La BCC au cœur d’une envolée des prix
  • mar, 11/08/2020 - 16:31

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1494|LUNDI 10 AOUT 2020.

Déjà au cœur de moult scandales étouffés - le procès Kamerhe dit des 100 Jours du Président de la République où le gouverneur de la Banque Centrale du Congo Déogratias Mutombo Mwana Nyembo a, publiquement, face à des caméras des chaînes de télévision, avoir autorisé un paiement en espèces sonnantes et trébuchantes de plus de 50 millions de US$ à un sujet libanais peu recommandable, puisés dans la réserve stratégique nationale, aussitôt affectés à des opérations de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme sans que la Banque Centrale n’ait pu ouvrir l’œil, n’exerçant aucun contrôle sur les banques commerciales ou étant de connivence avec elles en est un - voici l’institut d’émission mis en accusation, politiques suivies et chiffres à l’appui fournis par elle-même et par le FMI, dans l’accélération de l’inflation et de la décote d’une monnaie nationale mise au rabais, dans la récession qui plombe le pays, etc. Conspiration? Scandale?

Cela saute à l’œil même d’un borgne. La situation économique du pays va mal voire très mal et, à court terme, si des mesures fortes ne sont pas prises et appliquées, le pire est proche, le dollar flambe, passant sur certains marchés à CDF 2030 avant, en une nuit, de miraculeusement s’annoncer à CDF 1500, puis de repartir à la hausse comme si rie ne s’était passé, entraînant dans ce yo-yo plus jamais vécu depuis les années Mobutu, des mouvements désespérés sur les marchés des biens et services. Le mal qui répand la terreur - mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre, Covid-19 (puisqu’il faut l’appeler par son nom) - est loin d’être le seul en cause.

Si tous étaient frappés, en effet, comme ces Animaux malades de la Peste de la fable de Jean de La Fontaine (1621 - 1695), ils ne mouraient pas tous...
Il y a ceux en effet qui en étaient préparés, mieux préparés, et s’en tirent plutôt bien, dont dans la région, le Rwanda, l’Ouganda, etc.
Il y a d’autres... parmi lesquels le Congo, notre pays, jamais absent des blacklists du monde.

Que faire?
Sur la maladie mortelle proprement dite, curieusement, l’INRB et le Fauci congolais - né Stephen Anthony Fauci - Monsieur Ebola et, désormais également Monsieur Covid, le virologue Jean-Jacques Muyembe Tamfun, annonçaient mercredi 5 août, plus du tout de décès au Congo depuis deux semaines sans toutefois jamais dire quelles seraient les raisons de ce brusque renversement de tendances, sans jamais communiquer avec pertinence et persuasion et sans entraîner un mouvement d’adhésion populaire susceptible de reconstruire énergies et cerveaux. Le Congo sur les chemins du Liban dévasté allant de mal en pis après ces deux explosions qui ont donné l’image de Hiroshima et de Nagasaki?

DE CONNIVENCE AVEC LA BANQUE CENTRALE?
Scandale... Quand un gouverneur de Banque Centrale a, dans le monde, mission de protéger et de sauvegarder la monnaie nationale, à la stupeur générale, celui du Congo Déogratias Mutombo Mwana Nyembo offre de payer en $US salaires et frais de fonctionnement des membres du Gouvernement Syvestre Ilunga Ilunkamba voulant participer à l’épuisement de la Réserve stratégique du pays, comme il l’a fait dans le dossier des 100 Jours en payant rubis sur l’ongle, en espèces sonnantes et trébuchantes, au moins 58 millions de US$, dans l’incrédulité totale et dans l’impunité absolue à ce jour, au moins, un troublant sujet libanais Samih Jammal, des millions de US$ aussitôt affectés à des opérations de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme sans qu’aucun service de la Banque Centrale n’ait pu ouvrir l’œil n’exerçant aucun contrôle sur les banques commerciales ou étant de connivence avec elles, appuyant mieux encore sur le champignon de l’accélérateur de l’inflation et de la décote de la monnaie nationale, faisant plomber le pays par la récession. Ne sont-ce pas des faits de crime économique qui se paient cash sous d’autres cieux?

