- ven, 31/08/2012 - 11:21
Les R-dCongolais plus unis et plus solidaires que jamais se sont portés lourdement au siège des Nations Unies où se joue le sort du pays. Assurément ce fut une rébellion de trop.
Le M23 fut une rébellion de trop. Jamais elle n’aurait dû naître un jour. Ils s’imaginaient qu’ils pouvaient ainsi jouer et continuer à jouer impunément et que l’ex-Zaïre se désintégrerait comme par le passé tel un château de cartes. A vrai dire, les rebelles d’aujourd’hui avaient perdu tout sens de l’histoire. Ils voulaient tous imiter le coup de feu de l’Afdl, la rébellion qui parvînt à chasser Mobutu. Ils oubliaient que cette Afdl s’était basée sur un soutien populaire justifié par l’énorme rejet d’un pouvoir totalitaire décadent. Mais quand ses souteneurs tentèrent de s’approprier les fruits de cette rébellion..., on connaît la suite.
LE SOFT INTERNATION N°1185 DU 31 AOUT 2012
«M23, vie en sursis». Ce fut le titre en couverture de l’édition du Soft International n° 1173 daté jeudi 21 juin 2012.
On pouvait lire l’éclairage ci-après:
«En dépit de tout, en dépit de tout... De part et d’autre, les manifestations d’amitié quoique rares ou rarissimes n’avaient jamais en réalité fait défaut!»
«Certes, il y a eu l’Afdl et la grande rupture qui conduisit au RCD, aux multiples et multiformes RCD, à toutes les rébellions, à l’UPC, à Thomas Lubanga, à Jules Mutebusti, à Matthieu Ngondjolu, au CNDP Laurent Nkunda, au CNDP Jean-Bosco Ntaganda, aux Maï-Maï pro, anti - et qui ne connaît cette juste théorie militaire selon laquelle il n’y a point de rébellion qui survive sans base arrière...»
«Du coup, on ne pouvait qu’y voir quelque main noire cachée. Et, les preuves ne manquent pas...»
«Kinshasa a récemment résolu de les brandir, après plusieurs autres sources qui ne manquent pas de crédit...»
«Mais entre le Rwanda et notre pays, on a fini depuis longtemps par comprendre qu’aucun ne pouvait déplacer l’autre de là où Dieu l’avait placé.
Kinshasa a ainsi dépêché à Kigali l’un de ses meilleurs fils, l’ambassadeur Norbert Nkulu Kilombo Mitumba, qui y a érigé sa case.
Un homme clé, cet homme de droit, si proche du président de la République Joseph Kabila Kabange».
«Celui qui vous envoie l’homme qui lui tient à cœur est un homme qui vous tient à cœur...»
«Les observateurs avaient ainsi compris la mission en début de semaine dans la Capitale de la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mishikiwabo. Certes. Mais alors que celle-ci achevait mardi une visite de deux jours chez nous qualifiée de «conciliante» et où - à l’en croire, «on s’est dit beaucoup de choses», en clair, une rencontre de vérité et où aucun mot n’aurait été mâché, cela n’est possible qu’entre amis, entre frères - à Kigali, le président Paul Kagame réunissait une conférence de presse qui, selon ce qu’en rapporte Rfi captée mercredi soir à Kinshasa, le président ravivait une tension que sa ministre avait pourtant à cœur d’apaiser dans la Capitale, répétant, «ferme, avec colère ou ironie, à l’envi, sur tous les tons: «Le Rwanda n’est pas la cause des problèmes du Congo», qui «existaient avant que» le président rwandais «ne soit né»».
Puis: «Si vous ne voulez pas de nous pour faire partie de la solution, alors oubliez-nous».
Expliquant que «les problèmes congolais doivent être gérés par les Congolais et qu’il n’est pas responsable des Congolais rwandophones qui vivent au Congo».
Que les problèmes du Rwanda ce sont les FDLR. Qu’il avait réservé une fin de non-recevoir à «la soi-disant communauté internationale» venue demander son «consentement pour arrêter Jean-Bosco Ntaganda, leur expliquant: «Si vous voulez l’arrêter, faites-le, allez le chercher, je n’ai rien à voir avec lui».
Traitant la Monusco d’«onéreuse et d’inutile».
Puis, le Soft International de poursuivre:
Qu’est-ce qui s’est donc passé soudain? Quelle analyse faire face à une diplomatie de la carotte et du bâton que manie si bien Kigali?
Puis: «Tout compte fait, les jours des rébellions des Kivu ne sont-ils pas comptés malgré tout et... grâce à cette clameur des Occidentaux qui paraissent désormais prompts à réagir?...».
TOUS A NEW YORK CITY!
