- ven, 02/10/2020 - 21:32
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1501|VENDREDI 2 OCTOBRE 2020.
A la suite d’une adresse du Chef de l’Etat à l’ONU par visioconférence notamment sur la présence des groupes armés dans l’Est du pays, des députés membres de la commission Défense & Sécurité de l’Assemblée nationale, toutes obédiences confondues, exigent du PM Sylvestre Ilunga, un budget conséquent pour les forces de sécurité.
Certains demandent au Président de la République de solliciter au Conseil de sécurité des Nations
Unies, non seulement la fin de la mission de la MONUSCO, vingt ans après une prestation unanimement critiquée mais surtout la réaffectation du budget annuel de cette mission onusiennes, soit le fameux milliard de dollars US à l’assistance au renforcement des capacités des FARDC, les Forces armées Congo.
Dans sa résolution S/5784, le Conseil de sécurité a recommandé la dissolution des forces défenses congolaises et la création d’une nouvelle armée avec l’assistance des Nations unies. Date de 29 juin 1964, du temps de l’ONUC, cette résolution demeure d’actualité, selon des observateurs.
Sauf que lors d’un séminaire d’orientation budgétaire sur le budget 2021 présidé par le VPM en charge du Budget, Me Baudouin Mayo Mambeke, co-animé par le Dircab du ministre des Finances, le professeur Vincent Ngonga Nzinga, les experts des FARDC ont sollicité de l’Etat un budget de défense de 3 milliards de dollars US/l’an. D’ores et déjà, pour l’exercice 2021, ces experts recommandent la prise en charge, au budget général, de nouvelles structures issues de la réforme de l’armée, notamment le CHESD, le Collège de hautes études stratégiques de la Défense et le PPN, le Corps de protection des parcs nationaux. Mais la première mouture de la loi des Finances publiques 2021 préparée par le Budget porte sur 8,7 milliards de dollars US.
DES ARMES
MADE IN DRC.
Suite à la crise de la covid-19, nombre d’actions stratégiques envisagées par le commandant suprême des FARDC n’auraient pu être financées et devraient être reprogrammées pour 2021.
Le Chef de l’Etat envisageait par exemple courant 2020, «revisiter le plan de réforme des forces armées et le projet de loi de programmation militaire afin de les adapter à la géostratégie du moment et en sortir un nouveau plan de référence.
Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombe veut mettre sur pied une politique de défense et de sécurité s’appuyant sur six fonctions stratégiques, à savoir, connaître, prévenir, anticiper, dissuader, protéger et intervenir. En pratique, il veut réhabiliter et reconstruire les infrastructures militaires nécessaires mais surtout équiper matériellement les éléments des Forces armées et de la Police Nationale. C’est loin d’être un chapelet de bonnes intentions mais du concret…en gestation dès lors qu’en l’espèce, le budget existe.
Près de 90 milliards de nos francs (autour de 55 millions de dollars US) pour les infrastructures et plus de 17 milliards (plus de 10 millions de dollars US) pour les équipements quand des études stratégiques qui poussent pour la montée en puissance des FARDC, tablent sur plus de 590 milliards de FC. Dans le domaine stratégique, «un tiens vaut mieux que deux tu l’auras»… de surcroît attendus d’un partenaire qui pourrait se limiter à des annonces. Combien de fois, dans l’Est, à quelques heures d’une opération de grande envergure, la chaîne de commandement de l’armée n’a-t-elle pas été désagréablement surprise par la Monusco, «New-York n’ayant pas donné un avis favorable».
Les FARDC ont longtemps été humiliées par la fameuse « communauté internationale» qui les a frappées d’embargo sur les armes tel un groupe armé. Après 60 ans d’indépendance, le pays serait en passe de se doter d’une industrie militaire. Pour 2020, un «petit» budget initial a déjà été voté. La volonté y est donc. Sur le continent et dans la sous-région des Grands lacs, le Congo n’est pas le premier à se doter d’une industrie militaire. Le pays est plutôt en retard. L’Ouganda dispose d’usines de production des munitions et de montage des fusils d’assaut. Le Zimbabwe aussi tout comme l’Egypte. L’Afrique du Sud fabrique des chars des combats et en a livré à la Syrie de Bashar Al Assad.
La montée en puissance des FARDC a toujours préoccupé les différents présidents que le pays a connus depuis que ses limites orientales, de l’ex-Shaba (Katanga) à l’Ituri en passant par des escarpements du Kivu, sont en proie à l’instabilité et à des «menées subversives». En 2014, l’alors Président, Joseph Kabila avait dû renvoyer la loi des Finances au Parlement pour modicité du budget affecté à la Défense. Son prédécesseur de père, Laurent Désiré Kabila, avait publiquement encouragé un jeune r-dcongolais à performer ses connaissances sur la fabrication des armes.
Mobutu soutenait que «la situation géopolitique de notre pays au cœur de l’Afrique, dans une région fragile, à l’équilibre instable, nous contraint de disposer d’une armée qui soit à la mesure du destin de notre pays».
Tshisekedi Fils s’y applique. Petit bémol : la crise du Covid-19 et ses effets dévastateurs sur l’économie et les finances pourraient retarder le projet.
POLD LEVI MAWEJA.