Si, sur le front Covid-19, l’accalmie est annoncée, restent les désastreux dégâts collatéraux.
Là, sans attendre, il faut ouvrir l’œil et le bon, commencer par faire le diagnostic de cette situation économique et financière à n’en point douter tragique à court terme pour le pays.
Outre cette pandémie chinoise, quelles sont les autres causes qui expliquent la situation économique que vit le Congo? Surtout, quelles politiques fortes de rectification engranger et les perspectives à court terme de la détérioration actuelle du cadre macro-économique?

Partant des données officielles pas toujours connues et en travaillant avec des scientifiques et des experts éprouvés du secteur, grâce à différents rapports de la Banque Centrale du Congo et des perspectives régionales du FMI, le Fonds Monétaire International, il est possible de tenter une ébauche de lecture.

VISIBILITE
ECONOMIQUE BROUILLEE.

Le diagnostic relève, d’une part, la phase cyclique caractérisant actuellement l’économie de notre pays et les causes à la base de la surchauffe observée sur les marchés de changes et des biens et services.
Les conséquences de la propagation de la crise de Covid-19 intervenue dans le monde dès février 2020 sont certes dévastatrices au plan économique avec la survenue de la récession due au recul de la production sur deux trimestres consécutifs voire plus.

Une situation qui s’accompagne du repli de l’emploi, du coup, de l’envolée du chômage.
A la base de cette récession, on trouve l’effondrement de la demande internationale des biens et services provoqué par les contrecoups des mesures de confinement prises pour lutter contre la pandémie. Le Congo n’est pas en reste.
En effet, les projections établies sur la base des volumes de production réalisés au premier trimestre 2020 situent la variation de la production d’ici à fin décembre, à -2,2%. Signe que l’économie congolaise se trouve dans la phase de récession, inconnue dans le pays depuis fin 2001, en clair, depuis l’assassinat en janvier 2001 du président Laurent-Désiré Kabila.

Normalement, la récession classique observée dans les économies avancées se caractérise par le recul de la production intérieure, la baisse de l’emploi et du niveau général des prix. Comment s’en sortir? Il est fait recours aux politiques de relance à travers la stimulation de la demande : il s’agit des politiques budgétaire et monétaire expansives combinées à des politiques structurelles visant la stimulation de l’offre.

Dans le cas des économies en développement, comme celle du Congo, il s’observe certes une baisse de la production intérieure. Cependant, celle-ci s’accompagne d’une inflation forte et d’une dépréciation rapide de la monnaie nationale, le Franc congolais. Ce qui brouille la visibilité de l’économie et freine la propension à investir. Voilà qui plombe des possibilités de reprise de la croissance et de l’offre de l’emploi. Dans ce cas, il ne faut pas faire de la décalcomanie, reproduire le type de politiques appliquées dans les économies avancées.

Pour résoudre un tel malaise dans les économies en développement, il faut des politiques budgétaires et monétaires prudentes luttant prioritairement contre l’inflation et la dépréciation monétaire. En effet, l’impératif est la stabilisation des prix intérieurs et du taux de change d’où viendra se greffer la reprise de la croissance et de l’emploi.
Sans préjudice de la baisse de l’offre des devises consécutive au repli des cours des matières premières, la cause de la dépréciation monétaire et de la hausse du niveau général des prix au Congo procède aussi des facteurs alimentant la demande des devises que sont : Primo, le financement monétaire des déficits du secteur (l’État, du moins jusqu’à fin avril 2020 et la Banque Centrale du Congo, lequel se perpétue à ce jour). Secundo, la composition très déséquilibrée de la dépense publique. Tercio, la pratique au niveau de la politique monétaire des taux d’intérêt réels négatifs qui sont loin de lutter contre l’instabilité des prix et de celle du taux de change.