Il y a vraiment un temps pour tout.
Il fut en effet un temps où, dans ce pays, la rébellion avait semblé séduire quelques-uns de nos compatriotes. Ce fut le temps du ras-le-bol contre le régime de la IIème République, de la vraie fausse démocratisation issue de la Conférence Nationale Souveraine. Mais aussi celui où, après l’effondrement de la révolution de l’Afdl, le RCD-Goma avait poussé aussi loin qu’il pouvait le discours et l’art de la revendication démocratique, au nom de la bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme. Au point d’attirer l’attention et la sympathie du plus grand parti de l’opposition politique d’alors, l’Udps d’Etienne Tshisekedi wa Mulumba qui l’a payé cher.
Beaucoup de Rd Congolais, à tort ou à raison, n’ont jamais pardonné à celle qui passe toujours pour la fille aînée de l’opposition congolaise d’avoir donné l’impression de copiner non seulement avec un mouvement rebelle soutenu par le Rwanda, mais aussi et surtout - péché mortel - avec le régime de Kigali lui-même.
Ce fut aussi le temps où le MLC du Chairman Jean-Pierre Bemba Gombo, alors soutenu par l’Ouganda de Yoweri Kaguta Museveni, rêvait de se frayer un boulevard jusque dans la capitale, où l’Alliba, la fameuse Alliance des Bangala de l’inusable Omer Egbake pouvait encore faire illusion sur sa capacité à recréer le Mobutisme.
LA REBELLION DE TROP.
Le RCD avait pu conquérir près du tiers du territoire national, pointant même son nez au centre du pays, précisément à Lusambo, en plein pays luba-kasaï. Le MlC, par contre, n’avait jamais su aller au-delà des berges de l’Oubangui, dessinant sa zone d’influence autour de la zone ethnique ngbaka-ngbandi, le dos - ou le regard? - tourné vers cette Centrafrique qui deviendra le cimetière des rêves de son leader.
Près de 5 millions de morts et un dialogue intercongolais porté à bout de bras par la communauté internationale, des viols massifs et des pillages qui se poursuivent encore, érigés en crimes de guerre et en crimes contre l’humanité par le rapport Mapping des Nations Unies; deux échéances électorales et deux mandatures plus tard, très sérieusement, on pouvait se demander ce que Laurent Nkunda pouvait encore proposer aux Congolais lorsque, après son compère Mutebusi qui fit le coup de feu à Bukavu en 2005, il créa avec Bosco Ntaganda et d’autres officiers le Congrès national pour la défense du peuple aujourd’hui mort de sa belle mort après le retrait forcé de son chairman au lendemain des accords du 23 mars 2009. Le CNDP avait cru faire illusion un moment en reprenant à son compte la sémantique de la défense des acquis du dialogue intercongolais et de la lutte contre les forces négatives, les Fdlr en tête, pour mieux s’attirer le soutien déjà acquis de Kigali, avant de retomber dans le travers idéologique de la protection des minorités (sic).
On pouvait, enfin, s’interroger sur les tenants et les aboutissants d’une énième rébellion, celle du M.23, encore et toujours soutenue par le Rwanda.
La guerre de trop, en somme. Celle qui a vu une incroyable bronca, au sein de la communauté internationale, se lever contre le Rwanda, de plus en plus isolé et, fait inédit, désormais frappé par des mesures de suspension des aides par ses plus ardents et fidèles soutiens. L’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, la Grande Bretagne, pour ne citer que ces derniers, ont dit et répété à quel point ils étaient déçus par celui qui était encore hier, à leurs yeux, le parangon de la vertu et de la bonne gouvernance, afficher son visage le plus hideux, celui du plus grand commun déstabilisateur de la région des grands lacs. Même à Washington, le ton avait brusquement changé. Non seulement le Département d’Etat a annoncé la suspension de l’aide à une académie militaire rwandaise, plusieurs membres du Congrès, démocrates et républicains, ont également écrit au Chef de l’Etat rwandais pour lui dire à quel point, à leurs yeux, tout ce que son pays a engrangé ces dernières années en termes de stabilité, il le doit à la déstabilisation et au pillage systématique de son voisin. Mais cette guerre est aussi celle qui a vu la diplomatie congolaise se déployer comme jamais auparavant, rapport des experts des Nations Unies en mains, expliquant dans tous les forums et rencontres internationaux comment le Rwanda avait recruté des éléments et fourni du matériel de guerre au M.23. Celle qui a vu, pour la première fois dans ce pays, un Premier Ministre monter personnellement en première ligne pour apporter son soutien aux hommes de troupes sur le théâtre des opérations, à Rutshuru comme à Bunagana, mais aussi dans les médias, pour mettre l’agresseur publiquement en accusation. Celle, enfin, qui a vu les Congolais, toutes tendances confondues, se lever comme un seul homme pour condamner l’activisme rwandais et dénoncer le complot de la balkanisation de leur pays au nom de l’idéologie de l’hégémonie et pour le bénéfice de la maffia politico-militariste opérant dans l’Est de la RDC.
