Le patron de l’IGF Jules Alingeti continue d’alimenter en col blanc la prison de Makala
  • mer, 10/02/2021 - 13:54

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1517|MERCREDI 10 FEVRIER 2021.

Combien sont-ils désormais? Mieux, combien déjà «mapés» à ce jour? A la prison centrale de Makala, les criminels en col blanc risquent très vite de manquer où passer la nuit... Après le lot déversé par le parquet de Matete dans le cadre de l’enquête du Programme des 100 Jours du Président de la République, le parquet de la Gombe a repris la main, aidé par des inspecteurs judiciaires ou, mieux, par la Brigade de l’Inspection Générale des Finances.

Ainsi, le Directeur Général de la RVA, la Régie des Voies Aériennes Abdallah Bilenge a été traîné devant la justice accusé de détournement d’une dizaine de millions de US$, argent qui devrait être versé notamment à quelques services socioprofessionnels telle la CNSS, la Caisse nationale de sécurité sociale. Son arrestation est intervenue au moment où des accusations de malversations financières se multipliaient au sein de cet établissement public notamment dans le cadre d’une taxe appelée GoPass.

Au ministère de l’EPST, Enseignement primaire, secondaire et technique, de hauts fonctionnaires ont été «mapés» dans le cadre d’une enquête portant sur la gestion des fonds publics alloués au secteur. C’est encore l’IGF qui est à la manœuvre : en cause CDF 62 milliards (31 millions de US$).
L’un des derniers cols blancs à tomber dans les filets du service de Jules Alingeti Key est le Directeur Général de l’Institut National de la Statistique, Roger Shulungu Runika, interpellé le 3 février 2021 par le Parquet général près la Cour d’appel de la Gombe, accusé de détournement de six millions de US$ et des véhicules appartenant à cet établissement public.

Roger Shulungu Runika n’est pas n’importe qui. Ancien proche et ParSec de l’ancien Vice-premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon du temps du ministère des Finances, Runika est nommé peu après le 28 avril 2012 vice-ministre aux Finances quand Matata Ponyo passe le boulevard et va à l’Hôtel du Conseil. Runika est alors promu «adjoint» direct de Patrice Kitebi Kibol Mvul alors ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances.

C’est pendant ces années quand l’équipe ministérielle compte le professeur Daniel Mukoko Samba au Budget que des dossiers économiques sensibles sont validés et signés dans le cadre des réunions thématiques présidées directement par le Premier ministre lui-même. En un court laps de temps, l’équipe ministérielle perd plusieurs ministres dont deux Vice-premiers ministres, en tête Daniel Mukoko Samba et celui de la Défense Nationale et Anciens Combattants Alexandre Luba Ntambo.

Des divergences profondes auraient alors opposé ces deux membres du Gouvernement au Chef du Gouvernement qui obtient vite leur départ du Gouvernement.
C’est à cette époque qu’est présenté le dossier désormais viral du Parc agro-industriel de Bukanga Lonzo.

LE DOCUMENT A TRES VITE FAIT PSCHITT.
L’IGF s’est intéressé à ce dossier. Un rapport a été déposé auprès de la justice, selon les déclarations de l’Inspecteur Général des Finances, Jules Alingeti Key.
Sur ce dossier de Bukanga Lonzo, l’Inspecteur Général des Finances, Chef de Service donne sept noms dont l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo.

Le Soft International a publié, sans être contredit, d’autres noms, en tête, l’alors ministre délégué auprès du Premier Ministre Patrice Kitebi Kibol Mvul mais aussi deux Sudafs Christo Grobler et Peter Venter, d’anciens ministres Louise Munga Mesozi, Rémy Musungayi Bampale, Robert Mbwinga Bila, Henri Yav Mulang, Modeste Bahati Lukwebo, Wivine Mumba Matipa, Isidore Kabwe Muewu, Néhémie Mwilanya Wilonja, Mbienga Kayengi, Lumbu Kiala, etc.

Trois ministres à l’époque de l’affaire, ont démenti une participation quelconque à cette «mafia» : Rémy Musungayi Bampale, Robert Mbwinga Bila, Isidore Kabwe Muewu - ce dernier est actuellement Président du Conseil d’administration du très fameux FPI, Fonds de promotion de l’Industrie, cité par une chaîne YouTube comme étant un proche de l’ancien premier ministre. Tout comme Runika qui aurait eu son poste à l’INS grâce à l’ex-Premier ministre...

C’est curieusement non devant les tribunaux que sur des chaînes de YouTube que ce débat semble avoir migré.
Tout a commencé par une curieuse enquête d’un groupe de trois «journalistes» qui se seraient mis sur les routes de Bukanga Lonzo et auraient conclu à l’absence de culpabilité de l’ancien Premier ministre. Le document aurait très vite fait pschitt, dégonflé. Aucun média sérieux au Congo ou à l’étranger ne l’a repris...

Cela n’a pas empêché l’ancien Premier ministre de s’en servir comme référence dans ses apparitions médiatiques allant jusqu’à déclarer devant ces faux tribunaux médiatiques stipendiés que c’est lui et lui seul qui aurait commandé cet audit à l’Inspection Générale des Finances et qu’il lui revient d’en recevoir un rapport complet.
Mais à quel titre aurait-il commandé cet audit auprès de l’IGF et quel prix, il aurait payé et pourquoi?

Si au départ, l’IGF aurait minimisé ces saillies, le service qui relève directement du Président de la République aurait fini par prendre l’affaire au sérieux dès lors que des médias attestent avoir reçu des offres d’achat d’espace.
Jules Alingeti Key paraît désormais avoir eu recours aux mêmes moyens en tentant de donner la réplique. Son communiquant est monté en première ligne pour «témoigner» en invitant les concernés au calme jusqu’à ce que la justice ouvre le dossier qui serait déjà fin prêt.

Il reste que s’il faut rêver d’un Etat de droit, respectueux des sacro-saints principes consacrés, il arrive que l’on désespère. Dans nos cours et tribunaux, par exemple, seul vaut le carton de billets verts que l’on porte au juge pour se le payer... Un ministre au parler vrai - faut-il en rire ou en pleurer ? - n’avait-il pas qualifié le magistrat congolais de «3V» : V comme Villa, V comme Véhicule et V comme Veste que tous les magistrats cherchent à avoir aussitôt nommés. Pareil pour le secteur de la presse.

«Il suffit d’un 300 US$ pour se payer quel titre on veut à la une d’un journal». Mêmement pour les ONG transformées en entreprises de commerce.
«Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir», avait prédit ce poète français de grande renommée pour ses fables et ses contes, Jean de La Fontaine.

Dans ce Congo aujourd’hui certainement plus que jamais dans le passé, juges, médias, ONG n’existent que parce qu’ils coopèrent parfaitement avec la maffia. L’Inspection Générale des Finances doit mener tenir bon et surtout être sponsorisée sinon jamais elle ne réussira là où, face à la pieuvre financière qui sait usé de tous les moyens jusqu’à vous investir et à vous séduire, tous ont échoué. Une chance pour le Congo : le fils du Sphinx est comme le Sphinx : devant la faute, sans état d’âme... Message à ceux qui apportent des milliards à Kabeya Kamwanga
D. DADEI.


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