A quoi donc joue la Commission électorale nationale indépendante? Pour la deuxième fois, elle annonce la prolongation de l’opération de dépôt des candidatures, passant du lundi 25 mai au samedi 30 mai. La décision a été prise par son bureau lors d’une plénière extraordinaire. Sur environ 8.000 formulaires retirés, 2.000 dossiers seulement ont été réceptionnés, soit un taux de réalisation de 25%.

LA CREDIBILITE DU CALENDRIER.
La CENI «vient de prendre la décision portant prolongation du délai de l’inscription des candidats pour les élections des députés provinciaux», a déclaré son rapporteur, Jean Pierre Kalamba. Indiquant que cette mesure a été prise «après analyse approfondie du rapport des monitorings».
«Les statistiques indiquent que les quelques Bureaux de réception et de traitement des candidatures, BRTC, sur les 171, qui n’avaient pas encore enregistré un seul dossier venaient de les enregistrer cette après-midi». Le rapporteur de la CENI a expliqué que la commission a pris cette décision en tenant compte «des difficultés réelles des multiples demandes et sollicitations des partis politiques et regroupements politiques, et compte tenu des rapports réels reçus principalement, le cas de traçage des paiements effectués en dehors des circonscriptions des candidats».
La CENI passe outre un accord qui serait intervenu entre la Majorité présidentielle et l’Opposition politique de ne pas prolonger le dépôt des candidatures aux élections provinciales. Les deux camps ont livré leurs positions à l’issue d’une réunion dite de haut niveau avec le bureau de la CENI. Présidée par vidéoconférence par l’abbé Apollinaire Malumalu Muholongu, depuis les Etats-Unis, la réunion a évalué l’opération de dépôt des candidatures et mis en place un cadre permanent de concertation paritaire comprenant seize membres de la majorité présidentielle et 16 membres de l’opposition. D’une manière globale, la rencontre s’est révélée satisfaisante, ont déclaré les représentants des partis politiques, dont Samy Badibanga (UDPS, Union pour la démocratie et le progrès social), José Makila (ADT, Alliances des démocrates et travaillistes), Delly Sesanga Hipungu (Envol) et des représentants de l’UNC (Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi).
Au dernier jour initial lundi 25 mai de fin de l’opération de dépôt des candidatures aux Provinciales, un réel engouement des postulants a été signalé dans les BRTC. Les agents de la CENI se disaient littéralement débordés, les candidats se bousculant dans les bureaux ne voulant pas entendre sonner la fin de l’opération. A Kinshasa, dans les BRTC de Kalamu et Lemba, on a frôlé un début d’émeute. Des candidats s’y sont trouvés avec des formulaires vierges en vue de les remplir sur place. «Des agents de la CENI sont obligés de les venir en aide, en respectant notamment la classification des documents, l’utilisation des encres sur les documents. Il y a des pages où il faut remplir avec de l’encre bleue et d’autres avec de l’encres noire», rapporte-t-on. Au dernier jour de la fermeture des BRTC, plusieurs candidats en étaient à l’étape de retrait des notes de perception de la DGRAD (Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participation). D’autres en étaient encore dans les différents bureaux d’état civil à la recherche d’attestations de naissance et de légalisation de documents.
L’UDPS de Tshisekedi est compté parmi les derniers partis à déposer la liste de ses candidats.
Le mandataire de ce parti, Rose Boyata, évoque une question de procédure. «Les dossiers n’étaient pas encore complets. Il fallait compléter certains documents à la commune. Cela nous a pris du temps. On a profité pour être en règle au dernier jour». Il reste que ce nouveau report repose le problème de crédibilité des annonces de la CENI. A-t-elle déjà tous les moyens financiers pour conduire le processus à terme? Il est certain que les fonds reçus dans les BRTC vont lui permettre de renflouer ses caisses et, certainement, d’aller de l’avant. Jusque quand?
D. DADEI.