C’est Matata Ponyo en personne qui explique que ce que le voisin oriental de la RDC ne veut pas, c’est que notre pays gagne en stabilité et en ordre, mette fin aux pillages et réalise son objectif d’atteindre le statut de pays à revenu intermédiaire d’ici 2016 avant d’ambitionner celui de pays émergent. Pourtant, le Premier Ministre congolais est le premier, déjà, à émettre une hypothèse aussi audacieuse que courageuse. «C’est parfois en période de guerre, explique-t-il à la journaliste belge Colette Braeckman, qu’ont été créées les meilleures armées. Je suis un économiste mais je saurai aussi affûter les armes pour créer une armée dissuasive… Nous allons mettre de l’argent dans la professionnalisation de l’armée congolaise».
C’est, enfin, lui, Matata Ponyo, qui lance la pique la plus incisive contre l’encombrant voisin et son leader: «J’ai la conviction que le vice-premier ministre belge, qui a géré les finances de son pays durant dix ans, a compris que la gouvernance est un concept global, qu’on ne peut parler de réussite économique si ce succès est obtenu en pillant le voisin.
DES VOLS PAR VAGUES VERS NYC.
Il sait qu’on ne peut pas faire de la bonne gouvernance en tirant profit des ressources de son voisin. Il ne s’agit pas là de gouvernance, fondée sur des valeurs éthiques, mais de tricherie».
On peut tout dire, n’eussent été les massacres, les pillages et les déplacements des populations qui endeuillent l’Est de la RDC, que du bonheur de voir un pays aussi uni, aussi soudé derrière son gouvernement et scandant sa volonté d’en finir une fois pour toutes avec le Congo-pessimisme.
Le monde, étonné, assiste désormais à ce qu’il faut bien appeler la résurrection du géant dans une véritable union sacrée autour de ce que chacun de nos compatriotes considère comme une valeur inaliénable.
Lundi 1er août, ce sont les chrétiens catholiques, qu’on ne peut pourtant taxer de complaisance à l’égard du pouvoir de Kinshasa, qui se sont déversés dans la rue par milliers, battant le pavé et criant leur ras-le-bol contre les guerres à répétition et le complot de la balkanisation.
Le tintamarre avait dû être entendu à Kigali. De mémoire de Congolais, on n’avait jamais vu une telle mobilisation, sauf, peut-être, un certain 16 février 1996, lorsqu’à l’appel du CALCC, ils avaient envahi les artères des grandes villes du pays pour exiger la réouverture de la Conférence Nationale Souveraine alors fermée «avec force» par le Premier Ministre Jean Nguz a Karl-I-Bond.
Mais il ne suffisait pas seulement de crier et de chanter. Encore fallait-il être entendu. Les confessions religieuses, toutes tendances confondues et au-delà des considérations politiques, ont décidé d’amplifier ce mouvement de protestation et de solidarité nationale en initiant une pétition à porter en mains propres, par leurs leaders, à tous les grands de ce monde, en commençant par le Conseil de sécurité des Nations Unies, avant de déferler sur l’ensemble de la communauté internationale en vagues successives. Voilà pourquoi, samedi 25 août, ce sont les représentants des communautés religieuses qui s’étaient donné rendez-vous à la Cathédrale du Centenaire, d’abord pour une prière en faveur de la paix dans l’Est de la RDC. Ensuite, pour annoncer à tout le peuple de Dieu qui est en RDC la démarche qui allait porter les leaders religieux à New York puis dans les principales capitales de la communauté internationale afin d’y apporter le message du Congo profond contre les rébellions successives, les pillages à répétition et la balkanisation. Plus de dix millions de signatures, au total, ont été portées sur la pétition qui a circulé sur l’ensemble du pays. Dès lundi 27 août, des vols partaient de Kinshasa par vagues. Destination: New York City. Là où se décide le sort du monde, où l’on parle de paix et de sécurité à l’échelle de la planète.
La guerre de trop de Kagame a ainsi pris une ampleur que ce dernier était loin de soupçonner. Isolé, il risque désormais d’en payer le prix le plus fort. A son corps défendant.
BAPA BANGA
LEGENDE :
Les Chrétiens marchant dans la Capitale contre la balkanisation de la R-dCongo. LE SOFT NUMERIQUE.