- ven, 17/02/2017 - 02:07
Il suffisait de payer pour éligible à un prêt si le prêt n’était pas dirigé vers une banque «amie ». A vous de négocier.
Et vînt l’heure! Il avait beau piéger la police qui le recherchait - trouvant comment la semer dans son immeuble pimpant neuf intelligent -, se faisant garder par «sa propre armée», Constantin Mbengele Kwete Thamuk a fini par être rattrapé. L’homme dont la tête était réclamée à cor et à cri par une recommandation sans équivoque puisqu’unanimement votée le 15 juin 2016 par les élus à la clôture de la session mars de l’Assemblée Nationale, a fini par être évincé. Quelque soit la longueur de la nuit... Ce patron qui piégeait les candidats aux prêts d’investissement du Fonds de Promotion de l’Industrie qu’il avait préalablement apprivoisés, les faisant chanter, réclamant directement (ou indirectement auprès des banques amies) des rétro-commissions sur des prêts versés de manière fractionnée réduisant du même coup leur capacité de réalisation des projets ou versés via virement dans des banques préalablement sélectionnées. Mbengele faisait valoir ses mentors pour qui il racontait avoir libéré d’importants fonds - et souvent, expliquait-il, des membres de la Présidence de la République voire des proches de la famille du Chef de l’Etat mais aussi, pour mieux se couvrir, sa tutelle - les ministres de l’Industrie dont l’avant dernier reçut jusqu’à un peu plus d’un demi-million de dollars comme frais de fonctionnement de son... cabinet. En pleine mer agitée, Constantin Mbengele Kwete Thamuk croyait avoir élevé des digues à ce point suffisamment hautes que le flot accumulé ne l’atteindrait jamais.
Rien n’y fit. Fertile en fourberies, ruses et stratagèmes, comme décrit par Gautier, cela n’a pas empêché la plénière de l’Assemblée Nationale de déjouer ses tours.
Unanime, la plénière a réclamé la tête du DG a.i ainsi que celle de son adjoint, deux individus connus pour leur arrogance irrépressible.
PRETS LIBERES A PETITES DOSES.
Dès mi-janvier 2015, lors du débat à la suite de l’interpellation (question orale avec débat initiée par le Député PPRD Fidèle Likinda Bolom’Elenge), les élus avaient pris l’engagement de recommander sans attendre auprès du ministre de l’Industrie qui en assure la tutelle sa suspension afin de permettre à la commission parlementaire mise en place d’enquêter plus librement sur des faits allégués de détournement des fonds, d’autres avançaient carrément la thèse de sa destitution du Fonds de promotion de l’Industrie - en réalité une banque d’investissement -, d’autres estimaient au contraire urgent de le déférer devant un juge au regard de l’extrême gravité des griefs allégués.
L’élu fustigeait la dissolution suspecte trois ans plus tôt - en 2012 - par Mbengele d’une commission interne de recouvrement chargée de contraindre les débiteurs à payer leurs créances auprès du FPI sans qu’elle n’ait été remplacée par le DG a.i par une autre structure similaire de recouvrement. Du coup, des dettes contractées auprès du FPI ne souffraient plus d’aucune pression pour leur remboursement.
En réalité, nombre de promoteurs piégés par Constantin Mbengele Kwete Thamuk étaient bien en peine d’honorer leurs engagements à la suite des fourberies, ruses et stratagèmes, mis en place. Ils étaient réduits à négocier à genoux contre prébende la non réalisation de leurs titres de propriété (en clair, la non vente de biens ou immeubles) déposés en garantie des prêts. Ou les prêts étaient libérés à petites doses - saucissonnés, d’où impossibilité de réaliser le projet pour lequel ils avaient été sollicités - ou les prêts transitaient par des banques amies au DG a.i qui réclamait des rétro commissions ou ces prêts n’étaient carrément jamais versés après que Constantin Mbengele Kwete Thamuk eut usé de tours de passe-passe.
Avec force détails, l’élu avait dénoncé devant la plénière un savant système de détournement et de corruption mis en place par le DG a.i qui avait abouti à la dissipation d’au moins 140 millions de dollars américains.
LIMOGES POUR FAIRE TAIRE.
Il dénonçait aussi la non réalisation des projets d’investissement par des promoteurs des projets bénéficiaires des crédits, la prise illégale d’intérêts due à l’achat d’un bâtiment désaffecté abritant des services additionnels du Fonds de Promotion de l’Industrie dont le montant a été surévalué à dollars américains 3.800.000, la gabegie financière de Constantin Mbengele Kwete Thamuk dont la générosité exemplaire pouvait l’amener à offrir à des promoteurs des projets d’investissement - des amis - des rétro-commissions, à certains de ses agents d’exorbitants frais de missions sans justification, donc illégaux, même à certains qui étaient absents du pays au moment de la mission.
