La firme Westminster donne le sens du contrat signé le 14 avril avec le Congo
  • lun, 20/05/2024 - 11:24

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1609|LUNDI 20 MAI 2024.

À l'heure du triomphe des réseaux sociaux et des influenceurs, de recherche du buzz, de la manipulation hors normes du public, la firme britannique a-t-elle senti le besoin - l'urgence - de donner de la voix en tordant le cou aux rumeurs ?

«Qui sommes-nous?» Ce jeudi 16 mai 2024, à Kinshasa, aux cinq étoiles de Kin Plaza Arjaan by Rotana, salle Kampala, la séance s'ouvre par une interrogation. Face à l'incroyable vent qui monte des profondeurs et qui risque de tout envahir, l'urgence de faire éclater la vérité ?

Parée d'une équipe locale qui a le torse désormais bombé, la firme Westminster frappe fort. Cinq Congolais, cadres Afrique de la firme britannique spécialisée dans les services de sûreté dans les aéroports ont invité une foule de médias, radios, télés, journaux, sites en ligne, etc.

Alors qu'un contrat qui traînait depuis des années dans des tiroirs à Kinshasa venait d'être signé le 14 avril devant nombre d'autorités, ministres du Gouvernement central, envoyé commercial du Premier ministre britannique Rishi Sunak, délégué commercial de Sa Majesté Charles III, l'Ambassadeure du Royaume-Uni, l'Ambassadeur du Congo à Londres, que cette délégation avait été officiellement reçue par le Directeur de Cabinet du président de la République Guylain Nyembo Mbwizya dans le cadre d'une rencontre commerciale de haut niveau entre le Royaume Uni et le Congo, événement appelé UK-Democratic Republic of the Congo Trade & Investment Mission qui a réuni une quarantaine d'investisseurs britanniques, la firme Westminster n'avait-elle pas répondu à toutes les questions qu'elle a estimé le faire un mois plus tard, le 16 mai ?

LA SÛRETÉ DANS DES AÉROPORTS.
Il n'empêche ! On connaît désormais mieux cette firme.
« Nous sommes Westminster Aviation Security Services, filiale de Westminster Group, un groupe mondial de sûreté et de services gérés, disposant d’un vaste portefeuille d’équipements, de services et de solutions pour répondre aux besoins des clients à travers le monde.

Notre objet social : résoudre les problèmes de sûreté des gouvernements, des armées, des organisations non-gouvernementales, des aéroports et des ports, des infrastructures critiques, des grandes organisations et entreprises dans le monde», explique ce team de cinq Congolais, le directeur général de la filiale Patrick Sakameso, l'avocat conseil Patrick Lohayo, le relationniste et porte-parole Al Kitenge, le relationniste Kovho Ingele, le consultant E. Dominique Ndongala.

D'expliquer le contrat signé avec l'État congolais via sa société commerciale, la RVA-SA, Régie des Voies Aériennes-Société Anonyme qui « porte sur le financement, le développement, la mise en œuvre, la maintenance, la formation et l’exploitation des services de sûreté sur quatre aéroports internationaux et un aéroport national au Congo». Pour que tout le monde ait la même compréhension, le team donne le sens du mot « sûreté », sûreté aéroportuaire ou sûreté de l’Aviation Civile, Aviation Security, AVSEC en sigle.

La définition de l'OACI, l'Organisation de l'Aviation Civile Internationale? C'est « l'ensemble des mesures mises en œuvre pour protéger l’Aviation Civile contre les actes d’intervention illicite».
Bien loin de la « sûreté de l’État», «l’apanage des services de renseignements ».
C'est quoi un «acte d’intervention illicite» ? Réponse : «Tout acte de nature à compromettre la sécurité d’un avion en vol ou dans un aéroport».

Si la mise en œuvre des services de sûreté est de la responsabilité de l’État, il n’est pas interdit, explique le team, que l’État délègue cette responsabilité à une entité externe, par exemple une société, ce qui est considéré comme une bonne pratique, et est fortement recommandé aujourd’hui par l’OACI, l’État ne pouvant être juge et partie (ne pouvant s’auto-auditer). Reste que l’État certes contrôle et supervise cette mise en œuvre.

La différence entre sûreté et sécurité ? Si « la sécurité aérienne est l'ensemble de mesures visant à réduire ou à prévenir les accidents », la «sécurité de l’État est l'ensemble de mesures visant à protéger l’intégrité du territoire, la stabilité du gouvernement et le respect des droits fondamentaux (apanage de la police, de l’armée, etc.) ».

La différence majeure entre ces deux concepts réside principalement sur «l’intentionnalité de la menace». «Tout acte illicite intentionnel relève de la sûreté et les actes illicites spontanés (non prémédités) relèvent de la sécurité».
Le contrat signé le 14 avril porte sur la Sûreté de l’Aviation Civile, AVSEC, pas de la Sécurité de l'État. La réalisation du contrat permettra d'assister la RVA-SA dans la mise en œuvre des mesures de contrôle de sûreté en déployant les moyens financiers, humains et matériels.

