Les menaces directes de l’administration américaine
  • ven, 15/03/2019 - 06:47

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
En tournée depuis début mars sur le Continent et cette fois en Afrique centrale et de l’Est, le secrétaire d’État adjoint américain pour les Affaires africaines Tibor Peter Nagy Jr, a multiplié dès son escale à Paris des déclarations dans des médias français captés sur le Continent, Radio France Internationale et France 24, insistant sur ce que les Etats-Unis d’Amérique retiennent le plus du processus électoral congolais bien qu’émaillé d’irrégularités. «Ce que je retiens, c’est que Kabila n’est plus au pouvoir», a-t-il déclaré mercredi 6 mars 2019, dans une interview sur Rfi. D’où la posture du candidat à la Présidentielle Martin Fayulu Madidi qui continue de contester son échec le 30 décembre et soutient dans une interview le 10 mars à la LibreAfrique que «Monsieur Tshisekedi n’a aucune légitimité, aucun contrôle du pays parce que c’est Kabila qui contrôle tout. Le système Kabila demeure, Monsieur Tshisekedi n’est qu’un masque».
Le même mercredi 6 mars, dans une interview à la chaîne de télévision France 24 (version anglaise), Tibor Nagy a prévenu que les sanctions annoncées par les Etats-Unis à l’encontre de personnalités congolaises accusées de corruption, de fraudes, de violences lors du processus électoral, «ne sont pas les dernières».
D’où de prochaines salves de sanctions qui cette fois-ci, l’a fait entendre à demi-mot, Tibor Nagy sur le plateau de France 24 lorsque la question lui a été posée - pourrait directement toucher M. Kabila et sa famille.
«L’hypothèse fait son chemin. C’est, de toute façon, dans la logique des choses», rapportent plusieurs sources au sein de l’administration Trump. Selon qui, d’une part, «les proches de M. Kabila ont déjà été sanctionnés. Il est donc normal que ces sanctions finissent par le viser, lui et sa famille proche, directement». D’autre part, «il est clair pour les Etats-Unis que le responsable n°1 de la fraude lors des élections du 30 décembre n’est autre que M. Kabila. Il en est le commanditaire et le principal bénéficiaire».
Ces sanctions seraient aussi, pour Washington, un moyen de mettre la pression sur le président Tshisekedi. Si celui-ci veut pouvoir compter sur le soutien des Etats-Unis, il devra s’émanciper de la tutelle encombrante de l’ex-président.
Extraits de Rfi.

Votre tournée va notamment vous mener en RDC. Votre pays avait été ouvertement critique, après l’annonce des résultats provisoires de la présidentielle. Aujourd’hui, vous vous dites tout à fait prêt à travailler avec le nouveau président Félix Tshisekedi. Cela signifie qu’il faut tourner la page des élections?
Depuis les élections, nous avons annoncé des sanctions contre des personnes, soit pour avoir fait obstacle au processus démocratique, soit pour corruption, soit pour avoir incité à la violence. Evidemment, d’énormes problèmes ont marqué ces élections. En même temps, ce qui m’intéresse, au Congo et ailleurs en Afrique, c’est le processus à plus long terme. Ce que je retiens, c’est que Kabila n’est plus au pouvoir. Il s’est peut-être agi du scrutin le plus démocratique qu’ait jamais connu au Congo. Un nouveau président, issu des rangs de l’opposition, a désormais l’occasion de faire avancer les choses. Au final, c’est le principal résultat de cette élection.

Pensez-vous que dans le contexte actuel, Félix Tshisekedi a la marge de manœuvre suffisante pour mener les réformes promises?
Nous lui souhaitons la meilleure des chances. Il doit créer son propre espace politique. La situation politique est encore mouvante. Le parti de Kabila est une coalition de partis politiques. On peut s’attendre à ce que ces partis cherchent à nouer de nouvelles alliances pour obtenir des portefeuilles au Conseil des ministres. C’est pourquoi, la politique est aussi mouvementée en ce moment.

On a vu, par exemple, que depuis son investiture il a promis à trois reprises de faire libérer les prisonniers politiques, mais ce n’est pas encore effectif. Est-ce le signe qu’il est dans une situation inconfortable, selon vous?
Il faut retenir qu’il est arrivé au pouvoir il y a très peu de temps. Il faut prendre un peu de recul et examiner le processus dans son ensemble, ne pas attacher trop d’importance à un événement en particulier. Il faut garder à l’esprit le processus. Prenons le cas de l’Angola. Lorsque le nouveau président est arrivé au pouvoir, tout le monde a dit qu’il serait asservi à l’ancien chef de l’Etat. Force est de constater qu’il a fait faire à son pays beaucoup de progrès. Je suis porté à croire que la même chose se produira au Congo.

Vous avez l’intention également de rencontrer Martin Fayulu, qui continue d’affirmer que la victoire lui a été volée à la présidentielle. Quel rôle peut-il jouer, selon vous, aujourd’hui?
Ce n’est pas à moi de lui dire quoi faire. L’essentiel, à mon avis, est de jouer un rôle positif, et pas un rôle négatif ou destructif, ce qui ferait reculer le Congo. Son histoire est déjà bien assez triste.
ALUNGA MBUWA.


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