- mer, 19/10/2022 - 00:40
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1563|MARDI 18 OCTOBRE 2022.
Est-ce la fin des histoires? Les alliances, au sein de la classe politique congolaise, sont-elles en train de couler ?
Soupçonné d'avancer à pas feutrés mais d'avancer vers le pouvoir en place, l'ancien premier ministre Adolphe Muzitu Fumutshi a choisi le passage de flambeau à la coalition Lamuka pour déglinguer « le président élu » Martin Fayulu Madidi qui aurait opté, lui, pour le camp de l'ancien président Joseph Kabila.
« Je n’étais pas dans la lutte pour soutenir un individu. Martin Fayulu avait oublié que je suis un ancien Premier minier ministre et que je le respectais comme président élu », déclaré Adolphe Muzitu Fumutshi lors d'une tournée récemment dans le Grand Bandundu, dans la province du Kwango.
« Martin Fayulu a commencé à faire le Wenge à sa manière en me négligeant moi son frère», attaque le président du parti le Nouvel Élan.
« Martin Fayulu a conçu le Bloc patriotique sans que je ne sois informé. Moi, je n’ai pas rejeté l'idée. Mais comme les prêtres nous avaient réunis, je voulais qu'on travaille à renforcer la lutte pour la vérité des urnes, par des marches, afin qu’on obtienne des réformes et que la CÉNI devienne neutre ».
SONT-CE DES BISBILLES À D ÉMINER UN JOUR ?
Puis, la présence des hommes du président honoraire au sein du Bloc patriotique. « Le bloc patriotique, c’est comme si on a déraillé Lamuka. Pour moi, pas question de Bloc patriotique avec Kabila (…) Parce que l’ennemi de la vérité des urnes, c’est Kabila. J'ai donc refusé. D'où, nos difficultés. Mais, puisque je tenais à Lamuka, nous avons quand même continué », ajoute Muzitu qui s'exprimait en lingala.
Viennent les déclarations des membres du parti Engagement pour la Citoyenneté et le Développement, ECIDé, de Fayulu qui, en juillet dernier, a réuni son congrès à Kisangani, en province de la Tshopo.
« Au mois de juillet, au congrès de son parti, Martin Fayulu a été désigné candidat président de la République par son parti. S'il ne m'en avait pas informé au préalable, j'ai trouvé cela normal car il peut être désigné candidat par son parti et moi, par le mien. Quitte à s'attendre plus tard pour une candidature commune».
Problème ? «Pour les partisans de Fayulu, tous ceux qui veulent être avec eux doivent accepter de soutenir la candidature de Fayulu. C'est louche. Ensuite, celui qui veut être en alliance avec nous, doit s’inscrire dans la logique de notre vision».
Pour Muzitu c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Sont-ce des bisbilles à déminer un jour ?
Impossible n’est pas politique d'autant qu'à ce jour, «le président élu » n'a pas encore parlé. Sauf que le presidium Lamuka ne s'est plus réuni depuis des lustres et Fayulu prolonge son séjour à l'étranger au point de déléguer le secrétaire général de son parti de le représenter le 11 octobre 2022 à la cérémonie de passage de flambeau.
Ce que Muzitu a également fait. Muzito y était présent par Me Blanchard Mongomba, secrétaire général de son parti et Fayulu par Devos Kitoko, le secrétaire général de son parti.
Après de nombreux départs (Antipas Mbusa Nyamwisi, Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir, Jean-Philibert Mabaya Gizi Amine, Jean-Pierre Bemba Gombo, Moïse Katumbi Chapwe) et, après que le navire eût chaviré, les deux mousquetaires restés seuls à bord, qui semblaient s'entendre comme larrons en foire, ont-ils convenu désormais de ne plus se regarder les yeux dans les yeux, l'un et l'autre ayant déjà les yeux ailleurs ?
Cette guerre n'a pas lieu qu'à Lamuka. À l'Union Sacrée, ça tire à balles réelles. Du moins sur les réseaux sociaux.
Si cette guerre était attendue depuis longtemps, c'est la déclaration d'Olivier Kamitatu Etsu qui a mis le feu aux poudres.
