- lun, 04/08/2025 - 09:09
(Prendre les deux PHOTOs du dessus PAGE 5, Edition 1641).
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International | N°1642 | JEUDI 31 JUILLET 2025 |
Hier l'un des cadres les plus honnis de l’Udps, Jacquemain Shabani Lukoo Bihango fut co-directeur de campagne de la présidentielle du 20 novembre 2023 pour le candidat n°20 Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Originaire de la province du Nord-Kivu, il est Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières dans l’équipe gouvernementale de Judith Suminwa Tuluka constituée au lendemain de la victoire. Il est le deuxième personnage du Gouvernement de la République.
JAMAIS AUSSI PRIS EN COMPTE.
Acacia Bandubola Mbongo fut l'autre co-directeure de cette campagne présidentielle pour le candidat n°20. Après avoir perdu un temps son poste à l'Économie nationale, elle est ministre d’État en charge des Affaires foncières sous Judith Suminwa Tuluka.
André Wameso Nkualoloki alias Lolo fut un autre personnage clé de l'équipe de campagne présidentielle pour le candidat n°20 composée de soixante-quatre personnes dont onze femmes. Longtemps Directeur de cabinet Adjoint au bureau du Président de la République en charge des questions économiques et financières, le 23 juillet 2025, l'ancien banquier connu pour être un technocrate aguerri, expert en macroéconomie et gestion publique, est propulsé, par une ordonnance présidentielle lue sur la télévision nationale Rtnc, Gouverneur de la Banque Centrale où il va jouer un rôle clé dans la régulation et la stabilisation de la monnaie nationale, le CDF, face aux devises étrangères en accompagnant autant que possible une vision, celle du Gouvernement de la République.
Un autre personnage qui figurait sur la liste de membres de l'équipe de cette campagne est Daniel Mukoko Samba. Il est Vice-premier ministre en charge de l’Économie nationale et président de la Commission économico-financière de l'équipe gouvernementale Judith Suminwa Tuluka. Daniel Mukoko Samba à l’Économie nationale, André Wameso Nkualoloki à la tête de la Banque Centrale du pays, tous deux originaires de la province du Kongo Central, comme la cheffe du gouvernement Judith Suminwa Tuluka. À ce jour, jamais l'espace Kongo Central n’avait été aussi pris en compte par un pouvoir à Kinshasa. Jamais, il n'avait été aussi loin dans la gestion des postes stratégiques de l'État. Outre la Primature, l’Économie nationale et la Banque Centrale, le Kongo Central occupe d’autres postes importants dans la capitale. Le cas du Conseil économique et social dont la présidence est confiée à Jean-Pierre Kiwakana Kimayala, celui du Parquet général près la Cour de cassation avec le Procureur général, Firmin Mvonde Mambu.
Ajouter à cela un ministre de l’Urbanisme et Habitat Crispin Mbadu Phanzu, un autre des Sports, Didier Budimbu Ntubuanga, un ancien ministre des Affaires étrangères sous Kabila de juin 2003 à juillet 2004, Antoine Ghonda Mangalibi, l'actuel ambassadeur itinérant de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, et, last but not least, un homme d'affaires puissant, présent dans divers secteurs, transport, commerce, hôtellerie, exploitation minière, cité comme exemple de réussite entrepreneuriale dans le pays, Jean Lengo-Dia-Ndinga (Ledya du nom de son holding, le Groupe Ledya), reconnu par le magazine américain Forbes Africa comme le Meilleur Entrepreneur Modèle de l'Année. Aurait-il atteint ce toit sans l’accompagnement du pouvoir à Kinshasa?
KONGO CENTRAL UNITÉ D'ABORD.
Hier Bas-Congo puis Bas-Zaïre, le Kongo Central est compté parmi les provinces qui ont le plus mobilisé et le plus massivement voté pour le candidat n°20 Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et, l'on constate que cet espace géopolitique de l'Ouest en tire désormais à juste titre les dividendes en pesant lourdement sur l’échiquier politique national.
Qu'en dire ? Accusé souvent d'oublier les siens, qualifié par certains d'ingrat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est tout le contraire. Le président de la République n'oublie ni les bienfaits (services rendus), ni les talents (compétences) de ceux qui, hier, ont été à ses côtés, lui sont restés fidèles et loyaux. Autre détail dans cette province? Comme dans d'autres provinces, le Kongo Central n'est pas exempt de problèmes, de querelles internes, telle celle qui opposa Matusila et Vuemba, opposent ses trois districts, les Cataractes, la Lukaya, le Bas-Fleuve, pays Yombe que l'Atlantique irrigue, qui fut le premier espace du pays à voir débarquer l'homme blanc (la civilisation), qui donna au pays le premier président (Joseph Kasavubu) et le pays Yombe qui continue à porter à la tête de la province ses fils comme gouverneurs (César Tsasa-di-Ntumba, Jacques Mbadu Nsitu, Mbatshi Batshia, Deo Nkusu Kunzi Bikawa, etc.) et qui barrerait la route à ceux d'ailleurs?
Ce qui arriva au gouverneur des Cataractes Atou Matubuana Nkuluki. Mais pays Yombe en revanche est souvent absent à l'échelle nationale dominée par des ressortissants de la Lukaya avec son nombre de grands leaders nationaux. Hier Diomi, Dokolo, Ndombasi, Nzolantima, Kisombe, Mpanumpanu, Kisolokele, Kimbangu, etc. Aujourd'hui, ce sont les Suminwa, Kiwakana, Mukoko Samba, Mvonde, Budimbu, etc.
Reste que face à des enjeux existentiels, l'ex-Bas-Zaïre a toujours fait prévaloir l'unité quand d'autres provinces se sont morcelées en quatre voire cinq provinces. Un espace dont l’élite a une vision, recherche le bien général, sait avancer et mieux avancer.
