- lun, 29/04/2024 - 23:36
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1602|LUNDI 5 JANVIER 2024.
Que nous arrive du Nord-Kivu ! Goma, la grande ville de l'Est, serait-elle en passe de passer aux mains des rebelles du M23 et de l'AFC de l'ex-président de la Commission Électorale Nationale Indépendante, Corneille Nangaa Yobeluo soutenus par Kigali ?
Si oui, la fameuse Communauté Internationale n'y serait pas loin. Dans une vidéo devenue virale, l'ancien Monsieur Afrique du Département d'État, Herman Jay Cohen, dévoile des échanges qu'il a avec des intellectuels congolais qui l’interpellent : « Oh ! Vous ne voulez pas que nous gardions notre souveraineté ?
Vous voulez partager la souveraineté du Kivu entre nous et les Rwandais ? ». Réponse de cet Américain qui choque les Congolais : « Mais ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit (...). Si vous parlez aux fonctionnaires du Département d’État, ils vous disent que le Kivu fait partie du Rwanda maintenant. Il faut être réaliste ». Quoi répliquer ? Le Congo reste le Congo. Le Congo est de retour. Aujourd’hui, demain, il saura répondre... Il suffit que les congolais restent unis. Comme ils le sont face à la CAN où les Léopards font des exploits.
LA VILLE DE GOMA EST-ELLE MENACEE PAR KIGALI.
L’administration démocrate américaine dirigée par le Président Joe Biden a-t-elle conseillé les pays de la sous-région (Afrique Centrale et Afrique Australe) à ne pas se battre avec les forces armées coalisées rwandaises ou, mieux, à éviter d’envoyer de troupes au Congo, dans les Kivu ?
Que des nouvelles arrivent de la province endeuillée du Nord-Kivu. Goma, la grande ville de l'Est, serait-elle en passe de passer aux mains des rebelles du M23 et de l'Alliance Fleuve Congo, AFC, de l'ex-président de la Commission Électorale Nationale Indépendante, Corneille Nangaa Yobeluo ?
Si oui, la fameuse Communauté Internationale - les États-Unis d'Amérique en tête - n'y serait pas loin ! Dans une vidéo devenue virale, l'ancien « Monsieur Afrique » du Département d'État américain, Herman Cohen, connu comme expert de la région d'Afrique Centrale et des Grands Lacs, vient de faire des annonces étonnantes sur la Toile.
Il dévoile des échanges qu’il a eus avec des « intellectuels congolais » qui l’interpellent en ces termes : - « Oh ! Vous ne voulez pas que nous gardions notre souveraineté ! Vous voulez partager la souveraineté du Kivu entre nous et les Rwandais! ».
La réponse d’Herman Cohen choque les Congolais : - « Mais ce n’est pas du tout de cela qu’il s’agit. Le Rwanda partage déjà la souveraineté du Kivu. Si vous vous adressez aux fonctionnaires du Département d’État, ils vous disent que le Kivu fait partie du Rwanda maintenant. Il faut être réaliste… ».
Comment évaluer cette présentation sans rappeler la mise en garde que Paul Kagame avait adressée mardi 23 janvier à Kigali à ses voisins, lors du dialogue national annuel. En réaffirmant son engagement pour la sécurité de son pays, le président rwandais s'est adressé directement au Congo et au Burundi. « Le Rwanda est un pays sûr et le restera. Quand il s’agit de défendre ce pays, qui a souffert pendant si longtemps sans personne pour l’aider, je n’ai besoin de la permission de personne pour faire ce qu’il faut pour nous protéger.
Je n’ai pas répondu aux insultes qui viennent du Sud (Burundi, ndlr), de l’Ouest (RDC, ndlr). Celles-ci ne tuent pas. Donc, je ne peux pas (répondre). Ce n’est pas notre genre. Mais ils apprendront avec le temps. Ils apprendront qu’ils ont fait une grosse erreur ».
RWANDA DAY À WASHINGON.
Est-ce pour marquer son rapprochement avec l'Administration Biden que Kagame s’est rendu le week-end dernier à Washington pour participer à un National Breakfast Prayer et à une « Rwanda Day » qui célébrait la culture rwandaise en présence de près de 4.000 ressortissants rwandais vivant aux États-Unis, d'autres venus directement du Rwanda ?
Invité le 20 janvier à la cérémonie d'investiture du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le président burundais Évariste Ndayishimiye, dont le pays vient de signer un accord de défense avec Kinshasa, renforçant davantage leurs liens, n'a pas mâché ses mots à l'endroit de Kigali. Évariste Ndayishimiye a renouvelé ses accusations contre Kigali qui refuse de collaborer pour une solution sur les rebelles burundais RED-Tabara, a qualifié son homologue rwandais d'«hypocrite» et de «menteur». «Si quelqu'un te ment une première fois et une deuxième fois, c'est de sa faute. Mais s'il te ment pour la troisième fois, la faute te revient », a-t-il déclaré le 21 janvier devant des représentants de la jeunesse congolaise Et il a appelé, en direction des Rwandais, à une dynamique plus grande. « Notre lutte doit continuer jusqu'à ce que le peuple rwandais commence aussi à se faire pression.