Plutôt que d’œuvrer à aider à fructifier nos PME, le FPI dont les comptes liquides à la suite d’une perception fiscale légale instituée, travaillait au contraire, sous les années Mbengele, à renflouer les caisses des banques commerciales frappées par la crise financière.
Un cas très éclairant: celui de l’entreprise d’imprimerie Finance Press Group, FPG. Voici un cas connu de tous les services juridiques du FPI mais il a suffi que le moindre conseiller juridique du FPI prenne position en faveur de la PME expliquant par note interne qu’elle était en droit de ne rien rembourser au FPI, tant qu’elle n’a jamais bénéficié du prêt pour que les foudres de Mbengele Kwete Thamuk s’abattent sur l’importun éloigné pour l’exemple de son poste et envoyé paître en brousse. D’autres le suivront. Il s’agit de faire taire tout autre candidat à la défense du dossier...
Un dossier de crédit de quelques centaines de mille dollars jauni dans les tiroirs du FPI depuis plusieurs années mais qui fut ressuscité mystérieusement, en moins d’une semaine, sur simple coup de fil d’un banquier - le patron de la Trade Merchant Bank, en abrégé TMB, le sulfureux Robert Levi - donnant des ordres comme s’il en était le véritable patron. Que venait faire Robert Levi au FPI?
MININGS ET IMMEUBLE NBK.
Englué dans des affaires louches - la reprise de l’immeuble siège Dokolo, celui de la NBK, la Nouvelle Banque de Kinshasa - il avait payé juges, médias, députés membres d’une commission parlementaire d’enquête sur le dossier NBK et, à d’autres, il avait distribué du petit crédit de caisse «sans intérêt», expliquait-il. Rattrapé par la crise des minings - dont certaines qui plient bagage, la TMB née d’une quincaillerie basée au Katanga, menacée de disparition, fait volte-face et réclame tout, tout de suite, faisant valoir des taux d’intérêt usuraires. Alors que le FPG attendait que le crédit lui soit versé directement sur son compte Rawbank dont les références avaient été préalablement notifiées au FPI, c’est vers un compte TMB inconnu du FPG, repris sur aucun courrier adressé au FPI (et miraculeusement connu par le FPI) que le crédit en deux étapes exceptionnellement raccourcies - moins de deux semaines - fut intégralement dirigé après que «les documents de déblocage des fonds en faveur du promoteur» - en réalité les accusés de réception - eurent été signés par deux fois par le représentant de la PME FPG lors de deux séances publiques.
Car la pratique au FPI consiste, au cours d’une séance officielle de remise de crédits, à faire signer d’abord les «documents de réception» par le promoteur avant de se voir remettre les chèques ou les documents de virement. Constantin Mbengele Kwete Thamuk et son a-df Damien Simbi Musema n’ignorent pas les contestations bruyantes et les bousculades qui s’en suivirent dans la petite salle du 1er étage du siège du FPI, avenue Lukusa. Le promoteur de la PME FPG ne s’en alla qu’après que Mbengele eût assuré qu’il agirait auprès de son ami et complice - le patron de la TMB Robert Levis - pour que les fonds soient redirigés vers le compte FPG notifié de la Rawbank. Ce qui ne fut jamais fait! Quel responsable du FPI ne saurait témoigner de ces traitements irréguliers courants sous gestion Mbengele?
«Ceci n’est guère un cas isolé au sein du FPI: si vous ne faites pas patte blanche, vous n’avez aucun accès au prêt FPI. Les opérations retour sont légion», accuse un ancien directeur.
Aucune contestation devant Mbengele voire devant le comité de prêt ne sera entendue...
Dénoncé auprès de sa tutelle, Constantin Mbengele Kwete Thamuk avait su toujours se tirer d’affaire en amadouant. Question de gagner du temps... Résultat: la PME a réglé ses besoins de départ (acquisition d’une presse et des intrants) sur fonds propres. Elle n’a plus jamais plus eu besoin de recourir au FPI qui en sera notifié.
Depuis, l’affaire a été portée devant les cours et tribunaux par un collectif d’avocats (cabinets Mes Mubangi et Palankoy et Mes Bernard Kandolo wa Kandolo, Frédéric Mabiala Kunkula, Frédéric Kihanda Mupaka Pakom, Santos Mutshima et Enoch Tangangu Nsayala) sous le RCE 4942. Une affaire en résolution de la convention de prêt, restitution du titre d’enregistrement et dommages et intérêts.
En clair, le FPG réclame 15 millions de dollars américains en guise de dommages et intérêts outre la restitution du titre de propriété de son immeuble mis en hypothèque.