Les taux d’intérêt réels négatifs entretiennent plutôt l’inflation et la dépréciation monétaire. Et pour cause, durant toute la période de 1989 à 2001, où l’économie congolaise est entrée dans les abysses de l’hyperinflation et de la récession, les taux d’intérêts ont été largement réels négatifs. Cette politique monétaire expansive n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu allumé par une politique budgétaire débridée. Quarto, la capacité limitée de la politique de change à compenser l’augmentation du Crédit Net à l’État résultant de l’utilisation d’une partie de l’appui budgétaire. Quinto, les faiblesses de la supervision bancaire attestées par la progression des crédits litigieux nécessitant la constitution des provisions ad hoc par les banques. Sexto, les limitations de la politique en matière de suivi et de respect des délais de rapatriement et d’utilisation des devises.
Qu’est-il de la nature des causes de la détérioration récente et actuelle de la conjoncture intérieure ? Cette détérioration tient à des chocs délétères, externes et internes.

Les chocs externes procèdent des à-coups de l’environnement international marqué par l’accélération de la baisse de la demande et de l’offre subséquente aux mesures de confinement, à la vague des mesures protectionnistes et isolationnistes (fermeture des frontières, suspension des vols internationaux, contingentement des mouvements des biens et des personnes, etc.). De la réduction de la demande internationale résulte la baisse des principaux cours de matières premières et celle de l’offre des devises considérée comme la principale cause de la dépréciation monétaire.
Les chocs internes, outre ceux relevés ci-haut, résultent de la prise des mesures de confinement entraînant notamment la fermeture de nombre d’entreprises et, du coup, l’arrêt de la production et la perturbation de l’activité intérieure. A cela s’ajoutent la suspension des vols internationaux et la fermeture des frontières par certains pays voisins. Ces situations ont davantage ralenti l’activité du commerce extérieur. Les pressions sur les marchés tant des changes que des biens et services ont été particulièrement alimentées par plusieurs faits énoncés d’entrée de jeu dont principalement cinq. Il y a d’abord et sans aucun doute le financement, par la Banque Centrale du Congo, pendant les quatre premiers mois de l’année en cours, des déficits de l’État.

Il y a ensuite le défaut de flexibilité et la faible capacité d’adaptation et de réaction de la politique monétaire. Ceci est attesté par le maintien des taux d’intérêts réels négatifs en pleine période de surchauffe entretenant de la sorte cette dernière. En outre, en lieu et place d’élargissement des fourchettes d’appel des bons BCC pour ponctionner plus de liquidité, on a plutôt observé un rétrécissement des fourchettes donnant lieu à des injections de la liquidité, l’huile ajoutée sur le feu.

Le troisième fait est le déficit de trésorerie de la Banque Centrale, déficit quasi fiscal couvert par la planche à billets et ayant les mêmes conséquences que celles de l’État. Le quatrième fait est clairement l’absence, disons, la faiblesse de la supervision bancaire au regard de l’expansion des crédits litigieux, lesquels peuvent être à la base de l’augmentation indue de la masse monétaire.
Le cinquième fait enfin procède de l’acquisition, dans une situation de surchauffe, des devises par certaines entreprises à partir des excédents de trésorerie nés de la suspension du paiement de la TVA ( la Taxe sur la valeur ajoutée), de mars à juillet 2020. Ce cocktail devient explosif s’il est couplé, comme c’est le cas en l’espèce, avec la faiblesse avérée de l’offre des devises.

QUID DE LA POLITIQUE BUDGETAIRE DE L’ETAT?
Au 4 août 2020, les recettes et dépenses de l’État ressortant du Budget Général, depuis le début de l’année, ont totalisé CDF 3.620,8 milliards pour les premières et CDF 4.331,5 milliards pour les secondes. Il se dégage un déficit de CDF 710,7 milliards couvert comme suit, selon des chiffres officiels portés à la connaissance du Soft International : CDF 560,8 milliards par le financement monétaire de la Banque Centrale jusqu’à fin avril, au cœur de l’instabilité des prix et du taux de change observée au cours de cette période, CDF 65,5 milliards par les Bons du Trésor et CDF 84,4 milliards par l’appui budgétaire.