Je sais que les jeunes rwandais ne peuvent pas accepter d'être des prisonniers dans la région ». Ndayishimiye a fait part d’un projet d’organisation d’un cadre d'échanges pour les jeunes de la région des Grands Lacs. Kigali a pris cette initiative comme un appel des jeunes au renversement du pouvoir rwandais. Il faut rappeler le discours offensif à l'endroit du régime rwandais que lors de la campagne électorale, le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, a tenu faisant prendre conscience aux Congolais, en particulier ceux de l'Est.
Trois verbatims qui ont en effet fait mouche au pays et à l'étranger. Celui prononcé le 9 décembre 2023 à Bukavu, à quelques encablures du Rwanda, lors du meeting de campagne. Le Président congolais a comparé Paul Kagame à Adolf Hitler. « Je vais m'adresser au président rwandais pour lui dire ceci : puisqu'il a voulu se comporter comme Adolf Hitler en ayant des visées expansionnistes (au Congo), je lui promets de finir comme Adolf Hitler». L'autre verbatim est tombé le 18 décembre, au lendemain de l'annonce, le 15 décembre à Nairobi, de la création par les rebelles du M23 de l'Alliance Fleuve Congo. « À la moindre escarmouche, déclare le Président Tshisekedi, martial, je vous assure que la réponse sera immédiate. Je convoquerai les deux Chambres parlementaires. Je déclarerai la guerre au Rwanda. Aujourd'hui, nous n'avons pas besoin d'envoyer des troupes au sol au Rwanda.
De chez nous, nous pouvons atteindre Kigali ». Puis : « Paul Kagame se moque de nous. Il faut quelqu'un pour l'arrêter et je suis ce quelqu'un là ». Message explicite. Les FARDC sont désormais militairement mieux équipées. Elles disposent de la puissance de feu qui leur permettrait de donner la réponse appropriée.
Un autre verbatim placé au cœur de cette campagne qui a été entendu à Kigali. Celui « de père et de mère ». Si, en l’espèce, aucune loi n'existe légitimant ce texte, Félix Tshisekedi s'est servi de ce verbatim. En parlant de « candidats de l'étranger », de «ceux qui ont trahi leur pays» - dès le début de la campagne jusqu'à la fin de celle-ci -, il a fait passer le message contenu dans le «de père et de mère» au point d'abattre Katumbi dont les liens avec Kigali sont souvent mis en exergue et de pousser le très puissant ex-gouverneur du Katanga à s'éloigner de son épouse (de nationalité burundaise, cependant).
Reste que depuis samedi 3 février en fin de journée, le trafic sur la Route Nationale n°2 Goma-Bukavu est coupé à partir du centre du village de Shasha, au Nord-Kivu suite, aux combats intenses qui opposent les rebelles du M23 et de l'AFC aux forces loyalistes des FARDC.
COUVRE-FEU QUI N'EN DIT LE MOT?
Il n’y a plus de trafic entre Goma-Sake-Minova depuis la prise de Shasha, samedi 3 février, par les rebelles qui auraient ensuite érigé une barrière en plein centre de ce village, à 9 kms de la cité de Sake. En conséquence, la cité de Sake et la ville de Goma sont privées de tout approvisionnement en produits vivriers à partir de Minova et Bweremana.
Le M23-AFC avait lancé une attaque sur cette région à partir de Ngingwe et de MureMure, deux collines stratégiques que la coalition pro-rwandaise a occupées. Avec la prise de Shasha, on assiste à une psychose au sein de la population de Minova, dans le territoire de Kalehe, au Sud-Kivu.
On observe un afflux à Minova des déplacés des villages Nguba, Kirotshe, Kiluku, Shasha, Kituva, Bweremana, Kihindo qui fuient les combats. La cité de Goma, qui serait l'objectif rêvé des rebelles coalisés, n'est pas en reste. Mercredi 31 janvier, le Conseil Provincial élargi de sécurité de la province avait décidé que tous les nouveaux venus dans la ville de Goma devraient désormais être identifiés et leur liste remise au Conseil chaque matin à 10:30'.
Le Gouverneur du Nord-Kivu, le général Peter Cirimwami a communiqué cette décision à la presse, le même mercredi, à l’issue de la sa réunion avec les membres du Conseil Provincial de Sécurité élargi aux cadres de base de la ville de Goma. La rencontre avait pour objectif de faire un état des lieux de la situation sécuritaire, mais aussi de faire l’évaluation des recommandations qui avaient été formulées lors de la dernière rencontre de ce conseil à Mugunga.
« Nous avons pris une mesure : nous devons identifier les nouveaux venus dans la ville. Chaque matin à 10:30', nous devons avoir la liste des gens qui sont arrivés dans la ville et ceux qui sont sortis de la ville pour qu’on soit sûr avec qui nous vivons », a déclaré le gouverneur militaire. Sur la mesure d’interdiction de la circulation de motos après 18:00', le Conseil de sécurité a décidé de prolonger cette décision en vue de mieux évaluer son impact.
Au départ, cette mesure devrait durer une semaine, mais le conseil a décidé d’aller jusqu’à 30 jours. Ces mesures sont-elles un couvre-feu qui n'en dit pas le mot ? Reste que le Congo reste le Congo. Le Congo est de retour. Aujourd’hui, demain, il saura répondre. Il en aura les moyens. Malgré toutes ces menaces du régime rwandais appuyés par les chancelleries occidentales…
T. MATOTU.