- lun, 21/01/2013 - 16:18
A entendre les médias kinois captés ces derniers jours dans la Capitale, nul ne veut plus de la poursuite du dialogue de la Capitale ougandaise. L’Ouganda accusé par des rapports des Nations Unies d’être l’un des agresseurs du Congo.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1211 ED. LUNDI 22 JANVIER 2013.
Et cela tombe bien, l’Ouganda va passer la main au Congo voisin et le président Sassou Nguesso est le président de la présidence tournante de la CIRGL, la Conférence des Grands lacs sous l’égide de laquelle se tiennent les travaux de la Capitale ougandaise. Le président Sassou est désormais le médiateur en force de la crise sécuritaire des Kivu. Il paraissait ne pas souhaiter concéder sa médiation. Lors de la cérémonie d’échange des vœux de nouvel an avec le corps diplomatique accrédité à Brazzaville, il avait invité Kinshasa et la rébellion du M-23 «à poursuivre les négociations qui ont débuté depuis dimanche 9 décembre à Kampala dans le cadre de la CIRGL».
Deux jours plus tôt, lors de la clôture de la 35e réunion du Comité consultatif des Nations Unies sur les questions de paix et sécurité en Afrique centrale, il appelait à «une solidarité sans faille avec la RDC et sa population éprouvées par les conflits armés dans l’Est du pays». Un état d’esprit qui n’est pas pour déplaire Kinshasa... Du coup, le président de la République a passé le fleuve samedi 19 janvier et y était dimanche matin. Si l’on ne connaît pas les raisons officielles de ce déplacement, il paraît évident qu’elles ont un lien avec la situation sécuritaire au Kivu et la suite du dialogue entamé en Ouganda. Un tête-à-tête entre les deux Chefs d’Etat était prévu... A Kinshasa, peu de gens voient d’un bon œil la poursuite à Kampala de ce dialogue.
D’une part, on accepte difficilement que Kinshasa continue de parler avec des membres d’un mouvement dont des «Seigneurs» sont indexés par la Communauté internationale, à commencer par les Etats-Unis d’Amérique. De l’autre, la Capitale ougandaise n’est plus en odeur de sainteté pour le rôle joué dans cette énième rébellion et, du coup, n’a plus qualité pour abriter un dialogue.
Si la Majorité présidentielle ne s’est pas à ce jour prononcée, l’opposition des FAC (Forces Acquises au Changement) animée par Lisanga Bonganga a fait savoir sa position le week-end en qualifiant l’Ouganda de «pays agresseur» et peu digne d’assurer la médiation. Une association des professeurs d’Université via un porte-parole Charles Mbadu n’en dit pas moins. Elle dénonce «les agressions à répétition de notre pays de la part du Rwanda et de l’Ouganda».
Si tout le monde est d’accord avec le Chef de l’Etat sur la nécessité d’un dialogue en interne, encore faut-il lui trouver un format et un contenu.
A Kampala, la délégation du M-23 a remis en cause l’ordre constitutionnel du pays, appelant à la dissolution des principales Institutions du pays et à la mise en place d’un Conseil national de transition. Elle a été vertement recadrée par la délégation gouvernementale qui a qualifié ces demandes de «hors sujet», de «téméraires» et d’«outrancières», expliquant qu’en aucun cas, Kampala ne saurait être Sun City, allusion faite au Dialogue inter-congolais de la belle cité d’Afrique du Sud.
Cela dit, sur quoi pourrait porter le débat sur la cohésion nationale annoncé par le Chef de l’Etat lui-même? A l’interne, les Institutions démocratiques fonctionnent-elles harmonieusement? Comment expliquer ces couacs à répétition qui ont lieu dans les assemblées provinciales et bloquent tout? Au niveau des représentations nationales - l’Assemblée nationale et le Sénat - tout marche-t-il comme cela aurait pu l’être? N’y aurait -il pas lieu de mieux faire?
Si l’opposition doit jouer son rôle républicain, n’assiste-t-on pas à des harcèlements inappropriés de l’Exécutif et... à une sorte de guerre... civile? Au sein de la majorité elle-même, tout se passe-t-il pour le mieux? Est-il acceptable qu’un Député de la majorité parlementaire vienne à interpeller un membre d’un Gouvernement issu de cette majorité? Si le pays se targue d’être une démocratie, tous les acteurs ont-ils la même compréhension?
Le Soft International lance un débat sur le bon usage de la cohésion nationale et rendra compte ici même.