Devant la commission parlementaire Kumasamba (du nom de son président Jean-Baptiste Kumasamba Olom, Dép. d’Idiofa, Kwilu), Mbengele Kwete Thamuk (qui n’avait jamais su à la plénière de l’Assemblée nationale ouvrir la bouche, se perdant dans la lecture confuse des feuilles d’une longue supplique), jura - après s’être transformé en accusateur, distributeur de coups politiques au point de mettre en cause l’intégrité de nos élus - n’avoir jamais perçu «une somme d’argent au titre de commission illicite, expliquant qu’«il s’agit d’une accusation gratuite, sans fondement».
Quant aux subventions irrégulières et constamment versées à ses différents ministres ayant l’industrie dans leurs attributions, «il s’agit de ministre de tutelle», soutient Constantin Mbengele Kwete Thamuk. Sans plus d’explication crédible... «Le FPI est un outil de développement économique au service du Gouvernement et les ministres peuvent mieux expliquer les motivations de subventions dont ils sont bénéficiaires», poursuit le trop généreux Mbengele.
Au cours d’un mois, en avril 2015, le Fonds de Promotion de l’Industrie versa ainsi à son ministre de tutelle au moins plus d’un million de dollars américains (USD 550.000 USD le 15 avril et le 17 avril 2015).
Le ministre Germain Kambinga justifie ce paiement par «l’insuffisance des frais de fonctionnement». Les autres ministres apprécieront. Un ministre moyen reçoit USD 15.000 par mois de frais de fonctionnement réduits depuis à 10.000, puis à USD 8.000. Les ministres ne sont pas tous logés à la même enseigne.
ALUNGA MBUWA.
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Droit de réponse du FPG au site LeMondeAfrique
«Il s’agit d’un dossier de prêt régulièrement sollicité contre un immeuble mis en hypothèque mais les fonds n’ont jamais été versés au Groupe de presse. Nous poursuivons le FPI en justice»
Ci-après, le droit de réponse que Tryphon Kin-kiey Mulumba a adressé à Serge Michel (serge-michel@lemonde.fr, le chef du site @LeMondeAfrique après un article sur «l’industrialisation freinée par la corruption» repris par des sites congolais.
Cher Monsieur,
Mon nom est cité dans votre article sur «l’industrialisation freinée par la corruption» (en République Démocratique du Congo) au terme duquel vos journalistes écrivent que «Tryphon Kin-Kye Mulumba, Ministre des Relations avec le Parlement de 2014 à 2016 s’est vu octroyer un prêt de USD 450.000 du FPI pour équiper et pérenniser l’imprimerie de son groupe de presse. Sauf que cette somme n’a pas servi à contribuer à l’industrialisation du pays. Le ministre a plutôt remboursé un précédent crédit contracté auprès d’une banque plus à cheval sur les traites».
Cette affirmation est sans fondement.
1. Il s’agit d’un dossier de prêt régulièrement sollicité contre hypothèque d’un immeuble évalué à USD 2.500.000,00 par le groupe de presse FPG, Finance Press Group - je n’étais encore ni Député, ni Ministre - en vue d’acquérir une presse et des intrants.
2. Ce prêt n’a jamais été accordé ni à la Banque du FPG référencée auprès du FPI, ni versé au groupe de presse alors que le FPI détient toujours le Certificat d’enregistrement de l’immeuble mis en hypothèque.
Ces éléments sont vérifiables.
3. La machine et les intrants ont fini par être acquis par les moyens propres de FPG, notification en a été faite au FPI.
Si détournement il y a, c’est le FPG qui en a pâti du fait du FPI.
Vos journalistes auraient dû enquêter, contre-enquêter, interroger les personnes citées qui sont joignables plutôt que se contenter de filer un simple compte-rendu d’un rapport parlementaire dont toute la presse au Congo a fait large écho et qui est loin d’être une décision de justice.
La vérité retracée renseigne que le Fonds de Promotion de l’Industrie avait versé ces sommes sur un compte et à une banque inconnus du Groupe de presse FPG pour des raisons que seul le FPI connaît et ces sommes n’ont jamais été transférées au Groupe de presse.
Il y a là un mystère que seule la justice doit élucider.
4. Depuis sept ans que ce conflit perdure, le FPG est en procès contre le FPI et a saisi par ses avocats les cours et tribunaux sous le RCE 4942 en résolution de la convention de prêt, restitution du titre d’enregistrement et dommages et intérêts.
L’affaire suit son cours normal.
5. L’article de vos journalistes donne de nouvelles armes au FPG à nouveau injustement préjudicié.
Au nom du FPG qui se réserve le droit de saisir la justice pour diffamation, je vous prie de publier ce droit de réponse telle que la loi en la matière l’exige.
Kinshasa 13 février 2017
Prof. Tryphon Kin-kiey Mulumba.