Dans une vidéo postée le 1er octobre, l'ancien président de l'Assemblée nationale de transition (de 2003 à 2007), ministre du Plan et de la Révolution de la modernité du gouvernement Matata II (du 8 décembre 2014 au 25 septembre 2015) aujourd'hui directeur de cabinet et porte-parole de Moïse Katumbi Chapwe n'avait pas donné «une minute de plus» au président Tshisekedi qui devra, selon lui, organiser les élections dont la plus attendue, la présidentielle, «dans le délai», expliquant que «la population ne transigera plus avec leur maintien au pouvoir au-delà de la fin du mandat telle que prévue dans la Constitution».
« Il est donc impérieux que les élections se tiennent dans le délai. Il est hors de question de prolonger indûment le mandat qui serait expiré. Soyons clairs. Pas une minute de plus ne doit être accordée au-delà de la limite fixée par notre Constitution à ceux qui sont censés nous représenter ».
PORTE DE SORTIE AUX KATUMBISTES.
Le 12 octobre, réaction proportionnée des députés de l’espace Grand Katanga membres de l'Union sacrée dont plusieurs étaient proches de l'ancien gouverneur du Katanga : « Nous, députés nationaux de l’Union sacrée de l’espace Grand Katanga, adhérons au processus électoral en cours et prenons l’engagement de soutenir la candidature de Felix Tshisekedi pour sa réélection à la magistrature suprême en 2023 ».
Une déclaration intervenue après celle de nombre de cadres de la mouvance de Moise Katumbi, des ministres et des députés nationaux d'autres circonscriptions. Tous ont déclaré se désolidariser des déclarations d’Olivier Kamitatu en réaffirmant leur soutien au président de la République. Des prises de positions arrivées au lendemain de la sortie médiatique du chef du parti présidentiel.
Le 5 octobre 2022, le Secrétaire général de l'UDPS, Augustin Kabuya Tshilumba, avait, dans un média kinois, montré la porte de sortie aux Katumbistes.
Les Katumbistes « ont un comportement irresponsable. Au cours d'une réunion, j’avais demandé à leur secrétaire général de ne pas se présenter comme membre de l’Union sacrée car il ne prend part à aucune réunion de l’Union sacrée et le discours qu'il développe n’est pas un discours de quelqu’un qui est dans les institutions. Il faut quitter même l’Union sacrée ».
Puis, de poursuivre, parlant de la vidéo d'Olivier Kamitatu : « Mais c’est très malhonnête. Ce qu’il a dit là n’est pas ce qu’ils disent en coulisse. Lors de notre dernière rencontre avec leur secrétaire général, il plaidait pour qu’on puisse revoir le bureau de la CÉNI et qu’ils ne sont pas disponibles à aller aux élections avec ce bureau. Nous, nous avons dit qu’il faut aller aux élections. Ça, c’est une façon de se moquer de la population.
On se moque de qui ? Je pense qu’après cette réunion, ils doivent avoir fait le rapport à leur chef. C’est comme ça que Kamitatu a amadoué la population. Est-ce qu’ils sont disponibles ? Quels sont les actes qu’ils posent sur le terrain pour voir qu’ils veulent aller aux élections ? C’est du n’importe quoi !», a déclaré Kabuya.
Puis : « Nous, nous préparons pour aller aux élections. Vous me voyez comme secrétaire général en train de mobiliser nos troupes pour aller aux élections. Mais eux, qu’est-ce qu’ils posent comme acte pour rassurer la population qu’ils sont disponibles pour aller aux élections? ».
Les gens sont malhonnêtes, eux pensent que nous avons peur des élections ? Nous sommes prêts pour aller aux élections. Ils connaissent la voie qu’ils avaient prise à Genève », a encore enfoncé Augustin Kabuya Tshilumba.
Faut-il inscrire dans cette logique la menace de destitution qui pèse sur l'un des ministres Katumbistes, le ministre des Transports, Voies de Communication et Désenclavement, Chérubin Okende Senga? Après la récolte de 63 signatures, il ne resterait au bureau de l'Assemblée nationale qu'à fixer la date du débat de la motion de défiance déposée le 12 octobre par le député Anicet Babanga.
ALUNGA MBUWA.