KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1612|LUNDI 24 JUIN 2024.

Lors d'une interview accordée à France 24, la chaîne française d'information en continu via le journaliste Marc Perelman et diffusée le 20 juin, le Président rwandais Paul Kagame déclare : «Nous sommes prêts à nous battre avec le Congo. (...) Nous n'avons peur de rien » !

Il a répété les mots qu'il prononce sans cesse sur les guerres menées au Congo par des rebelles depuis sa frontière, dont celle du M23, à savoir, «les questions de fond», « les causes sous-jacentes », « la raison de ces problèmes ». Les mêmes «raisons» qui ont conduit hier à la création de l'Afdl, du RCD, du CNDP, etc.

À se demander pourquoi le Rwanda s'est toujours trouvé aux côtés de ces rebelles.
C'est donc, reprend-il, « le discours de haine, le discours génocidaire, la persécution des Tutsis congolais au Congo en raison de leur identité » et qui seraient aujourd'hui 100.000 réfugiés au Rwanda, trois ou quatre fois plus en Ouganda et ailleurs, dit-il. Puis, «les Tutsis du Congo sont aujourd'hui traités comme les Tutsis du Rwanda en 1994 ».

Sur les accusations récentes du Président congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo pour qui le Rwanda organise «un génocide» dans le Kivu, Kagame use de son fonds de commerce qui appâte les Occidentaux : « Tshisekedi orchestre le retour d’une idéologie génocidaire visant les Tutsis congolais». Il parle de «mémoire collective», de «quelque chose qui ne va pas dans sa tête».

ET LES MINES?
Comment raisonnablement penser que ces propos soient crédibles quand on sait la place réservée, depuis la nuit des temps, à cette communauté ultra minoritaire dans les Institutions publiques au Congo, au sein des Gouvernements ?

Le Congo a connu un Directeur de cabinet tutsi du Président Mobutu; le pays a connu un vice-président de la République tutsi sous Kabils fils ; il connaît des ministres de haut rang tutsis, des mandataires publics, des hauts gradés tutsis sous les Kabila et aujourd'hui encore; etc.

Est-ce la présence au Congo des FDLR (rebelles hutus rwandais génocidaires) qui bénéficient ou bénéficieraient du soutien du Gouvernement congolais ou la soit-disante haine raciale dont souffrent ou souffriraient les Tutsis au Congo qui justifierait la présence des troupes rwandaises au Congo ?

Kagame ne répond jamais à toutes les questions qui lui sont posées...
Documenté et cité désormais nommément par les États-Unis, la France, les Nations Unies, etc., pour avoir envoyé ses soldats au Congo en soutien aux rebelles du M23, le Président rwandais Paul Kagame ne répond pas à cette question, expliquant qu'il n'est pas un accusé face à un procureur.

En suivant cette interview, en se rappelant les revendications territoriales rwandaises au Congo, en sachant comment le Rwanda vit ou survit du fait du pillage systématique des ressources minières de l'Est du Congo, cas de la cité de Rubaya occupée depuis début mai par le M23, dont la production minière du coltan, minerai stratégique pour l'industrie électronique, représente 50% de la production du pays, Rubaya qui recèle des gisements de manganèse et d'autres minerais, dont la production est exportée au Rwanda, par le Rwanda, on se demande comment le mensonge peut se vendre en politique.

Sur cette mine, qu'est-ce qu'on apprend ?
Voltaire Batundi, président de la société civile de Masisi : «Depuis la prise de la cité de Rubaya par le M23, le prix d'un kilo de coltan est passé de 30 $US à 70 $US. Ils sont à Rubaya. Ils sont dans les carrés miniers. Ils ont distribué des bêches. Il y a eu deux camions qui sont venus avec des bêches pour les donner aux gens afin de creuser. L'exploitation minière se porte bien à Rubaya. Toutes les preuves sont réunies pour dire qu'ils sont venus pour les minerais qui sont ensuite acheminés vers le Rwanda ».

Comment ne pas donner raison au Gouvernement congolais qui refuse le faux dialogue auquel Kigali se dit prêt.
Plus que jamais, le pays ne doit avoir qu'une chose en tête : prendre le temps de s'organiser, en se dotant d'une puissance militaire, en hommes et en matériel, être en mesure de faire peur. Le Congo en a les moyens.
T. MATOTU.