Ainsi, à partir de fin avril, l’État ne recourt plus aux avances de la Banque Centrale et couvre son déficit exclusivement avec les produits des Bons du Trésor et de l’appui budgétaire. Il ne contribue plus ainsi à l’augmentation des moyens de paiement dans l’économie sans contrepartie en termes des biens et services. Elle présente cependant deux limitations :
La première est la composition très déséquilibrée et contreproductive de ses dépenses. Déséquilibrée du fait de la nette prédominance de la dépense de consommation à raison de 98,2% du total dont 72% pour les salaires ; contre-productive à raison de la partie congrue réservée aux investissements, à savoir, 1,8% du total des dépenses.

Augmenter substantiellement les investissements revient à supprimer les dépenses improductives pour libérer les ressources destinées au financement du développement et de la croissance. Ces dépenses improductives ont cette marque déposée de ne pas être couvertes par les procédures des passations de marchés (ateliers, forums, caravanes humanitaires, bal pour la paix et la réconciliation, sensibilisation tutti quanti…). Ces dépenses souvent surfacturées, en mode d’urgence et non affectées à l’objet indiqué dans la Loi des Finances (c’est un secret de Polichinelle).

La seconde est la faiblesse du niveau des recettes nécessitant l’augmentation du rendement du système de collecte des recettes par la mise en place d’une chaîne digitalisée, la généralisation de la surveillance électronique (tracking), la simplification du système fiscal par la suppression des taxes multiples et redondantes, la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales ainsi que la rationalisation de la politique en matière des exonérations et des compensations fiscales en statuant sur leur conformité à la Loi, à leur opportunité et à leur productivité.

PLEINS FEUX
SUR LA POLITIQUE DE CHANGE.

Ainsi, depuis fin avril, la politique budgétaire de l’État n’est plus la source d’écoulement monétaire dans l’économie. D’où provient alors l’excédent de liquidité observé dans l’économie?

L’évaluation de la politique monétaire est opérée au travers de deux approches : l’approche par les instruments et l’approche par les facteurs institutionnels de la liquidité. L’approche par les instruments porte sur le caractère réel du taux d’intérêt directeur d’où partent les principales impulsions de la politique monétaire. L’évolution du taux directeur réel, depuis le début de l’année en cours, peut être consultée au tableau 1 ci-haut.

En situation de récession combinée avec une inflation forte et une dépréciation rapide, la priorité consiste à lutter contre ces deux malaises. L’un des instruments pour ce faire est le taux d’intérêt réel auquel il faut conférer un caractère positif.

Dans l’histoire de notre pays, pendant toute la période d’hyperinflation et de récession allant de 1989 à 2001, la politique monétaire était inefficace en raison de la pratique des taux d’intérêts réels négatifs. L’adoption de la positivité des taux d’intérêts réels directeurs, à partir de 2002, a contribué largement à l’éradication de l’hyperinflation et de l’hyper-dépréciation monétaire, et, de ce fait, à la reprise de la croissance, comme indiqué aux tableaux ci-dessous.

En pratiquant des taux d’intérêt réels négatifs, la Banque Centrale tend à entretenir l’inflation et la dépréciation monétaire. Quant à l’approche par les facteurs institutionnels de la liquidité, elle porte sur le suivi des éléments ci-après : l’encours de refinancement des banques par l’Institut d’émission qu’est la Banque centrale du Congo, le niveau de la réserve obligatoire et l’encours des bons de la Banque centrale du Congo comme indiqué ci-contre (en CDF milliards, cfr., tableau n°2, évolution des facteurs institutionnels de la liquidité). La politique monétaire a contribué, à travers les facteurs «Refinancement et Bons BCC» à l’augmentation nette de la liquidité à raison de CDF 62,53 milliards. Le caractère réel négatif du taux d’intérêt est l’un des éléments déterminants de ces encours.

