- lun, 21/03/2016 - 16:08
Signe de l’échec des médias locaux: public et annonceurs refluent vers la presse étrangère.
C’est connu et c’est visible: une entreprise congolaise ou installée au Congo qui veut faire des annonces en direction du marché congolais n’a plus grand choix. Il suffit qu’elle se rende à Paris et notamment à Issy-les-Moulineaux, le siège des médias français intercontinentaux, et, hop! le tour est joué.
TV5, France 24, Rfi, etc., diffusent désormais en live, en temps réel et en FM selon le média considéré sur le Continent et particulièrement sur le Congo Démocratique.
WATERLOO DE LA COMMUNICATION.
Au Congo, toutes les études montrent que ces médias ont acquis plus d’audience qu’aucun autre média local. C’est le Waterloo de la communication publique nationale, rien n’est plus clair! La poule aux œufs d’or - la Rtnc - étouffée et mise aux oubliettes non seulement par ces médias tentaculaires mais aussi par la multitude de petits médias locaux alternatifs qui lui mènent concurrence! Une réelle tragédie pour la formation et la culture nationale…
Il n’existe en effet plus un Congolais en âge de lire ou d’écrire et de se faire une opinion - qui n’ait comme référence ces médias d’ailleurs. Essayer de couper leur fil relève désormais d’un autre âge. Le levier de boucliers des chancelleries occidentales et un début d’émeute de l’opinion sont au rendez-vous… Signe que les médias locaux n’ont jamais gagné en crédibilité. Ces rédactions en perte d’audience chez elles - se vendant de moins en moins bien suite au phénomène classique de surabondance - refluent dans nos rues et avenues.
Du coup, et ce qui concerne plus particulièrement le Congo, il n’y a point de journal Afrique - sur TV5, France 24 ou Rfi, Radio France Internationale - qui ne traite d’un sujet congolais.
Rfi n’y va même plus par le dos de la cuillère. Ses journaux du matin peuvent contenir jusqu’à deux, voire trois ou quatre sujets - surtout droitsdelhommistes - comme si rien d’attirant ne se passait ailleurs sur le continent!
Banques locales et entreprises de télécommunications notamment qui veulent être entendues par le public local se mobilisent pour orienter vers ces médias étrangers leurs budgets colossaux de communication ne trouvant plus aucun intérêt à aller vers les médias locaux sans impact!
NOTRE JUTEUX MARCHE.
Mais voilà qu’un autre phénomène plus récent mais plus politique voit le jour! Les opposants congolais généreux et soucieux de toucher les opinions internationales et, du coup, les décideurs planétaires dont l’influence est cruciale dans la conduite de nos politiques internes, recrutent à foison - contre paquets de dollars - des communicants dans ces médias surtout français ou francophones.
Les derniers de ces médias à faire mouche sur notre juteux marché sont des médias de la droite conservatrice, Le Figaro et Paris Match. Qu’il y ait un événement de grand ou petit intérêt, qu’importe! Ces médias en redemandent, remplissant des colonnes entières de leurs feuilles de papier! Le départ des membres de G-7 de la majorité présidentielle leur a donné du grain à moudre.
Ces Congolais se sont convaincus que le monde est désormais communication et, plus que jamais, politique se conjugue avec relations publiques (RP/PR), donc avec communication (bien faire et faire savoir). Reste que si le Congolais a disjoncté son média local insipide est signe d’un phénomène connu: l’échec cuisant de la communication nationale.
D. DADEI.