- jeu, 16/07/2015 - 00:29
S’agit-il d’éviter de mettre la future compagnie nationale en position de faiblesse face à la compagnie éthiopienne pétrie d’expériences des vols intercontinentaux?
Les vols d’Ethiopian Airlines à destination de la ville de Goma ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. «L’autorité de l’aviation en RDC nous a demandé de suspendre nos vols sur Goma», a déclaré Negus Meresa, représentant d’Ethiopian Airlines à Goma cité par l’Afp. «Nous sommes très déçus par cette décision», a-t-il poursuivi.
UNE TRAGEDIE...
«C’est une suspension temporaire, en raison des travaux [en cours sur la piste] de l’aéroport. Elle peut prendre un à deux mois», a-t-on indiqué à la cellule de communication du ministère des Transports et Voies de communication. La compagnie nationale éthiopienne a inauguré vendredi 10 juillet avec un Dash-8-400 sa desserte tri-hebdomadaire de Goma au départ d’Addis-Abeba, devenant la première compagnie aérienne commerciale à assurer depuis longtemps une liaison internationale régulière vers cette ville qui aspire à une vie normale après des années de guerre.
Mais le passager doit faire un transit à Addis-Abeba, plate-forme de la compagnie et y passer la nuit avant de rejoindre Goma. Ce qui n’est pas nouveau. Pour se rendre à Goma plutôt que de voyager par CAA, Compagnie Africaine d’aviation, compagnie congolaise qui figure sur la liste noire de l’Union européenne, nombre de passagers transitaient par Nairobi (Kenya Airways) ou par Kigali (Rwandair). Ce qui est tout de même une tragédie...
La piste de l’aéroport de Goma a été récemment rénovée par l’Allemagne et le gouvernement congolais. Selon une source familière du transport aérien citée par l’Afp, elle n’est cependant «officiellement pas encore terminée» car il manque une couche de revêtement à mettre sur sa partie droite pour arriver exactement au niveau de la partie gauche. De même source, on dit néanmoins avoir du mal à comprendre la décision des autorités sachant que la compagnie CAA y pose plusieurs fois par semaine un Airbus A320, bien plus gros que le Dash d’Ethiopian Airlines.
Le Nord-Kivu est déchiré par les conflits armés depuis plus de vingt ans mais la région de Goma est plutôt calme depuis vingt mois. L’ouverture de la ligne Addis Abeba-Goma devait simplifier la vie des habitants de l’est du Congo pouvant se permettre de voyager à l’étranger, et qui étaient obligés jusque-là d’aller prendre un avion au Rwanda ou en Ouganda, pays voisins.
Elle leur offrait la possibilité de nombreuses combinaisons en Afrique et dans le monde à partir d’Addis Abeba, plate-forme d’interconnexion d’Ethiopian Airlines, qui dessert aussi de là Kinshasa, plusieurs fois par semaine.
Le gouvernement ambitionne de lancer dans le courant du mois d’août une nouvelle compagnie aérienne nationale, Congo Airways, qui devrait desservir dans un premier temps, avec deux A320 et un appareil Bombardier plus petit, huit villes du pays, dont Goma et Kinshasa. S’agit-il de ne pas mettre la future compagnie nationale en position de faiblesse face à la compagnie éthiopienne pétrie d’expériences des vols intercontinentaux?
Dans le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, les avis sont partagés. Généralement, la population s’insurge contre cette décision de suspension des vols internationaux d’Ethiopian Airlines.
Dans une déclaration faite mardi 14 juillet sur Radio Okapi, les opérateurs économiques et les acteurs politiques estiment que la décision de la RVA, Régie des voies aériennes prive la population d’emplois qui auraient dû se créer à l’aéroport de Goma. Le trésor public manque aussi l’occasion de générer quelques recettes. Les acteurs opérateurs et économiques de Goma ont demandé, à l’unanimité, à la RVA de revoir sa décision.
«Je ne crois pas que la sécurisation des avions d’Ethippian Airlines soit la vraie raison, parce que CAA [compagnie aérienne d’aviation] atterri. Service Air atterri aussi. Pourquoi on doit seulement sécuriser Ethiopian Airlines? Je suis sûr que le gouvernement est tellement responsable qu’il ne peut pas commettre une telle erreur», a déclaré David Katumbi, un homme d’affaires de la région. «Nous pensons que les raisons sont ailleurs. Cela oblige les voyageurs à payer encore les frais de transport Gisenyi-Kigali et tout ce qui a comme dépenses sur la route. Ça va freiner l’élan de l’emploi qu’un certain nombre de Congolais allaient avoir à l’aéroport de Goma. Ça va aussi bloquer le trésor public qui allait bénéficier d’un certain nombre de frais», affirme Me Jean-Paul Lumbulumbu, un originaire du Nord-Kivu.
LE SOFT-AGENCES.