Le mouvement Les Justes du Congo voit officiellement le jour en France
  • ven, 30/05/2025 - 08:51

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1637 | LUNDI 26 MAI 2025.

En mars dernier, en plein mois de la femme avec sa date mythique du 8 mars célébrée dans nombre de pays dans le monde depuis son officialisation en 1977, trois Sénatrices congolaises, Vicky Katumwa Mukalayi, Madeleine Nikomba Sabangu, Arlette Bahati Tito, ont fait le déplacement de l'Hexagone, avec mission d'ouvrir des portes, de parler avec les autorités françaises, les parlementaires, les membres du Gouvernement, de mobiliser la société civile sur la/les guerre(s) d'agression que mène le Rwanda, pays voisin du Congo, contre son voisin, le Congo.

Vicky Katumwa Mukalay élue de la province du Tanganyka, dans le Grand Katanga mais aussi présidente du Conseil d'Administration du FPI, Fonds de Promotion de l’Industrie, une entreprise publique, Arlette Bahati Tito élue de la ville-province de Kinshasa, originaire du Sud-Kivu dont le chef-lieu Bukavu et des localités sont occupés, Madeleine Nikomba Sabangu élue de la Tshopo, sénatrice de la Tshopo, dans la Grande Orientale du 15 mars 2019 au 6 août 2022, gouverneure de cette province du 22 août 2022 à avril 2024. Trois femmes «de premier plan».

«La France ne dit pas un seul mot de la guerre d'agression menée par le Rwanda contre la République Démocratique du Congo. La France ne prend pas position. La France reste muette. Trop silencieuse. La France ne peut pas se taire. Ce silence nous met mal à l'aise. Nous, République Démocratique du Congo, un grand pays francophone au cœur de l'Afrique (...). Nous sommes venus en France expliquer à la société civile française, interpeller le Gouvernement français, déconstruire l'histoire », avait déclaré Vicky Katumwa Mukalay en mars sur un média français. Les trois Sénatrices, initiatrices d'un mouvement Les Justes du Congo (lesjustesducongo.org).

Quand «les États-Unis d’Amérique prennent position, se prononcent, demandent au Rwanda qu'il arrête les massacres qu'il commet en République Démocratique du Congo, appellent au retrait de ses troupes du sol congolais, la France ne dit rien. La France doit se prononcer», avait surenchéri Arlette Bahati Tito sur le même média français.

RETOUR EN FRANCE.
Puis : «Le Rwanda est un bourreau parce que le Rwanda est sur notre territoire. C'est le Rwanda qui se bat contre l'armée de la République Démocratique du Congo. Ce n'est pas le M23 parce que cette milice n'est qu'un supplétif, comme on dit, cette milice est entraînée par les militaires rwandais qui mettent à l'avant-plan les marionnettes congolaises qui se battent et tuent leurs frères et sœurs. Les femmes sont tuées, Madame. Toutes les trois minutes, les femmes tombent. Toutes les trois minutes, les femmes sont violées (...)».

Vicky Katumwa Mukalay, Arlette Bahati Tito, Madeleine Nikomba Sabangu sont revenues en France deux mois plus tard et ont lancé, le 7 mai 2025, à Paris, au restaurant La Démocratie, leur mouvement. Étaient là l'Ambassadeur congolais en France, Émile Ngoi Kassongo, des personnalités politiques, diplomatiques, associatives et médiatiques dont Mme Louisa Mezreb, experte en innovation sociale, Directrice Générale du groupe Facem, désignée chargée de mission en France.
Un «événement, placé sous le signe de la vérité, de la justice et de la mémoire, (qui) marque une étape décisive dans la mobilisation contre la guerre oubliée qui ravage l’Est du Congo depuis plus de vingt-cinq ans», écrit le communiqué de presse des Justes du Congo. Ce fut «un cri d’alerte pour une guerre sans son, sans image».

L'Ambassadeur congolais a présenté l'événement comme « un tournant nécessaire face au silence international qui entoure les crimes perpétrés en République Démocratique du Congo». Exhortant la France et l'Europe à sortir de leur silence et à condamner fermement ces atrocités.
Dans une intervention poignante, Vicky Katumwa Mukalayi a interpellé le public sur la gravité de la situation au Congo. Elle a dénoncé le silence «qui entoure un conflit ayant déjà coûté la vie à plusieurs millions de personnes».

Elle a appelé «à briser ce silence, à déconstruire les récits falsifiés et à faire éclater la vérité sur la guerre qui ravage l’Est du Congo».

Arlette Bahati Tito et Madeleine Nikomba Sabangu ont réitéré cet appel, exhortant la société civile française «à se mobiliser pour la vérité, la justice et la paix». Des témoignages ont rappelé l’urgence d’arrêter les massacres, d’écouter la voix des populations sans défense, et de révéler au monde les atrocités subies pour provoquer une prise de conscience globale.
Le lancement des Justes au Congo a été une occasion de condamnation unanimement «des violences, des déplacements forcés, des viols massifs et du pillage des ressources naturelles orchestrés, notamment par des milices soutenues par des puissances étrangères».

« Nous avons créé le Comité des Justes du Congo pour fédérer en RDC et en France toutes les bonnes volontés prêtes à agir», explique Louisa Mezreb. Sur le nom du comité, elle précise : «Les Justes, dans l’histoire, sont celles et ceux qui, par courage et par conviction, se dressent contre l’injustice, l’oppression ou la violence - même lorsqu’ils ne sont pas directement concernés. À l’image des Justes parmi les nations, notre comité incarne une résistance morale face à l’oubli, à la manipulation et à la barbarie».

BRISER LE SILENCE.
Citant Albert Camus (Les Justes), la Chargée de mission en France rappelle que ces engagements doivent se faire dans le respect des lois humaines et de la justice.

Le comité des Justes du Congo veut faire entendre la voix des victimes oubliées de la guerre au Congo, dénoncer l’indifférence de la communauté internationale, informer le public sur les réalités souvent occultées du conflit. Il veut rassembler une communauté engagée en attirant de nouveaux adhérents, en amplifiant les messages portés par le comité et en soutenant activement ses actions sur le terrain. «Nous faisons face à une guerre sans son, sans image. Les massacres sont perpétrés dans un silence total. L’opinion publique doit entendre la voix de ces enfants éventrés, de ces femmes brûlées vives ou enterrées vivantes », précise la Chargée de mission en France.

Vicky Katumwa Mukalay, Arlette Bahati Tito, Madeleine Nikomba Sabangu sont convaincues. Il y a «une dynamique internationale qui est en marche». Un moment «qui marque le début d’un mouvement international pour la vérité, la mémoire et la justice, porté par des femmes et des hommes déterminés à faire entendre la voix des victimes de la guerre oubliée du Congo. Briser le silence. Dire la vérité. Exiger la justice».


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