Par contre, la politique monétaire a exercé une ponction de CDF 102,63 milliards via la réserve obligatoire. L’impact de ce dernier facteur est à nuancer suite à la constitution de l’assiette à près de 87% sous forme des dépôts en devises.
Globalement, il s’observe un caractère ambigu de la politique monétaire procédant d’un problème de cohérence entre les facteurs institutionnels de la liquidité, les premiers revêtus d’un caractère expansif et le second à portée restrictive.
Dans la programmation monétaire convenue avec la mission du FMI, Fonds Monétaire International, les réserves officielles internationales devraient baisser de US$ 313 millions (équivalant au taux de CDF 1950 pour/1 US$) à CDF 610,3 milliards. De cette façon, la politique de change pouvait compenser l’augmentation du Crédit intérieur résultant notamment de l’utilisation de l’appui budgétaire.

Au 31 juillet 2020, les réserves internationales de la Banque Centrale du Congo n’ont baissé que de CDF 100,6 milliards contre une augmentation de CDF 324,7 milliards du Crédit intérieur. Il en résulte une capacité limitée de la politique de change à éponger, à travers les prélèvements sur les réserves de change, l’augmentation du Crédit intérieur induite de l’utilisation de l’appui budgétaire. Par ailleurs, les banques commerciales présentent au 31 juillet 2020 des excédents des créances en devises sur les engagements extérieurs de l’ordre de CDF 6.528,5 milliards, soit l’équivalent de US$ 3,3 milliards (position longue). Quant à la Banque Centrale, elle affiche des excédents des engagements extérieurs sur les avoirs en devises. D’où une position courte de CDF 172,7 millions.
Du coup, la Banque Centrale du Congo n’est pas normalement en capacité de répondre aux besoins nets en devises des banques dont l’essentiel des excédents en devises est placé. En outre, le suivi des rapatriements mensuel des devises est requis, et surtout de la partie à utiliser pour les transactions intérieures.

Criblage de la supervision bancaire. Cette politique est appréhendée à partir de l’évolution du poste «crédits litigieux» des banques commerciales. Il s’agit clairement des crédits octroyés mais non remboursés. Depuis le début de l’année en cours, ces crédits litigieux sont passés de CDF 805,7 à CDF 875,4 milliards, soit une augmentation de CDF 69,7 milliards. Cette évolution peut s’expliquer par la défaillance de plusieurs entreprises fermées à la suite des dommages collatéraux de la crise de Covid-19. Une situation qui met les entreprises dans l’incapacité de rembourser les crédits. Il se pose alors la question de la constitution par les banques commerciales des provisions ad hoc en vue d’éviter une création monétaire définitive.

Ciblage du déficit de trésorerie. Entre fin décembre 2019 et le 31 juillet 2020, le solde cumulé de trésorerie de la BCC est resté déficitaire, passant de CDF 350,8 milliards à CDF 374,8 milliards, soit un montant de CDF 24 milliards. Normalement, en situation de non recouvrement de certaines créances, l’ajustement oblige que la banque n’engage pas des dépenses au risque de couvrir son déficit quasi fiscal par le financement monétaire. En le faisant, elle crée de la monnaie, laquelle est une créance à vue de l’économie sur la Banque Centrale. La Banque Centrale, c’est comme l’orfèvre de la belle époque. Il remettait des récépissés aux commerçants contre l’or déposé auprès de lui, lequel représente une dette à court terme. Ce sont ces accusés de réception, inscrits au passif de son bilan, qui deviendront les billets de banque d’aujourd’hui. Il ne peut donc produire des récépissés sans contrepartie en or déposé.

Sinon, il s’endette vis-à-vis de lui-même ou crée de la monnaie pour son propre compte. Or, il ne peut détenir une créance sur lui-même. C’est pourquoi, il est interdit à la banque centrale d’avoir un déficit. Au cas contraire, ce déficit doit être couvert par les subventions de l’État. Sans cela, la Banque Centrale ne peut que se contenter de ses produits encaissés pour couvrir ses charges.

POLITIQUES
ALTERNATIVES ET PERSPECTIVES.