Cas aussi du Grand Équateur dans le même Ouest quand l'espace Grand Bandundu (le Kwilu) se lance, se tord la hanche, se perd des années durant dans du théâtre à la Watanabe, à l'Ipupa, tente plus tard de rétropédaler, sans convaincre. Dégâts immenses. Le Kwilu est géré ailleurs. Par d’autres. L’heure a sonné.
D. DADEI.
Où est passé Matata Ponyo ?
(PHOTO PAGE 3, Edition 1641).
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International | N°1642 | JEUDI 31 JUILLET 2025 |
Augustin Matata Ponyo Mapon, où est-il donc? Où est passé l'ancien puissant premier ministre de Kabila, qui fut aussi hyper argentier national au titre de ministre des Finances sous Adolphe Muzitu?
Ni la police, ni la migration, ni la justice, ni les médias, ni, ni, personne ne dit mot. Quant à la population, elle a déjà rendu son verdict.
Condamné le 20 mai 2025, voici deux mois, à dix ans de travaux forcés et à l'inéligibilité, l'homme qui fut député national après avoir en dépit de toutes les casseroles qu'il traînait, réussi à remplir son mandat plein et entier de sénateur, se serait volatilisé dans la nature.
Ni sa famille biologique, ni sa famille politique (son parti LGD, Leadership et Gouvernance pour le Développement principalement), ni sa coalition d'opposition, ni ses avocats...
Tous motus et bouche cousue. Les griefs à la base de sa condamnation sont pourtant effrayants : détournement de deniers publics.
Un peu plus de 240 millions de $US détournés dans le projet pharaonique du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo situé dans l'espace Grand Bandundu quand d’autres dossiers documentés qu'il traîne peinent à être ouverts par la justice. Comment expliquer ce silence unanime assourdissant ? Et le ministère de la Justice n'en sait-il rien, n'en dit-il rien ? Quelle posture aurait demain un dirigeant congolais face aux médias si lors d'un déplacement, à l'étranger par exemple, il était interrogé sur le sujet?
EXFILTRÉ ?
Il est vrai que la question se situe au niveau de la Cour constitutionnelle, pourtant la plus haute cour du pays, qui avait jugé le prévenu Augustin Matata Ponyo Mapon et rendu publiquement un arrêt en dernier ressort. N'avait-elle pas pris toutes les dispositions en la matière en vue de s'assurer de l'exécution sans faille de son arrêt ?
Le fait que le condamné ait disparu dans la nature, n'est-ce pas un crime commis? Certes la question ne relève pas administrativement de la Cour mais du parquet, le Parquet général près la Cour constitutionnelle.
Mais au-delà de ça, qu'en dit le Conseil supérieur de la Magistrature, CSM, présidé par le plus haut juge du pays, Dieudonné Kamuleta Badibanga qui précisément avait donné lecture le 20 mai de l'arrêt de la plus haute cour du pays et qu'en pense son porte-parole qui en est le secrétaire permanent ?
Le pouvoir judiciaire congolais n'est-il pas gêné par cet imbroglio après tout le bruit qui avait été fait tout autour de cette affaire de Bukanga Lonzo?
De ce dossier qui avait eu plusieurs rebondissements, des aller-retour entre des juridictions, et, last but not least, l'odeur de corruption dans un précédent arrêt rendu par la même cour lu par le prédécesseur du haut juge actuel Kamuleta, à savoir, Dieudonné Kaluba Dibwa, qui avait payé cash son forfait, et qui vit aujourd'hui en exil à l'étranger, on en est à s'interroger sur la justice congolaise, à savoir, plus précisément, son sérieux voire son indépendance face à des puissantes personnalités capables de mettre en œuvre des moyens colossaux en plusieurs millions de $US pour s'extraire des cordes - si elles existent - des services de la justice.
Il faut noter que si à la dernière audience à la Cour constitutionnelle, Matata Ponyo était encore absent mais visible dans les rues de Kinshasa et dans les allées de l'Assemblée nationale où il s'est rendu sans prendre une minute sur un strapontin mais avait mobilisé un groupe de députés pour plaider sa cause sur la forme - celle-ci fut son unique moyen de défense mille fois répété par son team d'avocats, s'abstenant incroyablement à évoquer le fond du dossier - on se demande pourquoi la justice ne l'avait pas frappé d'interdiction de s'éloigner de son lieu de résidence ou, à tout le moins, de son quartier dans une ville où les frontières ont la réputation d'être trop poreuses. Mille sources annoncent, de manière documentée, la présence à l'étranger, en Europe en l'occurrence, précisément à Liège en Belgique, du condamné sans toutefois brandir des preuves précises. De là l'assurance de sa famille biologique comme politique de l'ancien premier ministre?
Reste que le silence des services judiciaires et du Conseil supérieur de la Magistrature conduit malheureusement à ôter toute considération à la justice, ce qui a un impact sur la réputation de l'État congolais.
Deux autres condamnés dans Bukanga Lonzo : l'homme d'affaires sud-africain Christo Grobler qui a pris la poudre d'escampette et l'ancien gouverneur de la Banque centrale du Congo Deogratias Mutombo Mwana Nyembo, celui-ci ne s'était d'ailleurs jamais présenté une seule fois devant la cour.
Tous les deux condamnés à 5 ans des travaux forcés, d'expulsion définitive du territoire national après avoir purgé sa peine pour le premier, d'inéligibilité pour le deuxième après sa peine. Et aucun des deux n'est visible. La justice s'en trouve-t-elle grandie? Alors que plusieurs dossiers sont désormais devant diverses juridictions, à l'État semble-t-il l'urgence de redresser la barre.