Précision de taille : «Westminster n'est pas là pour remplacer l’État congolais ou pour prendre la place de qui que se soit. Westminster va collaborer avec tous ceux qui, au Congo, interviennent dans la mise en œuvre de la Sûreté de l’Aviation Civile».

Loin de toute suspicion, la firme britannique Westminster travaillera sous le contrôle de la société dont l'État est l'actionnaire unique, la Régie des Voies Aériennes-Société Anonyme. Cela permettra une parfaite collaboration et un transfert de connaissances.

TOUT LE GAIN POUR LE CONGO.
Autre précision : « La sécurité ne doit pas être confondue avec la sûreté aérienne qui comprend l’ensemble de mesures prises pour lutter contre les malveillances intentionnelles comme les actes de terrorisme. La sûreté aérienne consiste principalement en la recherche d’éventuels engins explosifs pouvant être introduits à bord d’avions civils de façon illicite, et ceci de quelque façon que ce soit, dans un bagage de soute, dans un bagage à main, dans le fret transporté dans les soutes, par l'introduction d'un objet illicite par un membre d’équipage ou un mécanicien, etc.).

La sûreté aérienne (ou la sûreté dans les aéroports) vise à empêcher l’emport d’armes de toutes sortes dans la cabine et le cockpit de l’avion par des personnes et dans des bagages à main, armes qui pourraient être utilisées à des fins de piraterie aérienne».

Quant aux réalisations de ce partenariat avec le Congo, la firme britannique forte de son expérience mondiale, va fournir l’investissement nécessaire et déployer une équipe de spécialistes en sûreté de l’aviation civile, ayant une expérience internationale afin d’assister et de conseiller la RVA-SA dans la gestion et la mise en œuvre des mesures de sûreté, conformément aux standards internationaux.

Westminster va améliorer les conditions de travail des agents AVSEC de la RVA-SA, proposer des réformes structurelles, des nouveaux uniformes et des meilleures perspectives de carrière ; prendre en charge toute la masse salariale des agents AVSEC, ce qui permettra à la RVA-SA de faire des économies dès lors que la société de l'État sera dégagée de cette lourde responsabilité ; élaborer un programme de formation complet dans le but de faire certifier l’ensemble des agents AVSEC, conformément à la réglementation nationale et internationale dans tous les aéroports (un programme qui comprendra des formations initiales, des recyclages ainsi que la formation des formateurs) ; assistera la RVA-SA dans la création - la mise en place - d’une académie d’excellence en charge d’apprentissage des métiers de l’aviation, des formations certifiantes conformes aux standards internationaux seront dispensées, ce qui ouvrira davantage le pays à l'extérieur (les gens viendront se faire former au Congo ; l’académie pourra être une source de revenus supplémentaire et de publicité).

Autres tâches à fournir par Westminster? Procéder régulièrement à des analyses des risques, des menaces et des révisions opérationnelles des procédures AVSEC des aéroports pour une mise à jour ; mettre en place des politiques et des systèmes ; améliorer la qualité, l’efficacité et la performance des services de sûreté ; s’assurer de la conformité des opérations de manière continue, conformément à la réglementation nationale et internationale; fournir des services de supervision et de surveillance de la conformité des opérations AVSEC dans l’ensemble des aéroports objet du contrat, conformément à la réglementation nationale et internationale ; mettre en place des clôtures périmétriques et de barrières de sécurité conformes aux normes de l’OACI ; former des techniciens pour assurer la maintenance des équipements de sûreté et approvisionner en pièces détachées afin de s’assurer que tous les équipements sont régulièrement entretenus et que toute panne est rapidement réparée; fournir les équipements de sûreté neufs à la pointe de la technologie ; mettre en place un système de contrôle et de commandement, entièrement intégré à l’usage des autorités, capable de contrôler les systèmes d’incendie, de sûreté et de sécurité installé dans les aéroports objet du contrat ; aider à la formation d’une unité cynophile (K9) avec un certain nombre de chiens et de maîtres-chiens qui seront utilisés dans la détection des articles prohibés, la contrebande, les drogues, les explosifs, etc., aux aéroports objet du contrat ; assister l’État dans le cadre des inspections et audits internationaux, notamment de l’OACI ainsi que sur toute question de conformité et au besoin, assurer la liaison avec les compagnies aériennes de renom qui ne desservent pas encore le Congo.

De ce contrat, le Congo ira à l'amélioration de la sûreté de ses aéroports, l’une des étapes de sortie du pays de la liste noire de l’Union Européenne.

La réalisation du contrat permettra aussi le retour de certaines compagnies aériennes, avec comme conséquences, un accroissement du flux de passagers, une amélioration de l’image du pays à l’étranger, l’assurance de réaliser un meilleur résultat lors des futurs inspections et des audits de sûreté de l’OACI.

La RVA-SA et le pays vont bénéficier de nombre d'autres avantages. Tels des aéroports parfaitement équipés et un personnel mieux formé et donc plus performants, des recettes provenant de la redevance de concession.

Premier pays francophone au monde avec lequel la firme britannique signe un tel contrat, l'arrivée d'une entreprise cotée en bourse, qui dispose d'un carnet d’adresse impressionnant, pourrait certainement ouvrir des portes à des investisseurs sérieux membres du patronat britannique.
D. DADEI.


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