Il faut au pays et sans attendre concevoir et conduire des politiques alternatives ayant pour objectif affirmé la sortie de la récession dans un contexte de stabilisation du taux de change et des prix intérieurs. Diverses mesures sont à préconiser et les plus essentielles, selon plusieurs scientifiques et experts, peuvent être énumérées comme suit :
 poursuite d’une politique budgétaire axée sur le dispositif de gestion sur base Caisse excluant tout recours aux avances de la Banque Centrale et l’ajustement strict du plan d’engagement budgétaire au plan de trésorerie ;
 lancement de l’audit sur l’état liquidatif de la paie et sur toutes les étapes de collecte de la recette (de la constatation au recouvrement) ;
 observance stricte des règles de passation des marchés pour toutes les transactions en-deçà de l’équivalent de US$ 50.000 ;
 paiement par voie bancaire des frais de fonctionnement de tous les services publics ;
 définition d’un échéancier de règlement mensuel de la dette de l’Etat au titre de TVA non remboursable assortie à l’audit préalable de ce stock ;
audit des soldes débiteurs des contribuables et leur recouvrement progressif ;
 accélération des réformes structurelles visant l’amélioration du système de collecte des recettes notamment l’achèvement de la chaîne digitalisée des recettes, l’acquisition des caisses enregistreuses pour le suivi des opérations de la TVA ;
 signature des contrats de performance avec les responsables des régies financières assortis des sanctions positives et négatives ;
 lutte contre toute forme d’évasion et de fraude fiscales ;
 sensibilisation sur le civisme fiscal, etc;
 affectation de toutes les recettes supplémentaires provenant de la levée de la suspension de la TVA, de la rationalisation des exonérations et de la régulation des compensations fiscales au financement des investissements en veillant sur l’adéquation entre l’exécution physique et financière des projets ;
 étalement de la dépense sur des périodes relativement acceptables en vue d’éviter les pressions inhérentes à sa concentration excessive sur des courtes périodes ;
 affectation des espaces budgétaires qui seront dégagés à la suite des décaissements des appuis budgétaires de la Banque Mondiale et de la Banque Africaine de développement au financement des investissements urgents en vue de la transformation structurelle de l’économie congolaise ;
 application, par la Banque Centrale, dans le cadre de son budget de trésorerie, du dispositif de gestion sur la base Caisse à l’instar de l’État ;
 restructuration en profondeur de la Politique monétaire notamment par la pratique de taux d’intérêt réels positifs et l’élargissement des fourchettes d’appel d’offre des titres pour contrer l’inflation et la dépréciation monétaire ;
 contrôle par la BCC du respect des délais de rapatriement des devises et de l’utilisation de la partie réservée pour les transactions intérieures ;
 amélioration de la supervision bancaire par la Banque Centrale qui doit s’assurer de la constitution ad hoc par les banques commerciales des provisions en vue de la couverture des crédits litigieux.

(1) Le Crédit Net à l’État correspond à la différence entre, d’une part, les avances totales reçues par l’État de la Banque Centrale, et d’autre part, les dépôts de l’État ou l’accumulation de ses entrées nettes (recettes moins les dépenses). Il augmente si le niveau des avances croit plus vite ou est supérieur à celui des dépôts. Dans le cas inverse, il diminue.
Comme les avances à l’État sont nulles, depuis fin avril, l’évolution du Crédit Net à l’État est fonction uniquement de la variation de ses dépôts: en cas d’augmentation des recettes et des ressources d’appui budgétaire supérieure à celle des dépenses, les dépôts augmentent et le Crédit Net à l’État diminue. Dans le cas inverse, les dépôts baissent et le Crédit Net à l’État augmente. Dans la situation observée depuis fin avril, toute augmentation du Crédit Net à l’État résultant de la baisse des dépôts (consommation d’une partie de l’appui budgétaire ou des recettes), doit être compensée à due concurrence par des prélèvements opérés par la Banque Centrale sur ces réserves internationales sous forme des ventes directes ou indirectes des devises. Aux sept premiers mois de l’année, le Crédit Net à l’État augmenté de CDF 55,5 milliards. Le Crédit Net à l’état, hors déficit de trésorerie de la Banque Centrale, a augmenté de CDF 31,4 milliards. Or, les réserves, censées compenser cette augmentation par une baisse correspondante, sont baissé de CDF 100,6 milliards.
T. MATOTU.
Avec la collaboration
d’Experts avérés.


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