- jeu, 04/07/2024 - 16:34
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1613|MERCREDI 3 JUILLET 2024.
L'Aéroport International de N'Djili (code IATA : FIH, code OACI : FZAA) est l'aéroport principal de la capitale congolaise, Kinshasa et du pays en termes du nombre d'escales d'avions et de circulation de passagers. Situé sur la commune de la N'Sele en bordure du Pool Malebo, à une vingtaine de kilomètres à l'Est du centre des affaires, en plein cœur de la ville à laquelle il est relié par le boulevard Lumumba, son accès, par une voie unique, n'est malheureusement pas des plus simples pour les arrivants et les partants.
Plusieurs projets en gestation existent initiés par le Gouvernement. Ils pourraient faciliter l'accès par l'érection de voies plus directes notamment le long du fleuve. Mais d'ici là...
Inaugurée en 1953, cette infrastructure aérienne a été successivement utilisée, lors de la période coloniale, comme plate-forme de correspondances de la compagnie aérienne belge Sabena transformée en SN Brussels Airlines et des compagnies congolaises Air Congo, devenue plus tard Air Zaïre, puis LAC, Lignes Aériennes Congolaises, puis Congo Airways, et d'autres compagnies privées telles CAA, Service Air, Gomair, etc.
La piste principale de N'Djili, longue de 4.700 m, a longtemps été la plus longue du monde, au point que les plus grands appareils terminent leur atterrissage et décollent à mi-piste. Le processus de centralisation politique et administrative mis en œuvre par le régime Mobutu, fit de cet aéroport la principale porte d'entrée et de sortie du pays et ce, en dépit du fait que des sites aéroportuaires comme ceux de Lubumbashi, de Kisangani, de Goma, etc., bénéficient de capacités d'accueil international, notamment la longueur des pistes pour les gros porteurs.
Sous-financé depuis de nombreuses années par les pouvoirs publics, l'opérateur aéroportuaire, à savoir, la Régie des Voies Aériennes-Société Anonyme, se trouve dans l'incapacité de mettre en œuvre et de faire respecter toutes les normes internationales en matière de sécurité.
Datant de plus d'un demi-siècle, les infrastructures ont bénéficié de si peu de rénovations ou d'améliorations qu'elles sont régulièrement visées par des mesures d'exclusion de la part de l’Organisation de l'Aviation Civile Internationale, OACI en sigle (International Civil Aviation Organization, ICAO en anglais), une organisation internationale qui dépend de l'Organisation des Nations unies avec siège à Montréal, au Canada, dont le rôle est de participer à l’élaboration des politiques et des normes qui permettent la standardisation du transport aéronautique international.
LE PLUS IMPORTANT DES GRANDS LACS.
Ce qui intéresse le plus l'OACI pour N'djili, c'est l'entretien de la piste d'atterrissage, les services des pompiers, la sécurité des bagages, la mesure contre le risque d'attentats terroristes.
Il faut noter que N'Djili est l'aéroport le plus important de la zone des Grands Lacs avec des liaisons fréquentes et directes avec Paris, Bruxelles, Johannesburg et Douala. L'aéroport bénéficie également d'un réseau étendu aux villes principales congolaises telles Kisangani, Lubumbashi, Kindu, Goma, Mbandaka, Matadi, Kananga, Mbuji-Mayi, Bukavu. Le trafic des passagers est également alimenté par les voyageurs venus depuis Brazzaville, moins dotée en liaisons aériennes.
Le projet de construction d'un nouvel aéroport gagné par la firme chinoise Wietc, Weihai International Economic & Technicol Cooperative Co. Ltd, tarde à voir le jour. Le Gouvernement congolais pense à se tourner vers des sociétés notamment de Qatar ou de la Turquie, telle la turque Milvest actuellement en difficultés après avoir échoué à terminer le centre financier de Kinshasa.
Mais les Chinois de Wietc ne lâchent pas prise. Face à la résiliation de leur contrat par le Gouvernement congolais, ils menacent d'aller devant un tribunal d’arbitrage, telle la Chambre de commerce internationale de Paris, tout en proposant ou le maintien de leur projet ou le règlement à l’amiable, suivant les conditions prévues dans le contrat initial selon un courrier adressé le 19 juin 2023 au Directeur Général de la RVA-SA.
Le 14 juin 2023, le ministre des Transports, Voies de communication et de Désenclavement, Marc Ekila Likombo, avait écrit un courrier au Directeur Général de la RVA-SA portant «décision de résiliation du contrat du marché de construction d’une nouvelle aérogare passagers à l’aéroport international de N’Djili ».
Le projet de construction du nouvel aéroport international de N’Djili est un projet d’un coût total de 340 millions de $US. Le Gouvernement congolais, sous le régime Kabila, avait avancé 20 millions de $US, comme acompte de 30 %, sur un montant de 102 millions de $US. Wietc avait préfinancé à hauteur de 10 millions de $US.
« Dans le cadre de la modernisation des infrastructures aéroportuaires de la République Démocratique du Congo, le Gouvernement de la République avait amorcé, depuis 2018, des négociations avec la Banque d’import et d’export de la République populaire de Chine, Eximbank of Chine, aux fins d’aboutir au financement du projet susmentionné», avait écrit l'ancien ministre Marc Ekila Likombo.
Puis : « Il est néanmoins utile de porter à votre particulière attention qu’à ce jour, cinq années se sont écoulées sans qu’un quelconque décaissement du bailleur de fonds n’ait été effectué, malgré le déblocage par le Gouvernement, d’une somme de vingt millions de $US au titre d’avance partielle de démarrage. Quant au niveau d’avancement des travaux prévus, l’état des lieux actuel révèle leur arrêt depuis décembre 2020.
Au regard de ce qui précède et dans le but de se conformer sans délai aux recommandations des institutions et des organes internationaux d’aviation civile, le gouvernement de la République a, lors de la réunion du jeudi 8 juin 2023 présidée par le ministre des Finances et moi-même avec la société Wietc, pris la décision de mettre fin au contrat signé avec l’entreprise chinoise Wietc et d’explorer de nouvelles pistes de solutions devant lui permettre une entame rapide des travaux ».
« À cet effet, je vous enjoins, sans délai, de notifier à l’entreprise ci-dessus nommée, la décision du Gouvernement et à entamer les démarches idoines tout en favorisant un règlement à l’amiable», conclut le ministre.
Dans sa réaction, Weihai International Economic & Technicol Cooperative Co. Ltd, avait rejeté les raisons invoquées par le ministre.
«La société Wietc estime que les raisons listées dans votre notification de résiliation ne sont pas fondées, et nous n’acceptons et n’adhérons pas à cette notification de résiliation de contrat. L’entreprise Wietc a pleinement rempli ses obligations contractuelles, et a investi d’énormes ressources humaines et matérielles pour la mise en œuvre du projet. Et la suspension du projet n’est pas de la responsabilité de l’entreprise Wietc mais, comme indiqué dans votre notification de résiliation de contrat, ladite suspension est causée par la non-mobilisation des fonds nécessaires pour l’exécution du projet par le gouvernement».
Pour Wietc, la résiliation de son contrat est une faute grave. Elle dit ne guère pouvoir accepter cette résiliation. Wietc jouit encore de tous les droits accordés dans le contrat tel que le droit d’utilisation et d’accès libre au chantier des travaux. Il est temps de régler définitivement cette question en donnant la chance à cette plate-forme aérienne de se mettre à niveau.
T. MATOTU.