le 7 décembre 2014 membre du Gouvernement, Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur et de la Sécurité - avait remis sa démission au Congrès extraordinaire ouvert le même jour dans la Capitale, à la Fikin.
L’UN DES 12 DU MZEE.
À 52 ans, le nouvel homme qui va prendre ses quartiers au croisement des avenues Pumbu et Batetela, non loin du Pullman-Grand Hôtel Kinshasa à la Gombe, retrouve les affaires politiques kinoises alors que le pays s’apprête à aller aux élections (provinciales, municipales, urbaines et locales, prévues pour le 25 octobre 2015, selon le calendrier électoral de la centrale électorale) et que le Président de la République a annoncé aux siens qu’il allait engagé un dialogue franc avec l’opposition, l’église et des membres de la communauté internationale.
Pur produit du kabilisme, Mova a été membre de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo), la rébellion de Laurent-Désiré Kabila qui chassa Mobutu du pouvoir. «Il fut l’un des 12 camarades que M’zee Laurent Désiré Kabila dépêcha à Kinshasa pour la prise de pouvoir d’Etat et de son organisation», explique Tshikez Diemu, tout premier secrétaire général du PPRD, Katangais et membre de l’ethnie Lunda comme Mova. Le nouveau Secrétaire général du PPRD a fait partie de plusieurs gouvernements (ministre par deux fois des Transports et Communication notamment dans le premier gouvernement du Mzee après la prise du pouvoir, en 1997, ministre des Affaires foncières, Environnement et Développement touristique, vice-ministre aux Affaires étrangères, ministre de l’Information et porte-parole du Gouvernement à l’avènement à la tête du pays du président Joseph Kabila Kabange) et, à la veille de sa nomination en Belgique, président du conseil d’administration de la RVA (Régie des voies aériennes).
Membre du Directoire national des Comités du pouvoir Populaire, il fut aussi ambassadeur du Congo à Moscou.
Selon un observateur qui fit cinq ans durant conseiller en communication de l’ambassadeur à Bruxelles, cette nomination tend à rassurer le Katanga, tout comme la communauté internationale.
FAIRE LA POLITIQUE AUTREMENT.
«C’est un homme très ouvert, dont le profil cadre avec le dialogue voulu par le Président de la République», assure Michaël Sakombi Ilunga, directeur de cabinet adjoint du Ministre des Relations avec le Parlement.
«En nommant un Katangais, le Président rassure aussi ses partisans dans cette province, qui ont parfois manifesté leur inquiétude. Et puis, du fait de ses fonctions diplomatiques, il a l’habitude de dialoguer avec la communauté internationale, ce qui devrait aussi rassurer celle-ci», poursuit Michaël Sakombi Ilunga.
Dans son discours de prise de fonctions, le nouveau Secrétaire général a promis de «faire la démonstration d’une autre manière de faire la politique». Indiquant que son parti devra adapter sa lutte en tenant compte des enjeux actuels pour être toujours victorieux. «Je sais qu’il y aura des secousses là où nous allons, mais si nous nous considérons comme une famille, avec passion, amour et volonté d’en découdre avec les difficultés, ensemble nous nous en sortirons», a-t-il poursuivi. Puis: «De toutes les façons, nous n’avons pas de choix. Ou il faudra s’unir, ou il faudra périr». Il a rendu «grâce à l’équipe sortante (de notre parti) qui a abattu un travail de titan et nous allons continuer sur la même lancée».
Né le 10 novembre 1962 à Élisabethville (Lubumbashi), Mova est détenteur d’une licence et d’un DES (Diplôme d’études supérieures) en Relations internationales de l’Université de Lubumbashi. Il a entrepris des études de communication sociale à Lubumbashi avant de soutenir une thèse de doctorat à l’Université de Kinshasa. Activiste des droits de l’Homme, il fut vice-président l’Association africaine des droits de l’homme (ASADHO), section Katanga.
Il a publié plusieurs ouvrages touchant à des domaines divers (Économie, Droit, Finances, Théâtre, Poésie, Géopolitique et Mondialisation…).
D. DADEI.